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Faut-il reconnaître quelqu'un comme son maître ?

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« Parties du programme abordées : - Le pouvoir. - Le désir (chez Hegel). - Autrui. - La violence. Analyse du sujet : L'obéissance acceptée peut-elle être une école d'autonomie et nous faire accéder à notre essence spirituelle authentique ? Faut-il être passé par la servitude pour atteindre véritablement son autonomie ? Conseils pratiques : Commencez par cerner le sens des concepts avec suffisamment de précision.

En particulier, le sens donné à l'expression quelqu'un peut orienter la problématique.

Un plan dialectique est souhaitable : A) Il faut reconnaître un maître pour parvenir à la conscience de soi ; B) Mais cette reconnaissance n'est-elle pas soumission et servitude ? C) Les idées de loi universelle et de volonté générale apportent la synthèse dans la reconnaissance mutuelle. Dans l'Antiquité, le maître était celui qui maintenait sous son autorité des esclaves qui travaillaient pour lui et lui permettaient ainsi de jouir d'une oisiveté qui lui donnait la possibilité de s'adonner à la politique ou à la philosophie. Mais aussi, on ne peut manquer de songer à la relation de Platon à son maître Socrate, lui ouvrant les voies de la vérité et de la liberté.

Le maître peut donc être pris en mauvaise ou en bonne part selon qu'on l'envisage dans sa relation à l'esclave ou au disciple.

Faut-il alors reconnaître quelqu'un comme son maître ? Etrange question ! Comme si le maître laissait le choix ! En apparence, la relation de maîtrise est unilatérale : l'un soumet ; l'autre est soumis et ainsi avoir un maître reviendrait à renoncer à sa liberté.

Est-il nécessaire et indispensable de poser comme conscience souveraine un être humain quelconque, d'accepter un sujet indéterminé en tant que personne ayant pouvoir et autorité sur soi et pouvant imposer sa volonté ? Ne serait-il pas nécessaire de reconnaître quelqu'un comme son maître parce que l'obéissance serait une école d'humanité et de liberté ? L'obéissance acceptée peutelle nous faire accéder à notre essence spirituelle authentique ? Il apparaît tout d'abord qu'il ne faut pas reconnaître quelqu'un comme son maître dans la mesure où une telle reconnaissance est une abdication de la volonté.

Se soumettre à l'autorité d'un autre, c'est perdre sa liberté essentielle, c'est donc renoncer à son humanité. Reconnaître quelqu'un comme son maître, c'est se soumettre à sa "loi ": un tel assujettissement ne peut être, semble-t-il, que générateur de servitude et d'aliénation de la liberté.

La maîtrise apparaît comme un "dressage", une forme répressive de relation avec autrui.

Faire de la reconnaissance une nécessité, c'est oublier que la reconnaissance du maître n'ouvre souvent qu'à la sphère de l'oppression.

Le moment de la liberté intervient, précisément, quand le sujet refuse de reconnaître quelqu'un comme son maître.

C'est contre la reconnaissance que se construit la liberté.

Ainsi, sur le plan éducatif, le moment de l'adolescence est précisément celui où l'individu déclare : je ne reconnaîtrai pas mes parents comme "maîtres".

A cet instant, l'adolescent refuse la "loi" et reprend, en ses propres mains, sa vie.

Il tente de créer, seul, de nouvelles valeurs.

Il est essentiel, pour tout être humain, de s'affranchir ainsi de toute tutelle pour réaliser sa liberté, sa vocation d'être humain autonome.

Dans l'opuscule Réponse à la question : qu'est-ce que les Lumières ?, Kant explique ainsi que tout homme doit, à partir du moment où il a atteint sa maturité physique et intellectuelle, faire usage de sa volonté et ainsi refuser de se soumettre à la raison d'un autre, quel qu'il soit: le mineur doit devenir majeur, il doit accéder à une pensée autonome et il ne peut le faire qu'à condition de s'affranchir des tuteurs qui le maintiennent dans un état de soumission et de dépendance. Il faut remarquer d'autre part que la reconnaissance apparaît d'ailleurs d'abord comme une nécessité pour le maître, avant d'être une question pour l'esclave.

En effet, le maître n'existe d'abord que dans un rapport de force. L'esclavage et la tyrannie en fournissent des exemples : le maître qui réduit en esclavage ne demande pas aux esclaves leur consentement.

Pourtant, au simple fait de maîtriser quelqu'un physiquement s'ajoute la capitulation par laquelle je reconnais que je suis maîtrisé.

Il n'y a cependant là qu'un embryon de reconnaissance, car celle-ci n'est encore que le reflet de la force.

Le maître pour rester maître exige davantage car les rapports de force sont instables.

Si la reconnaissance n'est fondée que sur la force du maître, le maître d'aujourd'hui risque de devenir l'esclave de demain.

Le rapport de force doit se transposer pour se perpétuer : de physique, il devient moral. L'esclave doit reconnaître la valeur supérieure du maître et se soumettre de son gré.

D'ailleurs, ce dépassement n'est pas seulement exigé par la conservation des rapports de force.

Il l'est aussi par l'idée même de maître.

Le maître ne doit pas seulement être maître des corps mais aussi des volontés.

Par là seulement il prend possession de. »

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