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Vouloir retourner à une vie naturelle a-t-il un sens pour l'homme ?

Extrait du document

« Un sujet tout à fait d'actualité.

Quelle signification donnera l'intention ferme et résolue d'adopter à nouveau une existence rythmée par les conditions imposées par la nature, existence supposée être celle des temps passés ? Tout repose sur la notion de «vie naturelle », d'existence se conformant aux données « innées» et quasi,, biologiques». Cette notion n'est pas dépourvue d'équivoques ! Le sujet vous Interroge aussi sur le sens que peut prendre pour l'homme un retour vers son passé. Vouloir retourner à la vie naturelle peut relever d'un désir.

Interrogez vous sur les raisons qui peuvent motiver ce désir.

Vous pouvez dans cette perspective montrer en quoi cela relève d'une critique de la société.

Cela dit, il faut ici s'interroger sur la légitimité de ce désir et sur le sens qu'il peut avoir.

De nombreuses publicités nous proposent un retour à la nature loin des vicissitudes de la vie en société, nous représentant cette nature comme un paradis perdu.

Le retour à la nature est alors considéré comme une sorte de retour à l'authentique.

Vous pouvez donc montrer qu'il repose implicitement sur une critique de la société.

Mais que signifie ici vie naturelle? Un homme élevé dans la civilisation peut-il retourner à la vie naturelle? Cette vie naturelle ne sera-t-elle pas nécessairement artificielle ? En d'autres termes, ne s'agit-il pas ici d'une certaine représentation de la nature plutôt que de vie naturelle ? Lorsque Rousseau a écrit le Discours sur l'origine et les fondements de l'inégalité parmi les hommes, Voltaire, de manière ironique a dit que Monsieur Rousseau voulait nous faire retourner à quatre pattes dans la forêt. Cette critique tendait à montrer que le retour à la vie naturelle n'avait aucun sens.

Néanmoins, il ne s'agissait en rien pour Rousseau de tenir de tels propos.

Il s'interrogeait à savoir comment avait pu naître les inégalités actuelles. Dans cette perspective, il s'est attaché à construire l'hypothèse d'un état de nature sans jamais le poser comme modèle.

Vous pouvez aussi partir de ce point pour traiter votre sujet.

Vous pouvez, par exemple, partir de la critique que Rousseau fait de l'étant de nature chez Hobbes pour montrer que Hobbes se contente de projeter les hommes civilisés dans la nature alors que l'étant de nature chez Rousseau consiste à ôter à l'homme tout ce que la civilisation lui a apporté.

Ici, nous sommes bien alors face à des représentations de l'étant de nature qu'il faut interroger. Conseils pratiques. Vous devez vous pencher sur la célèbre notion d'homme à l'état de nature qui a été largement développée du XVI ième au XVII ième siècle, et dont l'écologie moderne n'est, sous certains aspects, qu'une résurgence.

vous pouvez développer Ici un plan progressif, s'attachant aux différents sens de l'expression "vie naturelle", ou un plan dialectique si vous vous intéressez au problème du retour vers le passé. Bibliographie. Luc FERRY, Le nouvel ordre écologique, Grasset. Edgar MORIN, Le paradigme perdu : la nature humaine, Seuil. L'état de nature est un paradis perdu Selon la Bible, l'état de félicité des hommes correspond à l'état de nature où Adam et Ève vivaient en harmonie avec la nature au jardin d'Eden ! Le pêché originel marque la tragique chute hors de ce jardin des délices.

La tâche de l'humanité déchue serait donc, dans cette perspective biblique, de se racheter pour retrouver cet état initial de bonheur. Dans l'état de nature, dont Rousseau assume le caractère hypothétique, l'homme est isolé et bon.

Il ne doit sa férocité qu'à la crainte.

Il faut attribuer à la société l'apparition de la contradiction de l'homme avec lui-même : il est bon et méchant.

D'un côté, éveillé à la moralité par les sentiments qui le lient à d'autres (la pitié naturelle), l'homme est poussé par ses besoins moraux à inventer une langue pour les exprimer (Essai sur l'origine des langues).

De l'autre, il est inspiré par la méchanceté, la haine, le désir de dominer et d'être préféré, que Rousseau appelle l'amour-propre.

Si l'homme n'est pas mauvais en lui-même, tout le mal vient de ce qu'il est mal gouverné. Attention, il n'y a pas de nostalgie chez Rousseau de l'état de nature.

Car, pour Rousseau, comme pour Aristote, c'est dans la société que l'homme pourra développer toutes ses facultés et les plus grandes vertus. Mais Rousseau sait que c'est aussi en société que se développeront les plus grands vices. La civilisation nie la vie comme la société nie la liberté Calliclès, dans un célèbre dialogue de Platon, montre que la société s'oppose à la nature.

Les lois sociales vont à l'encontre des lois naturelles en promulguant l'égalité des hommes alors que, naturellement, ces derniers sont inégaux.

Ainsi, vouloir retourner à la vie naturelle peut paraître raisonnable.. »

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