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PEUT-ON SE PASSER D'UN MAÎTRE ?

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« INTRODUCTION Beaucoup d'expressions françaises font appel au mot maître : trouver son maître, être seul maître à bord, être maître de soi, c'est un grand maître, etc.

Jusqu'à certaines professions qui délivrent le titre de maître (avocats), de maître-queue (cuisiniers).

Tout petit déjà nous avons un maître ou une maîtresse d'école.

Alors ? un maître par contrainte ou par désir du maître ? I.

Puisque par définition la liberté est absence de contraintes, l'homme peut se passer d'un maître • En quittant l'état de nature (sans contraintes), l'homme a développé sa raison.

La raison produit la loi qui appelle ainsi à la transgression.

Dire que nous sommes capables de nous conduire librement signifie que nous sommes capables de délibérer, de choisir, de juger, de donner les raisons de nos actes.

Seul l'animal agit sans contraintes, soumis à ses instincts.

(cf.

Rousseau et Kant). II.

« L'homme est un animal qui a besoin d'un maître » (Kant) • « L'homme est un animal qui, du moment où il vit parmi d'autres individus de son espèce, a besoin d'un maître.

Car il abuse à coup sûr de sa liberté à l'égard de ses semblables ; et quoique, en tant que créature raisonnable, il souhaite une loi qui limite la liberté de tous, son penchant animal à l'égoïsme incite toutefois à se réserver dans toute la mesure du possible un régime d'exception pour lui-même.

Il lui faut donc un maître qui batte en brèche sa volonté particulière, et le force à obéir à une volonté universellement valable, grâce à laquelle chacun puisse être libre », (Kant).

La nature humaine, égoïste, individuelle, soumise aux passions donc au désordre, oblige l'homme sensé à trouver des limites aux débordements, à imposer des lois, un maître. Depuis l'enfance, il est clair que nous avons besoin d'être limité, éduqué, mais il est vrai aussi qu'il est confortable de se laisser guider.

La Boétie pense que l'autorité tyrannique se fonde sur l'abdication par le peuple de sa liberté : «Et pourtant ce tyran, seul, il n'est pas besoin de le combattre, ni même de s'en défendre ; il est défait de lui-même pourvu que le pays ne consente pas à la servitude », (Discours de la servitude volontaire).

Et Kant que « la paresse et la lâcheté sont les causes qui expliquent qu'un si grand nombre d'hommes, après que la nature les a affranchis depuis longtemps d'une direction étrangère [...] restent volontiers, leur vie durant, mineurs, et qu'il soit si facile à d'autres de se poser en tuteurs des premiers », (Qu'est-ce que les lumières ?).

L'homme semble donc ne pas pouvoir, ou exceptionnellement, se passer d'un maître.

Mais doit-on accepter n'importe quel maître ? III.

Plutôt qu'un maître, un guide ? • Du point de vue politique : – Même si comme le pense l'anarchiste Bakounine, la liberté est le rejet de toute autorité, notamment celle de l'État condamné à disparaître, le but d'un État véritable est la liberté : « Si les hommes étaient ainsi disposés par la Nature qu'ils n'eussent de désirs que pour ce qu'enseigne la vraie Raison, certes, la société n'aurait besoin d'aucune loi : il suffirait absolument d'éclairer les hommes par des enseignements moraux pour qu'ils fissent d'eux-mêmes et d'une âme libérale ce qui est vraiment utile.

Mais tout autre est la disposition de la nature humaine.

[...] De là vient que nulle société ne peut subsister sans un pouvoir de commandement et une force, et conséquemment sans des lois qui modèrent et contraignent l'appétit du plaisir et les passions sans frein », (Spinoza, Traité de l'autorité politique.) La cité juste sera alors celle inspirée par la raison.

L'obéissance aux lois de cette cité juste réalise la liberté du citoyen.

Par contre, cette liberté se trouve ruinée quand règne un despote. • Du point de vue philosophique et individuel : – Platon eut pour maître Socrate, qui lui apprit à être libre, à se détacher des contingences, préjugés, etc.

Socrate ne fonda même jamais une école, n'écrivit rien. – « Je suis condamné à être libre » dit Sartre.

Je ne peux me reposer sur aucune autorité.

Totalement libre, je suis totalement responsable. • Du point de vue moral : – Il s'ensuit que ma véritable liberté est d'accomplir mon devoir par devoir (autonomie kantienne). • N'oublions pas pourtant qu'un maître a eu besoin lui aussi d'un maître. CONCLUSION Il semble que de par sa nature l'homme ne puisse se passer d'un maître, d'un guide, d'un tuteur.

Mais le but serait, utopiquement sans doute, d'arriver à assez de raison pour vivre sans lui.

Nietzsche disait : « Les vrais éducateurs sont des libérateurs.. »

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