Aide en Philo

LOCKE: L'homme porte en lui-même la justification principale de la propriété (« Second Traité du gouvernement civil »)

Extrait du document

L'homme porte en lui-même la justification principale de la propriété. LOCKE

« Dans le « Second Traité du gouvernement civil », Locke pose les fondements d’un État libéral. Écrivant peu après la Révolution anglaise, il défend la séparation des pouvoirs et le droit de résistance à sage l'oppression .Celui que Rousseau nommait « le sage Locke» s'interroge sur ce qui fonde la propriété, problème crucial dans un monde qui devient celui du commerce et de l'industrie naissante.

Il est le premier à établir un lien rigoureux entre travail et propriété, dans le chapitre consacré à cette question. « Il résulte à l'évidence de tout cela, que les biens de la nature sont dispensés sous forme indivise, mais que l’homme, néanmoins porte en lui-même la justification principale de la propriété parce qu'il est son propre maître et le propriétaire de sa personne, de ce qu’elle fait et du travail qu’elle accomplit; au fur et à mesure que les inventions et les arts ont perfectionné les commodités de la vie, l'essentiel de ce qu'il a mis en œuvre pour assurer son propre entretien, ou son bien-être, n'a jamais cessé de lui appartenir en propre, sans qu'il soit tenu de le partager avec d'autres.

» En un sens les écrits politiques de Locke forment un « contre-Hobbes ».

S'ils s'inscrivent dans le même mouvement que l'auteur du « Léviathan », celui du droit naturel ou du contrat social, ils se font partisans d'une séparation des pouvoirs et du droit de résistance à l'oppression.

Le souci principal de Locke (qui participa à la Constitution fondamentale de la Caroline), est la protection de l'individu. Cependant Locke, à la suite de Hobbes (1588-1679), réfléchit sur les implications du mouvement politique et économique majeur de cette époque : la Révolution anglaise, qui engendre l'essor et l'hégémonie de l'Angleterre. De plus, Locke s'interroge sur la colonisation de l'Amérique et les droits des colons et des États sur un territoire supposé vierge (nul ne semble s'intéresser aux Indiens). En ce siècle, les notions de propriété et de travail deviennent déterminantes, et l'un des grands mérites de Locke est d'avoir rigoureusement établi les liens entre ces deux notions, ouvrant ainsi la voie à toutes les réflexions ultérieures à leur sujet. Locke pose très simplement le problème.

Dieu a donné la terre en commun aux hommes pour la satisfaction de leurs besoins.

Les biens naturels sont donc offerts indistinctement aux hommes à l'exclusion de nul d'entre eux. Cependant, pour que les hommes usent de ces biens naturels, « il faut nécessairement qu'il existe un moyen de se les approprier, pour que des individus déterminés, quels qu'ils soient, puissent s'en servir et en tirer profit». La question de la propriété devient: comment prélever sur le bien commun à tous une partie qui devienne mienne? Qu'est-ce qui me donne le droit exclusivement de le faire ? Or, la seule façon pour quiconque de s'approprier un objet naturel, c'est d'y investir « le travail de son corps et l’œuvre de ses mains ».

L'homme est propriétaire de lui-même et de ses actions (mais non de sa vie, dont seul Dieu peut disposer, car l'homme n'est pas créateur de lui-même, de son être, mais seulement de sa propre activité).

Le plus humble des travaux est signe que j'ai retiré l'objet de son état naturel et commun pour le transformer en chose mienne.

« Sans aucun doute ce travail appartient à l'ouvrier, nul autre que l'ouvrier ne saurait avoir de droit sur ce à quoi le travail s’attache, dès lors que ce qui reste suffit aux autres en qualité et en quantité.

» L'exemple pris par Locke pour être élémentaire n'en demeure pas moins fondamental.

Si quelqu'un se nourrit de glands ramassés sous un chêne, il se les est appropriés.

Or, comment l'aliment est-il devenu sien, si ce n'est par l'acte même de la cueillette? Il ne s'agit pas de vol, dans la mesure où exiger le consentement de tous les hommes qui ont droit à ces glands avant le travail de ramassage, ne signifierait rien d'autre que nous condamner à mourir de faim. Ainsi ce n'est pas le droit du premier occupant mais bien le travail, l'effort investi, qui donne le droit de prélever un objet que je m'approprie effectivement en le soustrayant du lot commun.

Et cela vaut pour les terres communes, pour les espaces de l'Amérique. Le travail, et c'est une autre avancée de Locke, « donne à toute chose sa valeur propre ». « Tout ce que le pain vaut de plus que les glands, le vin que l'eau, et le tissu que la soie, que les feuilles, les peaux ou la mousse, cela résulte intégralement du travail et de l'industrie.

» Le travail constitue donc la mise en valeur du bien commun donné par Dieu.

En ce sens la propriété n'est pas le vol, elle ne prive pas l'humanité de ce à quoi elle a droit, mais au contraire met en valeur le patrimoine commun.

« Quiconque s'approprie des terres par son travail ne diminue pas les ressources communes de l'humanité, mais les accroît.

» Cependant, ce schéma ne vaut que pour une propriété limitée.

Dans un état de nature, c'est-à-dire antérieur à l'institution des lois, chaque homme ne s'approprie que ce dont il a besoin.

Si l'appropriation ne vole personne, c'est que le travail d'un homme et de sa famille, avant l'intervention de la monnaie, n'engage aucun gaspillage. « Tout ce qu'un homme peut utiliser de manière à en retirer un avantage quelconque pour son existence sans gaspiller, voilà ce que son travail peut marquer du sceau de la propriété.

Tout ce qui va au-delà excède sa part et appartient à d'autres.

» Receler, c'est voler: amasser ce que je ne travaille pas, ne transforme pas, ce dont je n'ai pas besoin, c'est en priver les autres (qui y ont droit) en pure perte.

Sur ce que je gaspille, je n'ai aucun droit. Locke est formel: avant l'institution légale de la propriété, le receleur, « si ses biens venaient à périr en sa possession sans qu'il les ait dûment utilisés, si les fruits pourrissaient [...

] il enfraignait le droit commun de la nature et il encourait un châtiment: il envahissait le lot de son voisin, car son droit cessait avec le besoin d'utiliser ces biens et la possibilité d'en tirer les commodités de la vie». Mais, Locke, s'il défend les droits du travail et du besoin et donne un fondement naturel à la propriété, s'il lie valeur et travail, finit par autoriser l'accumulation des terres et des possessions.. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles