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LUCRECE: la connaissance de la vérité nous vient primitivement des sens...

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Tu verras (alors) que la connaissance de la vérité nous vient primitivement des sens, que les sens ne peuvent être convaincus d'erreur, qu'ils méritent le plus haut degré de confiance parce que, par leur propre énergie, ils peuvent découvrir le faux, en lui opposant la vérité. En effet, où trouver un guide plus sûr que les sens ? Dira-t-on que la raison, fondée sur ces organes illusoires, pourra déposer contre eux, elle qui leur doit toute son existence, la raison qui n'est qu'erreur, s'ils se trompent ... Si la raison ne peut pas expliquer pourquoi les objets qui sont carrés de près paraissent ronds dans l'éloignement, il vaut mieux, défaut d'une solution vraie, donner une fausse raison de cette double apparence que de laisser échapper l'évidence de ses mains, que de détruire toute certitude, que de démolir cette base sur laquelle sont fondées notre vie et notre conservation. Car ne crois pas qu'il ne s'agisse ici que des intérêts de la raison ; la vie elle-même ne se soutient qu'en osant, sur le rapport des sens, ou éviter les précipices et les autres objets nuisibles, ou se procurer ce qui est utile. Ainsi tous les raisonnements dont on s'arme contre les sens ne sont que de vaines déclamations. LUCRECE

Dans ce texte, Lucrèce parle de la connaissance qui nous vient des sens. Selon lui, les sens nous offrent toutes les connaissances qui peuvent nous être utiles. Il semble se défendre des philosophies qui critiquent la connaissance par les sens : si on peut parfois douter du témoignage des sens, il n’en reste pas moins que ce que nous apprennent les sensations est la connaissance la plus utile.

Ce texte défend les sens contre les critiques qu’on pourrait leur faire, il convient de le lire comme un débat avec l’idéalisme et le scepticisme qui doutent des impressions sensibles.

Dans un premier temps,Lucrèce donne la priorité aux sens sur le plan de la pure théorie de la connaissance.

Dans un deuxième temps, il nous dit que notre vie même est fondée sur la certitude des sens. Enfin, dans un troisième temps, on peut voir dénoncée comme mortifère toute philosophie qui se détache des sens.

 

« Tu verras (alors) que la connaissance de la vérité nous vient primitivement des sens, que les sens ne peuvent être convaincus d'erreur, qu'ils méritent le plus haut degré de confiance parce que, par leur propre énergie, ils peuvent découvrir le faux, en lui opposant la vérité.

En effet, où trouver un guide plus sûr que les sens ? Dira-t-on que la raison, fondée sur ces organes illusoires, pourra déposer contre eux, elle qui leur doit toute son existence, la raison qui n'est qu'erreur, s'ils se trompent ?...

Si la raison ne peut pas expliquer pourquoi les objets qui sont carrés de près paraissent ronds dans l'éloignement, il vaut mieux, à défaut d'une solution vraie, donner une fausse raison de cette double apparence que de laisser échapper l'évidence de ses mains, que de détruire toute certitude, que de démolir cette base sur laquelle sont fondées notre vie et notre conservation.

Car ne crois pas qu'il ne s'agisse ici que des intérêts de la raison ; la vie elle-même ne se soutient qu'en osant, sur le rapport des sens, ou éviter les précipices et les autres objets nuisibles ou se procurer ce qui est utile.

Ainsi tous les raisonnements dont on s'arme contre les sens ne sont que de vaines déclamations. LUCRECE. Introduction : Dans ce texte, Lucrèce parle de la connaissance qui nous vient des sens.

Selon lui, les sens nous offrent toutes les connaissances qui peuvent nous être utiles.

Il semble se défendre des philosophies qui critiquent la connaissance par les sens : si on peut parfois douter du témoignage des sens, il n'en reste pas moins que ce que nous apprennent les sensations est la connaissance la plus utile. Ce texte défend les sens contre les critiques qu'on pourrait leur faire, il convient de le lire comme un débat avec l'idéalisme et le scepticisme qui doutent des impressions sensibles. Dans un premier temps, Lucrèce donne la priorité aux sens sur le plan de la pure théorie de la connaissance. Dans un deuxième temps, il nous dit que notre vie même est fondée sur la certitude des sens.

