Aide en Philo

Toute connaissance vient-elle des sens ?

Extrait du document

« L'empirisme désigne un courant philosophique qui affirme que toute connaissance dérive de l'expérience (en grec empeiria), c'est-à-dire directement ou indirectement de la sensation.

Cette affirmation s'applique non seulement aux objets sensibles, mais aussi aux principes et aux structures de la connaissance.

L'empirisme doit donc fournir une description des processus de généralisation et d'abstraction à partir des données sensibles.

Il faut en effet rendre compte du passage de la donnée particulière et ponctuelle à l'élaboration des idées et des principes universels, puisque ces derniers ne peuvent être possédés de façon innée par l'esprit.

Mais la possibilité de cette dérivation reste problématique : peut-on saisir l'universalité et la nécessité que réclame la science à partir d'une expérience toujours limitée à des conditions particulières ? 1.

LES PRÉSUPPOSÉS DE L'EMPIRISME A - Le contact sensible comme expérience radicale ¦ L'idée que toutes nos idées viennent des sens dispose d'un argument de poids lorsque l'on examine l'hypothèse d'une privation de sens.

La privation de la vue entraîne la privation de la connaissance de tout un domaine de réalité : couleur, figure, perspective, etc.

Il en est de même de toutes nos idées : elles sont indexées sur une expérience fondamentale, celle du contact sensitif avec la réalité. ¦ Il en résulte que l'esprit de l'homme ne peut être conçu que comme une tabula rasa, une tablette vierge que l'expérience sensible vient remplir.

Toutes nos représentations sont ainsi soit des impressions sensibles immédiates, soit des dérivés de ces impressions. B - Le rôle de l'induction ¦ Ce n'est pas parce qu'un objet de pensée n'est pas immédiatement sensible qu'il faut invoquer une possession innée ou une intervention divine.

Ainsi, l'idée générale de couleur n'est pas en elle-même visible, mais elle est dégagée à partir de l'expérience sensible du bleu, du rouge, du vert, etc. ¦ L'induction, raisonnement qui permet de passer d'une série de cas particuliers à une idée ou une loi générale, est ainsi un ressort fondamental dans une perspective empiriste, car elle permet de dépasser les données de l'expérience sensible sans cesser d'en dépendre.

L'expérience s'organise dans des relations et des regroupements qui excèdent l'expérience sensible à proprement parler.

Ainsi les relations de cause à effet, la division des choses dans des catégories forment le tissu profond de notre expérience. 2.

LES DIFFICULTÉS DE L'EMPIRISME A - Les cadres de notre expérience sont-ils fondés dans l'expérience ? D'où viennent ces catégories ? Ont-elles une valeur objective.

Sont-elles le reflet de notre nature ou des hasards de l'éducation ? Un homme n'a jamais vu de chiens ni de chats.

Il voit des chats noirs et des chats blancs, des chiens blancs et des chiens noirs pour la première fois : les classera-t-il en « les blancs » et « les noirs », négligeant la différence chien/chat, ou y a-t-il une nécessité à regrouper les chats et les chiens dans deux espèces différentes ? Comment fonder cette nécessité ? B - Nécessité et objectivité de la connaissance L'empirisme affirme qu'il n'y a rien dans l'entendement qui n'ait été auparavant dans les sens, c'est-à-dire que l'expérience est la source de toutes nos connaissances.

Toutes nos idées ne sont jamais, comme dit Hume, que des « copies de nos impressions sensibles ».

Non seulement l'expérience est la source de nos idées mais encore elle explique l'association de ces idées entre elles, c'est-à-dire le fonctionnement de notre esprit.

Qu'il s'agisse d'association par ressemblance (deux idées s'appellent l'une l'autre quand leurs objets se ressemblent) ou d'association par contiguïté spatiale ou temporelle (deux idées s'appellent l'une l'autre quand leurs objets ont été donnés de nombreuses fois soit l'un à côté de l'autre, soit l'un après l'autre).

C'est toujours dans des expériences antérieures et répétées que se trouve la raison de ces associations. L'empirisme conduit au relativisme et au scepticisme car si les impressions sensibles varient d'un individu à l'autre, alors il n'y a pas plus d'erreur qu'il n'y a de vérité.

On peut dire avec Protagoras que « l'homme est la mesure de toutes choses ».

Les choses sont, pour chacun, telles qu'elles lui paraissent : ce dont il résulte qu'aucune connaissance ne peut prétendre à l'universalité, aucune qui serait vraie ne pourrait le demeurer. L'enjeu de ces questions est la possibilité d'une connaissance objective et universelle.

Si les structures de l'expérience relèvent d'une explication empirique elles sont le fruit d'une genèse psychologique.

Cette genèse reste contingente puisqu'elle dépend des expériences vécues par chacun et des abstractions opérées. Mais les concepts dont se sert une connaissance objective doivent décrire les choses elles-mêmes.

Il faut pouvoir connaître qu'une chose est la cause de telle autre, et pas seulement qu'une généralisation à partir d'une série d'expériences me fait penser que l'une cause l'autre.

Kant s'appuie sur ces difficultés pour montrer que si le concept universel de la causalité n'est pas le cadre préalable à toute expérience, celui-ci ne pourra jamais être trouvé dans l'expérience.. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles