Catégorie : Philosophie
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Merleau-Ponty
" Le français, ce n'est pas le mot de soleil, plus le mot d'ombre, plus le mot de terre, plus un nombre indéfini d'autres mots et de formes, chacun doué de son sens propre – c'est la configuration que dessinent tous ces mots et toutes ces formes selon leurs règles d'emploi langagier et qui apparaîtrait d'une manière éclatante si nous ne savions pas encore ce qu'ils veulent dire, et si nous nous bornions, comme l'enfant, à repérer leur va-et-vient, leur récurrence, la manière dont ils se fréquent...
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Lucrèce: la pensée de la mort
PRESENTATION DE L'OEUVRE "DE LA NATURE DES CHOSES" DE LUCRECE De la nature des choses est l'unique oeuvre de Lucrèce (vers 98-55 av. J.-C.), auteur latin du 1er siècle avant J.-C. Écrit dans des temps très troublés, propices à la superstition, ce vaste poème philosophique entend guérir les hommes de leurs peurs et de leurs illusions en suivant la voie ouverte par Épicure : fonder la possibilité de la vie heureuse sur une connaissance rationnelle de la nature. Mais Lucrèce ne se contente pas...
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Arthur SCHOPENHAUER (1788-1860)
Schopenhauer, « La volonté est l'essence du monde » « La volonté, que nous trouvons au-dedans de nous, ne résulte pas avant tout, comme l'admettait jusqu'ici la philosophie, de la connaissance, elle n'en est même pas une pure modification, c'est-à-dire un élément secondaire dérivé et régi par le cerveau comme la connaissance elle-même; mais elle est le Prius de la connaissance, le noyau de notre être et cette propre force originelle qui crée et entretient le corps animal, en en remplissant toute...
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Arthur SCHOPENHAUER (1788-1860)
La vie n'admet point de félicité vraie, elle est foncièrement une souffrance aux aspects divers, un état de malheur radical... La célébrité tardive et posthume de Schopenhauer est due non à l'armature théorique de son système philosophique, mais à son fameux pessimisme, qui s'exprime dans Le Monde comme Volonté et comme Représentation (1818 et 1844, trad. A. Burdeau, revue et corrigée par R. Roos, PUF, 1966) à travers ses propos sur l'art et surtout sur l'éthique et qu'on ne saurait mieux carac...
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Lucrèce et le finalisme divin
"Prétendre que c'est pour les hommes que les dieux ont voulu préparer le monde et ses merveilles ; qu'en conséquence leur admirable ouvrage mérite toutes nos louanges ; qu'il faut le croire éternel et voué à l'immortalité ; que cet édifice bâti par l'antique sagesse des dieux à l'intention du genre humain et fondé sur l'éternité, il est sacrilège de l'ébranler sur les bases par aucune attaque, de le malmener dans ses discours, et de vouloir le renverser de fond en comble ; tous ces propos, e...
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Epictète: liberté et désirs
Puisque l’homme libre est celui à qui tout arrive comme il le désire, me dit un fou, je veux aussi que tout m’arrive comme il me plaît. - Eh! Mon ami, la folie et la liberté ne se trouvent jamais ensemble. La liberté est une chose non seulement très belle, mais très raisonnable et il n’y a rien de plus absurde ni de plus raisonnable que de former des désirs téméraires et de vouloir que les choses arrivent comme nous les avons pensées. Quand j’ai le nom de Dion à écrire, il faut que je l’éc...
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Merleau-Ponty
"Il n'est pas plus naturel ou pas moins conventionnel de crier dans la colère ou d'embrasser dans l'amour que d'appeler table une table. Les sentiments et les conduites passionnelles sont inventés comme les mots. Même ceux qui, comme la paternité, paraissent inscrits dans le corps humain, sont en réalité des institutions. Il est impossible de superposer chez l'homme une première couche de comportements que l'on appellerait "naturels" et un monde culturel ou spirituel fabriqué. Tout est fabriqué...
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COURNOT
« La philosophie ne peut être rapprochée de la science, en ce sens qu'elle en formerait, soit le premier, soit le dernier échelon. C'est le produit d'une autre faculté de l'intelligence, qui, dans la sphère de son activité, s'exerce et se perfectionne suivant un mode qui lui est propre. C'est aussi quelque chose de moins impersonnel que la science. La science se transmet identiquement par l'enseignement oral et dans les livres ; elle devient le patrimoine commun de tous les esprits, et dépouille...
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LOCKE: L'homme porte en lui-même la justification principale de la propriété (« Second Traité du gouvernement civil »)
Dans le « Second Traité du gouvernement civil », Locke pose les fondements d’un État libéral. Écrivant peu après la Révolution anglaise, il défend la séparation des pouvoirs et le droit de résistance à sage l'oppression .Celui que Rousseau nommait « le sage Locke» s'interroge sur ce qui fonde la propriété, problème crucial dans un monde qui devient celui du commerce et de l'industrie naissante. Il est le premier à établir un lien rigoureux entre travail et propriété, dans le chapitre consacr...
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COURNOT
"Il serait ridicule de dire qu'un animal a été organisé pour servir de pâture à l'insecte parasite... et dont il n'a encore, le plus souvent, qu'une notion fort imparfaite." COURNOT L'ordre, l'orientation dans lesquels doit être considéré le rapport entre deux phénomène perd toute signification s'il est perçu dans un sens erroné. C'est à partir de ce constat que Cournot veut combattre la vision de l'homme comme centre de l'univers. Il soutient au passage un certain finalisme naturel, ce qui con...
