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Examinez cette définition de SCHOPENHAUER: « Par métaphysique j'entends tout ce qui a la prétention d'être une connaissance dépassant l'expérience, c'est-à-dire les phénomènes donnés, et qui tend à expliquer par quoi la nature est conditionnée dans un se

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Le terme de métaphysique est apparu très tôt dans l’histoire pour désigner notamment les livres d’Aristote. Schopenhauer insiste d’ailleurs de manière classique sur ce fait : on a nommé en effet métaphysique les quatorze livres qui suivent la physique d’Aristote. L’étymologie de ce mot peut alors nous donner deux significations différentes du terme. En grec, le mot meta désigne ce qui est au-delà et phusikè renvoie à la physique. On peut alors penser que quand Andronicos de Rhodes donne ce nom aux livres d’Aristote, il veut juste évoquer les livres qui sont après, au-delà des chapitres concernant la physique. Mais la métaphysique peut aussi être entendue dans le sens d’une connaissance de ce qui se trouve au-delà de la physique, c’est-à-dire de la nature et du monde qui nous est donné, ce qui est donc une réalité immatérielle. La phrase de Schopenhauer rejoindrait alors la pure étymologie dans le second sens qu’on peut en tirer. Mais sa définition porte aussi sur les conditions de la nature. La condition désigne un élément qui est posé comme préalable et indispensable à la constitution du tout. Ainsi, si on dit que l’éducation est la condition pour un monde meilleur, cela signifie que c’est de elle et seulement de elle que pourra naître un monde meilleur. De même, quand on pose des conditions à un acte, cela signifie que celui-ci ne pourra être effectué que si les conditions sont remplies. Mais le terme « conditionné » utilisé par Schopenhauer renvoie aussi à la question de pourquoi les phénomènes sont tels et non autres. La condition évoque aussi les circonstances qui déterminent le caractère ou l’existence d’un phénomène. Schopenhauer donne donc ici deux attributs à la métaphysique : l’immatérialité et la recherche de l’origine des choses. Il s’agira donc de voir dans un premier temps si cette définition correspond à la métaphysique telle que l’entendent les philosophes. Mais si on admet cette définition, la connaissance évoquée est-elle possible ? Comment l’atteindre puisqu’elle s’étend au-delà des choses sensibles et matérielles ? Ne faut-il pas justement nier la métaphysique, lui poser des limites ?

 

« Le terme de métaphysique est apparu très tôt dans l'histoire pour désigner notamment les livres d'Aristote. Schopenhauer insiste d'ailleurs de manière classique sur ce fait : on a nommé en effet métaphysique les quatorze livres qui suivent la physique d'Aristote.

L'étymologie de ce mot peut alors nous donner deux significations différentes du terme.

En grec, le mot meta désigne ce qui est au-delà et phusikè renvoie à la physique.

On peut alors penser que quand Andronicos de Rhodes donne ce nom aux livres d'Aristote, il veut juste évoquer les livres qui sont après, au-delà des chapitres concernant la physique.

Mais la métaphysique peut aussi être entendue dans le sens d'une connaissance de ce qui se trouve au-delà de la physique, c'est-à-dire de la nature et du monde qui nous est donné, ce qui est donc une réalité immatérielle.

La phrase de Schopenhauer rejoindrait alors la pure étymologie dans le second sens qu'on peut en tirer.

Mais sa définition porte aussi sur les conditions de la nature.

La condition désigne un élément qui est posé comme préalable et indispensable à la constitution du tout.

Ainsi, si on dit que l'éducation est la condition pour un monde meilleur, cela signifie que c'est de elle et seulement de elle que pourra naître un monde meilleur.

De même, quand on pose des conditions à un acte, cela signifie que celui-ci ne pourra être effectué que si les conditions sont remplies.

Mais le terme « conditionné » utilisé par Schopenhauer renvoie aussi à la question de pourquoi les phénomènes sont tels et non autres.

La condition évoque aussi les circonstances qui déterminent le caractère ou l'existence d'un phénomène.

Schopenhauer donne donc ici deux attributs à la métaphysique : l'immatérialité et la recherche de l'origine des choses.

Il s'agira donc de voir dans un premier temps si cette définition correspond à la métaphysique telle que l'entendent les philosophes.

Mais si on admet cette définition, la connaissance évoquée est-elle possible ? Comment l'atteindre puisqu'elle s'étend au-delà des choses sensibles et matérielles ? Ne faut-il pas justement nier la métaphysique, lui poser des limites ? I La métaphysique comme science première 1. Schopenhauer, un discrédit du sensible Il nous faut tout d'abord examiner la philosophie de Schopenhauer pour comprendre son intérêt et sa position par rapport à la métaphysique.

