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Faut-il s'être d'abord trompé pour pouvoir parvenir à la vérité ?

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« [Introduction] Parvenir à la vérité, c'est s'interroger sur les moyens d'y accéder.

Est-ce en se trompant ? Du faux le vrai surgirait-il ? Que vaut alors cette erreur si la vérité est relative ? Car le sujet n'affirme pas qu'on atteigne sûrement la vérité : il indique une possibilité, pas une certitude.

Mais en admettant qu'on puisse parvenir à la vérité, le chemin d'accès passe-t-il nécessairement par l'erreur ? L'erreur peut-elle être féconde ? [I.

Peut-on, et comment, atteindre la vérité ?] Dans la philosophie grecque, la problématique de la vérité repose sur la distinction de l'être et du paraître.

Atteindre la vérité, c'est connaître l'essence des choses, c'est accéder au monde des Idées ou monde intelligible.

Cette connaissance devient possible lorsque l'âme humaine s'affranchit des apparences du monde sensible.

Le célèbre mythe de la caverne (La République, livre VII) raconte cette douloureuse séparation.

La contemplation progressive de la vérité permet de comprendre qu'on vivait dans l'illusion.

Le corps est source d'erreurs.

On chemine vers le vrai lorsqu'on en prend conscience et connaissance, et qu'on s'en libère. - Au livre VII de La République, Platon (428-348 avant J.-C.) fait décrire par le personnage de Socrate un curieux monde.

Dans ce passage, connu sous le nom d'allégorie de la Caverne (ou encore de «mythe de la Caverne »), apparaissent d'étranges personnages, enfermés depuis leur naissance dans une grotte, enchaînés, et ne contemplant que les ombres portées des objets.

L'interlocuteur de Socrate dans ce dialogue, Glaucon, s'étonne de ce bizarre tableau.

En déclarant des prisonniers : « Ils nous ressemblent », Socrate signifie que nous leur sommes semblables, plongés dans l'illusion et enchaînés à elle. - L'allégorie de la Caverne prétend décrire, sous forme facilement accessible, notre condition d'humain, et ce qu'est la libération philosophique.

Elle permet d'éclairer l'opposition du monde sensible au monde intelligible, c'est-à-dire du monde qui nous entoure et que Platon considère illusoire au seul monde pleinement réel : le monde des Idées. Ce mythe «bien connu» apparaît au livre VII de la République, dialogue consacré à la justice et où Platon définit ce que serait pour lui la cité idéale. Notre passage se présente comme une fable.

Des hommes sont depuis leur enfance enchaînés dans une caverne, obligés d'en regarder le fond.

A l'extérieur de la grotte circulent, derrière un muret, des hommes qui transportent des objets.

Nos prisonniers contemplent les ombres de ces objets.

Il s'agit en fait d'une sorte de théâtre d'ombres dont la source lumineuse est le soleil. Or, les prisonniers, qui ignorent tout du monde extérieur, prennent nécessairement les ombres pour la réa-lité.

Ils se livrent entre eux à des sortes de luttes ou de concours pour repérer ces formes, la fréquence de leur passage, les liens qui unissent tel objet à tel autre.

Les plus habiles reçoivent des récompenses, des honneurs.

Ces hommes sont donc plongés dans l'illusion (ils prennent les ombres pour la réalité) et développent une science illusoire (qui consiste à repérer des ordres de passage). A propos de ces étranges prisonniers, Socrate déclare : « Ils nous ressemblent».

Ces prisonniers, c'est nous ; leurs illusions sont les nôtres.

Le monde de la caverne, le monde non réel de l'illusion, de la compétition, des récompenses dérisoires, est le nôtre.

Cette illusion est d'autant plus dangereuse qu'elle s'ignore elle-même. L'épisode dramatique que narre par la suite Socrate le révèle.

Il présente tout d'abord l'hypothèse où l'on libérerait tout à trac un prisonnier et le traînerait dehors.

Il souffrirait, ses yeux seraient brûlés par le soleil, il ne discernerait rien, ébloui, des objets réels du monde extérieur.

Bref, il subirait la pire des violences en pure perte. Mais si on libérait ce prisonnier de façon progressive, en l'accoutumant peu à peu à la lumière (en le faisant d'abord sortir la nuit, contempler les étoiles, puis les reflets dans l'eau, jusqu'à ce qu'il supporte le plein jour et même la vision du soleil), alors, il comprendrait que le monde de la caverne n'est qu'illusion, et que le «monde extérieur » seul est réel, vrai et beau.

Cet itinéraire progressif est, nous y reviendrons, celui de la philosophie, qui convertit notre regard, nous faisant passer de l'illusion au vrai. Le prisonnier libéré voudra sans doute retourner dans la caverne alerter ses anciens compagnons.

Mais alors, rentrant dans la caverne obscure, il subira un effet similaire à celui que ressent chacun d'entre nous passant du plein jour à l'obscurité.

Il ne verra rien, il se cognera, il prêtera à rire en ne reconnaissant plus les ombres.

Si, de plus, il explique à ses compagnons que ce qu'ils prennent pour la réalité n'est qu'illusion, et montre qu'il n'attache aucune importance à leurs concours et leurs honneurs, à tout ce à quoi les autres attachent de la valeur, alors, la farce tournera au tragique.

On le mettra à mort, comme un fou, comme un gêneur. Cette issue tragique, que Platon fait décrire par Socrate, représente bien entendu le sort de Socrate « le plus juste des hommes », que le tribunal populaire d'Athènes condamnera à mort.

Et le monde de la caverne est similaire à celui de la cité athénienne, avec sa démocratie directe, ses luttes intestines, sa soif d'honneurs. La fin de la fable illustre les rapports tendus, sinon impossibles, de la philosophie et de la cité.

Le sage se détourne de ce que le commun des mortels admire, se moque de ses honneurs, qu'il juge dérisoires parce qu'illusoires.

Sa maladresse dans les affaires courantes, cette maladresse qui prête à rire, le fait passer pour un fou ou un idiot, vient de ce qu'il sait, lui, que la plupart de nos affaires et de ce qui nous préoccupe est sans valeur et vain : un monde d'ombres.

Ce savoir, Socrate, comme le prisonnier libéré de Platon, l'a payé de sa vie, inaugurant une liste qui est loin d'être close.

Ces «assassins» potentiels: « Ils nous ressemblent». Mais quel est ce monde à l'extérieur de la caverne, le monde réel ? Il s'agit de ce que Platon nomme le monde des Idées.

Or, il nous faut comprendre en quoi une Idée n'est pas une conception, une «idée» au sens courant du terme. Les ombres, ces illusions, ont des causes : le soleil et l'objet dont, précisément, l'ombre est projetée sur les parois de la caverne.

A un seul objet peuvent correspondre plusieurs ombres, plusieurs apparences.

Une Idée au sens de. »

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