Enfin, dans un troisième temps, on peut voir dénoncée comme mortifère toute philosophie qui se détache des sens. Problématique : En quoi, malgré leurs défauts, les sens peuvent-ils être notre plus grand bien ? I : Théorie empiriste de la connaissance : toute connaissance vient des sens 1) Enoncé d'une thèse : « la connaissance de la vérité nous vient primitivement des sens », c'est la thèse de l'empirisme.

Les sens sont définis comme accès à la « vérité » et non à la réalité.

La vérité est un jugement sur la réalité.

Lucrèce veut il dire que les sens jugent ? Non, il veut dire que tout jugement doit s'en tenir à ce que nous donnent les sens.

Contrairement à la raison qui juge, les sens ne peuvent pas « être convaincus d'erreur », c'est donc à eux qu'il faut faire « confiance ». 2) Les sens nous révèlent la fausseté de nos jugements, « ils peuvent découvrir le faux, en lui opposant la vérité ».

On retrouve là une règle fondamentale de la théorie épicurienne de la connaissance : une connaissance n'est vraie que tant qu'elle n'est pas falsifiée par l'expérience.

Les sens, «par leur propre énergie » c'est à dire par leur pouvoir d'être affectés par les objets, opposent les images vives de l'expérience aux idées abstraites et incertaines.

La connaissance apparaît dans un rapport de force (« énergie », « opposant ») qui dirige le jugement. 3) Anticipation de la réfutation idéaliste.

Le « on » de « dira-t-on » désigne les adversaires idéalistes.

Pour les idéalistes comme Platon, la raison est dans la réalité et les sens dans l'illusion, cette théorie vient d'un dualisme métaphysique qui oppose l'intelligible et le sensible.

Pour Lucrèce qui est matérialiste, il n'y a pas d'opposition entre l'intelligible et le sensible, la raison n'a donc pas de privilège sur les sens.

Au contraire, la raison est mise au second rang, elle est dépendante du témoignage des sens et elle « n'est qu'erreur, s'ils se trompent ». II : Les sens sont au-delà de l'erreur. 1) Les erreurs des sens.

C'est un argument traditionnellement utilisé par les ennemis de l'empirisme qui consiste à dire que les apparences sont trompeuses (par exemple les objets changent de forme selon la distance à laquelle on les voit).

Ici, c'est la raison qui est dénoncée : elle ne « peut pas expliquer », les erreurs qu'on attribue aux sens révèlent en fait l'impuissance de la raison. 2) L' « évidence » des sens est plus fondamentale que les vérités de la raison.

Si un même objet a une double apparence, mieux vaut donner une fausse raison en accord avec cette évidence que de renier celle-ci.

Pourquoi ? La certitude des sens est liée à quelque chose de plus important que la connaissance objective : la « vie » et la « conservation ». 3) La valeur d'une certitude ne doit donc pas être évaluée par rapport à l'objet mais par rapport au sujet : à savoir si cette connaissance lui est utile.

On peut voir là une conception pragmatique de la connaissance, c'est-à-dire liée à l'action : une connaissance est valable si elle facilite notre action. III : Du théorique au pratique. 1) La connaissance ne fait pas partie « que des intérêts de la raison », elle est avant tout liée à la vie.

Quand bien même on douterait de tout par raison comme les sceptiques, on ne pourrait pas survivre sans croire aux sens.

Contre les philosophes qui se focalisent sur la connaissance théorique, Lucrèce met en avant l'importance première de la connaissance par les sens qui sert la vie. 2) « Oser » croire les sens.

Lucrèce dit qu'il faut « oser » croire les sens, il s'agit d'un acte de foi, malgré l'incertitude objective de la connaissance par les sens, il faut dépasser le scepticisme par ce qu'il ne sert pas la vie.

Douter des sens, c'est mourir : tomber dans le premier précipice venu. 3) Les sens détectent le bon et le nuisible, et permettent de se « procurer ce qui est utile ».

Se fier aux sens vient donc moins du souci d'avoir une bonne connaissance que de celui d'avoir une bonne vie.

En effet, en détectant ce qui est bon et utile, les sens nous permettent d'accéder au bonheur. Conclusion : Ce texte est clairement orienté contre l'idéalisme et le scepticisme qui, en se détournant des sens, se détournent de la vie elle-même.. »

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