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MACHIAVEL: une contrée sans digue et sans aucun rempart
Relever les procédés d'argumentation 1. Identifiez les deux étapes du raisonnement de Machiavel dans ce fragment du Prince. 2. Réfléchissez aux sens du mot «fortune». Puis précisez en quel sens ce mot est pris ici par Machiavel. 3. «Je juge que s'il peut être vrai». Commentez cette entrée en matière: quel est le statut exact des propos que ces mots introduisent? 4. Quel est le procédé employé par Machiavel pour exposer sa thèse, dans la suite du texte, et pour convaincre le lecteur? Mont...
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LOCKE
Bien que la terre et toutes les créatures inférieures appartiennent en commun à tous les hommes, chacun garde la propriété de sa propre personne. Sur celle-ci, nul n'a droit que lui-même. Le travail de son corps et l'ouvrage de ses mains, pouvons-nous dire sont vraiment à lui. Toutes les fois qu'il fait sortir un objet de l'état où la nature l'a mis et l'a laissé, il y mêle son travail, il y joint quelque chose qui lui appartient et de ce fait il se l'approprie. Cet objet, soustrait par lui à l'...
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LEIBNIZ et l'erreur de Descartes
... Ce que Descartes, je m'en souviens, dit quelque part a savoir que, lorsque nous parlons de quelque chose en comprenant ce que nous disons, nous avons une idée de cette chose, n'est pas valable. En effet il arrive souvent que nous combinions des incompatibles comme lorsque nous parlons du mouvement le plus rapide, chose impossible, c'est établi, dont il n'y a en conséquence pas d'idée, et dont cependant il nous est loisible de parler en nous comprenant. En effet, je l'ai expliqué ailleu...
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Arendt: liberté et volonté
« Il semble qu'on puisse affirmer que l'homme ne saurait rien de la liberté intérieure s'il n'avait d'abord expérimenté une liberté qui soit une réalité tangible dans le monde. Nous prenons conscience d'abord de la liberté ou de son contraire dans notre commerce avec d'autres, non dans le commerce avec nous-même. Avant de devenir un attribut de la pensée ou une qualité de la volonté, la liberté a été comprise comme le statut de l'homme libre, qui lui permettrait de se déplacer, de sortir de...
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Arthur SCHOPENHAUER (1788-1860)
" L'État, ce chef-d'oeuvre de l'égoïsme intelligent et raisonné, ce total de tous les égoïsmes individuels, a remis les droits de chacun aux mains d'un pouvoir infiniment supérieur au pouvoir de l'individu, et qui le force à respecter le droit des autres. C'est ainsi que sont rejetés dans l'ombre l'égoïsme démesuré de presque tous, la méchanceté de beaucoup, la férocité de quelques-uns : la contrainte les tient enchaînés, il en résulte une apparence trompeuse. Mais que le pouvoir protecteur de l...
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Alexis de TOCQUEVILLE
PRESENTATION DE L'OUVRAGE "DE LA DEMOCRATIE EN AMERIQUE" DE TOCQUEVILLE Alexis de Tocqueville (1805-1859) est issu d'une famille noble traumatisée par la Révolution et restée fidèle aux valeurs de l'Ancien Régime. Influencé par les philosophes des Lumières, il rompt avec l'héritage familial et voit dans 1789 l'avènement inéluctable d'un nouvel ordre social et politique, fondé sur les principes démocratiques. Mais, dans la France de l'après-Révolution, marquée par les crises politiques et sociale...
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Heidegger: L'analyse du « on meurt»
En tant que projet, l'existence humaine est sur le mode de l'attente et de l'anticipation de soi comme possible. La possibilité la plus ultime de notre existence est notre propre mort. Orienté vers l'avenir par son mode d'être comme projet, le Dasein anticipe comme horizon de son attente sa propre fin. Il se rapporte alors à quelque chose qui n'est pas et qui ne sera jamais pour lui : son propre néant. C'est dans l'angoisse que se révèle le caractère abyssal d'une telle pensée. L'anticipatio...
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Montaigne
Texte à commenter : « Or je trouve [...] qu'il n'y a rien de barbare et de sauvage en cette nation, à ce qu'on m'en a rapporté, sinon que chacun appelle barbarie ce qui n'est pas de son usage ; comme de vrai il semble que nous n'avons autre mire de la vérité et de la raison que l'exemple et idée des opinions et usances du pays ou nous sommes. Là est toujours la parfaite religion, la parfaite police, le parfait et accompli usage de toutes choses. Ils sont sauvages, de même que nous appelions sau...
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Alexis de TOCQUEVILLE
PRESENTATION DE L'OUVRAGE "DE LA DEMOCRATIE EN AMERIQUE" DE TOCQUEVILLE Alexis de Tocqueville (1805-1859) est issu d'une famille noble traumatisée par la Révolution et restée fidèle aux valeurs de l'Ancien Régime. Influencé par les philosophes des Lumières, il rompt avec l'héritage familial et voit dans 1789 l'avènement inéluctable d'un nouvel ordre social et politique, fondé sur les principes démocratiques. Mais, dans la France de l'après-Révolution, marquée par les crises politiques et sociale...
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Gaston Bachelard: le phénomène soit trié, filtré, épuré, coulé
PRESENTATION DE "LA FORMATION DE L'ESPRIT SCIENTIFIQUE" DE BACHELARD Gaston Bachelard (1884-1962), de formation scientifique et philosophique, a profondément renouvelé l'approche de l'histoire des sciences. La révolution introduite en physique par la théorie de la relativité l'a conduit à critiquer la conception linéaire du progrès scientifique : celui-ci suppose au contraire des ruptures épistémologiques (changement de méthode et de concepts), résultant d'une victoire de l'esprit sur ses...