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MACHIAVEL: une contrée sans digue et sans aucun rempart

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Je juge que s'il peut être vrai que la fortune est l'arbitre de la moitié de nos actions, elle nous en laisse cependant gouverner l'autre moitié, ou à peu près. Et je la compare à un de ces fleuves impétueux qui, lorsqu'ils s'irritent, inondent les plaines, détruisent les arbres et les édifices, enlèvent de la terre ici, la déposent ailleurs. Tous s'enfuient devant eux, chacun cède à leur assaut, sans pouvoir en rien leur faire obstacle. Bien qu'ils soient ainsi faits, il n'empêche que les hommes, lorsque les temps sont calmes, peuvent prendre certaines dispositions, grâce à des digues et à des remparts, de telle sorte que si les eaux montaient, ou bien elles seraient canalisées, ou bien elles seraient moins furieuses et dangereuses. Il en va ainsi de la fortune: elle démontre sa puissance là où la valeur n'est pas préparée pour lui résister, et tourne ses assauts là où elle sait que n'ont pas été montés des digues et des remparts pour la contenir. Et si vous considérez l'Italie, qui est le siège de ces bouleversements' et la source de leur impulsion, vous remarquerez qu'elle est une contrée sans digue et sans aucun rempart. MACHIAVEL

« Relever les procédés d'argumentation 1.

Identifiez les deux étapes du raisonnement de Machiavel dans ce fragment du Prince. 2.

Réfléchissez aux sens du mot «fortune».

Puis précisez en quel sens ce mot est pris ici par Machiavel. 3.

«Je juge que s'il peut être vrai».

Commentez cette entrée en matière: quel est le statut exact des propos que ces mots introduisent? 4.

Quel est le procédé employé par Machiavel pour exposer sa thèse, dans la suite du texte, et pour convaincre le lecteur? Montrez en quoi et pourquoi sa démonstration n'est pas strictement rigoureuse, comme pourrait l'être une argumentation purement rationnelle, de type mathématique par exemple. 5.

Le parallélisme que Machiavel établit entre la fortune et un fleuve impétueux vous paraît-il justifié? Quelles remarques appelle ce type d'analogies? En quel sens un fleuve impétueux (qui est un effet de la nature) peut-il également être opposé à ce que Machiavel nomme «la fortune»? (Pour répondre à cette question, demandez-vous ce qui oppose, plus généralement, la nature à l'histoire.) Trouver les enjeux philosophiques 6.

Si la «fortune» (le destin, le cours imprévisible des événements) est un «fleuve impétueux», les hommes (politiques) ont selon Machiavel, une fonction bien précise.

Quelle est cette fonction? 7.

Donnez des exemples de «dispositions» (I.

6) qui permettraient d'endiguer, au moins partiellement, la fortune d'après le texte: quels peuvent être les équivalents d'une digue, d'un canal, d'un rempart, sur le plan d'une société? 8.

Expliquez la formule: «la valeur n'est pas préparée pour lui résister» (I.

9).

De quelle valeur s'agit-il? Cherchez si possible dans Le Prince (chap III à VIII) ce que Machiavel nomme la «virtù» des hommes politiques 9.

Ce texte constitue un appel, une exhortation: Machiavel s'adresse à un homme politique qui pourrait reprendre en main le destin de l'Italie.

Qu'attend-il de lui exactement? 10.

Quelles sont, de façon plus générale, les qualités que l'on est en droit d'attendre d'un homme politique? Ce qui vaut pour l'Italie du temps de Machiavel peut-il être érigé en règle générale? Nuancez bien votre réponse. 11.

La notion de «fortune» semble jouer un rôle central dans la vision du monde et de l'histoire propre à Machiavel. Cela signifie-t-il que celui-ci est fataliste? Ce texte permet-il de le penser? La fortune est femme. C’est au chapitre 25 du « Prince » : « Ce que la fortune peut dans les choses humaines et comment on peut lui résister », que l’on retrouve la formule : « il est meilleur d’être impétueux que circonspect, car la fortune est femme, et il est nécessaire à qui veut la soumettre de la battre et la rudoyer ». Machiavel utilise le terme fortune dans son sens traditionnel de puissance aveugle, régie par le hasard, qui dispose du cours du monde et de la vie des hommes.

Il s’agit donc de s’interroger sur ce que peut l’homme et plus précisément l’homme politique confronté à la prétendue fortune. Le chapitre 25 débute de la sorte : « Je n’ignore pas que beaucoup ont été et sont dans l’opinion que les choses du. »

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