Il évoque « les phénomènes donnés » qui sont bien entendus les choses qui se passent dans le monde et qui sont accessibles à nos sens.

Cependant, il faut bien voir que si la métaphysique est une science qui va chercher au-delà de la physique et donc du sensible, c'est que le monde tel que nous l'apercevons n'est pas tout.

Schopenhauer même s'il arrive après Kant, reprend à son compte un certain discrédit platonicienne concernant le sensible.

Examinons cela de plus près.

Dans l'antiquité, Héraclite d'Ephèse prônait une thèse qui se constituera comme problème pour la majorité des philosophes postérieurs.

Il affirme en effet que ce qui caractérise le monde c'est le changement.

A l'instar de la nature, tout naît, se développe et périt et il est impossible de parler de stabilité dans ce monde.

Héraclite conçoit un principe unique de génération des choses qu'il appelle le feu mais comme ce dernier est très inconstant.

Tous les êtres et les choses sont soumis à la corruption et menacés de dislocation.

De fait, Héraclite refuse toute constance aux choses, ce que témoigne cette célèbre phrase qui nous soit restée de ce philosophe « on ne se baigne jamais deux fois dans le même fleuve ».

En effet, les eaux avec le courant changent mais même l'homme qui s'y baigne évolue et donc n'est plus le même. Les philosophes antiques vont donc essayer de concilier cette inconstance du sensible avec la permanence du monde et la possibilité d'une connaissance.

Platon, qui connaît les thèses d'Héraclite, voit en effet dans Le cratyle que si tout change alors même le nom des choses est inadéquat et que toute connaissance est impossible.

Si une chose change sans cesse, ce que nous savions d'elle hier n'est plus vrai aujourd'hui. De fait, la physique sera la science qui essaiera d'étudier le sensible tel qu'il se donne à nous mais pour comprendre comment le monde peut fonctionner dans cette multiplicité, les philosophes comme Schopenhauer d'ailleurs, vont tenter d'en fonder le principe ailleurs, dans un monde non soumis au mouvement et au temps. 2. La métaphysique comme recherche des causes premières Avant de revenir à Schopenhauer, faisons un détour par celui qui est considéré à juste titre comme le père de la métaphysique.

C'est à partir d'Aristote que la métaphysique est nommée.

Mais le philosophe lui-même ne parle pas explicitement de métaphysique mais de « science première ».

Le but que se propose justement son ouvrage est de définir ce que serait la science première qui chercherait les causes premières et les principes premiers.

Aristote part aussi de cette constatation : le monde est en mouvement mais comment expliquer ce mouvement ? Pour que quelque chose soit en mouvement, il faut au préalable qu'il est reçu l'énergie par un tiers pour entreprendre ce mouvement.

Par exemple, un mobile ne peut commencer à tourner si le vent ou l'intervention d'un individu ne le met préalablement en mouvement.

Aristote remonte donc le long de la chaîne et affirme la nécessité d'un moteur premier qui ne soit pas lui-même en mouvement.

En effet si la cause première est en mouvement alors il faut supposer une cause à son mouvement et de fait, elle ne serait plus première.

Le moteur premier de l'univers est donc immobile et Aristote l'identifie au divin qu'il nomme Acte pur.

Il est difficile de comprendre comment le premier moteur peut mettre en mouvement sans bouger lui-même.

Aristote évoque le dynamisme du désir qui fait bouger et agir les personnes sans être mobile lui-même. De même, Platon élabore une véritable métaphysique dans ses œuvres même si le terme est forgé après lui.

Platon essaie de donner ordre au sensible en imaginant un monde premier éternel et immuable dont notre monde est copie. Le monde intelligible est donc formé d'autant d'Idées Intelligibles que nécessaires pour créer notre monde : le Bien, le Beau, etc… Schopenhauer reprendra cette catégorie.

Pour lui, justement, il est possible de s'échapper de la multiplicité du sensible pour contempler pendant quelques instants les Idées qu'il reprend à Platon.

La métaphysique recherche donc avant tout la cause du monde dans un principe premier et immatériel.

Elle dépasse donc le point de vue descriptif et explicatif de la physique limitée à la détermination des lois régissant le monde sensible. 3. La métaphysique comme recherche de fondements Le rôle de la métaphysique dans l'ensemble du savoir théorique et pratique est alors essentiel : elle constitue en effet selon Descartes « les racines » du grand arbre de la philosophe, c'est-à-dire de l'ensemble ordonné des. »

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