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Merleau-Ponty

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Il n'est pas plus naturel ou pas moins conventionnel de crier dans la colère ou d'embrasser dans l'amour que d'appeler table une table. Les sentiments et les conduites passionnelles sont inventés comme les mots. Même ceux qui, comme la paternité, paraissent inscrits dans le corps humain, sont en réalité des institutions. Il est impossible de superposer chez l'homme une première couche de comportements que l'on appellerait "naturels" et un monde culturel ou spirituel fabriqué. Tout est fabriqué et tout est naturel chez l'homme, comme on voudra dire, en ce sens qu'il n'est pas un mot, pas une conduite qui ne doive quelque chose à l'être simplement biologique, et qui en même temps ne se dérobe à la simplicité de la vie animale, ne détourne de leur sens les conduites vitales, par une sorte d'échappement et par un génie de l'équivoque qui pourrait servir à définir l'homme. Merleau- Ponty

« "Il n'est pas plus naturel ou pas moins conventionnel de crier dans la colère ou d'embrasser dans l'amour que d'appeler table une table. Les sentiments et les conduites passionnelles sont inventés comme les mots.

Même ceux qui, comme la paternité, paraissent inscrits dans le corps humain, sont en réalité des institutions. Il est impossible de superposer chez l'homme une première couche de comportements que l'on appellerait "naturels" et un monde culturel ou spirituel fabriqué.

Tout est fabriqué et tout est naturel chez l'homme, comme on voudra dire, en ce sens qu'il n'est pas un mot, pas une conduite qui ne doive quelque chose à l'être simplement biologique, et qui en même temps ne se dérobe à la simplicité de la vie animale, ne détourne de leur sens les conduites vitales, par une sorte d'échappement et par un génie de l'équivoque qui pourrait servir à définir l'homme." MERLEAU-PONTY QUESTIONNEMENT • En quoi peut-on dire que tout est « naturel » chez l'homme ? • En quoi peut-on dire que tout est « fabriqué » chez l'homme ? • Pourquoi Merleau-Ponty écrit-il : « pas un mot, pas une conduite » ? Différence entre « mot » et « conduite » ? En quoi un « mot » peut-il être dit « naturel » ? • Rapport entretenu dans le texte entre « naturel » et « biologique » ? • Qu'est-ce qui « pourrait servir à définir l'homme » ? « L'équivoque », « L'échappement », les deux ? • Quelles réflexions pouvez-vous faire dans le rapproche¬ ment « simplicité de la vie animale » ...

« génie de l'équivoque » (de l'homme) et « sorte d'échappement » ? • L' « enjeu » du texte est-ce — qu'est-ce que le « naturel » ? — qu'est-ce que le « culturel » ? ou qu'est-ce que l'homme ? • Qu'est-ce qui fait l'originalité (et la valeur ?) de la problématique et de la position établies par Merleau-Ponty ? La thèse de M.

P.

est d'abord négative, dans le refus de deux idées: * Analogie entre langage et comportement : le comportement n'est pas plus naturel que la dénomination (voir Hermogène dans le Cratyle) et l'un comme l'autre renvoient à des conventions culturelles.

L'argument de l'hérédité fonctionne a fortiori: rien n'est absolument réductible au corps - c'est-à-dire à la nature - et la paternité, comme valeur culturelle construite dépasse l'instinct de reproduction. * Refus de la superposition de deux " couches ".

M.

P.

combat l'idée de deux strates géologiques qu'on pourrait distinguer et reconstituer séparément.

Allusion à Rousseau et à statue de Glaucus dans le Second Discours, image d'un projet utopique. La thèse essentielle est que nature et culture sont déjà là en l'homme, est à la fois totalement culturel et totalement naturel.

L'homme n'est devenir un être culturel : il est innassignable, inclassable.

" L'équivoque de réduction à un ordre ou à un autre soit satisfaite.

La différence inclassable. et qu'elles sont indiscernables, L'homme plus celui qui s'arrache à la nature pour ", " l'ambiguïté " interdit qu'une tentative de l'homme comme espèce, c'est d'être " Nature " et " culture " ne doivent pas être compris dans leur sens propre, comme s'ils pouvaient être distingués, mais il s'agit de s’intéresser à leur relation au sens figuré: l'opposition nature vs culture peut être comprise comme la métaphore d'une certaine opposition, comme " inné " et " acquis ", " donné " et " construit " constituent autant de métaphores, d'images d'une condition humaine qui ne se laisse pas réduire à un ordre ou à l'autre : nature vs artifice, nature vs histoire, nature vs liberté, nature vs raison sont autant d'oppositions métaphoriques, d'images de ce à quoi renvoie la culture. Métaphorique, la distinction nature et culture est d'emblée culturelle, dans la mesure où elle est posée par l'homme.

La nature est toujours saisie du point de vue de la culture qu'elle semble conditionner. Deux conséquences : * La distinction entre nature et culture renvoie à une interrogation sur l'homme lui-même.

Qu'est-ce que l'homme et quelle est sa place dans le monde ? Nature et culture sont ici les métaphores, les images de deux normes pour penser la vie et la place de l'homme. * L'idée de nature, et d'abord de " nature humaine " sont paradoxales puisqu'elles sont peut-être essentiellement culturelles.

La " nature humaine " existe-t-elle alors ? N'est elle pas un produit culturel ? Dans le même temps, la culture comme une culture ne peut-elle pas devenir pour nous comme une seconde nature ? Pour répondre d'abord à notre première interrogation, on examinera d'abord la nature comme norme.. »

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