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Faut-il se passer de tout maître ?

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« Termes du sujet: MAÎTRE: Du latin magister, «celui qui est plus » (sous-entendu « que les autres »), « le maître ». Personne qui exerce une autorité, une domination (notamment sur un esclave), un pouvoir.

Chez Hegel, la conscience qui, dans la lutte à mort qui l'oppose à une autre conscience, préfère la liberté à la vie et s'affirme dans l'indépendance à l'égard d'autrui (dialectique du maître et de l'esclave).

Chez Nietzsche, l'homme vaillant et sans scrupule, qui se moque de la morale du ressentiment. Le maître est certes celui qui domine (relation économique de maîtrise et d'esclavage, relation politique de maîtrise et d'esclavage, voir la dialectique du maître et de l'esclave chez Hegel dans la Phénoménologie de l'esprit), qui a le pouvoir, mais c'est aussi le maître face à ses élèves ou ses disciples, le maître à penser.

Dès lors peut-on se passer de "tout" maître ? Faut- il, dans l'éducation, rompre avec son maître (voir les Propos sur l'éducation d'Alain) ? Pour quelles raisons est-il nécessaire de ne pas avoir de maître ou de ne plus en avoir ? Kant, dans Qu'est-ce que les Lumières ? (la question des tuteurs), explique que l'homme a besoin d'un maître mais que le maître lui-même est un homme, pouvant faire des erreurs.

"L'homme est un animal qui, du moment où il vit parmi d'autres individus de son espèce, a besoin d'un maître.

Car il abuse à coup sûr de sa liberté à l'égard de ses semblables ; et, quoique, en tant que créature raisonnable, il souhaite une loi qui limite la liberté de tous, son penchant animal égoïste l'incite toutefois à se réserver dans toute la mesure du possible un régime d'exception pour lui-même.

Il lui faut donc un maître qui batte en brèche sa volonté particulière et le force à obéir à une volonté universellement valable, grâce à laquelle chacun puisse être libre.

Mais où va-t-il trouver ce maître ? Nulle part ailleurs que dans l'espèce humaine.

Or ce maître, à son tour, est tout comme lui un animal qui a besoin d'un maître.

De quelque façon qu'il s'y prenne, on ne conçoit vraiment pas comment il pourrait se procurer pour établir la justice publique un chef juste par lui-même." (Kant, Idée d'une histoire universelle au point de vue cosmopolitique, sixième proposition).

L'horizon à questionner est celui de la liberté, qu'elle soit politique, morale ou de pensée, métaphysique.

Il s'agit de passer d'une relation hiérarchique à une relation d'égalité.

Cela convient-il à tous les domaines, politique, de la connaissance (voir Descartes et la nécessité de remettre en question ce qui nous vient du maître, pour parvenir à la connaissance) ? Les enjeux de ce sujet sont également politiques, relatifs à la question de la liberté. Prenez garde, la notion de « maître » n'est pas uniquement politique, elle appartient aussi aux domaines de l'éducation et de l'art. Vous devez, bien entendu, montrer la nécessité d'avoir un maître pour apprendre à respecter les lois ou pour acquérir certaines connaissances.

Songez, par exemple, au rôle capital et exemplaire des « grands maîtres » en art, ou des « maîtres à penser » comme Socrate, en philosophie. Vous devez également montrer les obstacles à la liberté qu'engendre le pouvoir d'un maître sur ses esclaves, ses subordonnés, ses disciples ou ses apprentis.

Toute la difficulté est sans doute de montrer à la fin de votre dissertation dans quelle mesure le besoin d'un maître peut néanmoins s'accorder avec l'aspiration à la liberté. Dans ce dessein, inspirez-vous du paradoxe que souligne Kant dans Idée d'une histoire universelle au point de vue cosmopolitique : le but de l'éducation est de devenir libre; or, toute éducation se fait peu ou prou par la contrainte d'un maître.

Toute la difficulté est donc d'apprendre, grâce au maître, à nous passer de lui. [Les hommes sont libres et autonomes.

Ils n'ont pas besoin de l'autorité d'un maître.

On peut tout à fait apprendre par soi-même, en autodidacte.

Seuls les êtres faibles et soumis ont besoin d'un maître pour les guider.] La nature est le seul maître Rousseau s'est éduqué en autodidacte.

Simple apprenti graveur à Genève, c'est par ses lectures personnelles, ses voyages qu'il a formé son esprit.

De là vient sa réticence envers les maîtres qui gâtent l'esprit des enfants en les détournant de leur pente naturelle.

Les hommes sont nés libres et n'ont pas besoin de maîtres.

La nature est un guide suffisant.. »

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