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L'interprétation comme recherche du sens ?

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« 1.

Sens et signification Il convient de distinguer le sens comme idée représentée par un signe ou un ensemble de signes, et le sens d'une action ou d'un phénomène qui l'organise et lui confère une cohérence (intentionnelle ou non).

On dit qu'un mot a un sens, mais on peut également parler du sens d'une vie, c'est-à-dire de ce qui lui donne son sens. 2.

Comprendre et expliquer Comprendre, c'est reconnaître du sens et de la valeur à un acte ou un individu, comme lorsqu'on dit : « Je te comprends » ; cela signifie qu'un phénomène a une signification pour nous. Expliquer, c'est dégager la cause immédiate ou lointaine d'un fait.

Le délire, par exemple, est incompréhensible, mais il peut, entre autres, être expliqué par des lésions organiques. 3.

Le nihilisme La disparition du sens apparaît d'abord sous la forme d'une disparition de toute forme de transcendance (Dieu, le destin).

L'homme a alors le statut d'interprète : en l'absence d'une vérité une et unique, il ne reste plus que des interprétations diverses.

Ce que Nietzsche a appelé le nihilisme est la disparition de la croyance en des vérités, qui entraîne un relativisme des valeurs. LA MONTÉE DU NIHILISME ET LE DERNIER HOMME A.

La mort de Dieu C'est sous le signe de la mort de Dieu que s'ouvre le prologue et que s'amorce la « descente » de Zarathoustra parmi les hommes.

C'est l'événement de la mort de Dieu qui rend possible l'enseignement de Zarathoustra.

Il signifie que, pour la première fois dans l'histoire humaine, le « monde suprasensible » est considéré comme n'existant pas, et ce, aux yeux de Nietzsche, de manière irréversible.

Cet événement produit une mutation dans l'histoire de l'humanité et place celle-ci devant un double avenir : elle rend possible l'existence du dernier homme, mais elle pourrait également, et c'est tout le sens de l'enseignement de Zarathoustra, rendre possible l'existence du surhomme. Cette annonce de la mort de Dieu peut être entendue de diverses manières.

C 'est en fonction de leur manière d'accueillir cet événement porteur de plusieurs sens que se dessinent les diverses figures rencontrées dans le Zarathoustra.

Le saint ne sait pas ou ne veut pas savoir que Dieu est mort.

L'homme supérieur veut faire comme si les anciennes valeurs avaient toujours cours, quoiqu'il sache que ce qui permettait de les fonder et de les légitimer appartient désormais au passé.

Le dernier homme est celui qui tient l'événement de la mort de Dieu pour une évidence et une bonne nouvelle : il croit qu'elle veut dire simplement que désormais « tout est permis », que l'existence est devenue plus simple et plus légère, et il est incapable de concevoir que cette mort de Dieu place l'humanité devant la tâche la plus lourde et la plus décisive. B.

Le dernier homme Le dernier homme est dernier au sens où il vient en dernier, mais aussi au sens où il est le plus petit et le plus méprisable : il est le dernier des hommes.

Il est l'homme moderne, imbu de lui-même, qui se voit comme le digne aboutissement de toute l'histoire humaine.

Toute grandeur et tout héroïsme lui sont étrangers ; c'est pourquoi sa propre histoire lui est devenue inintelligible (« Jadis, tout le monde était fou »).

Il s'imagine avoir inventé raison et bonheur, qu'il identifie au confort, à la tranquillité, au bien-être.

Tout mode de vie plus intrépide qui vise au-delà de ces « valeurs » lui paraît insensé et symptôme de folie. Le dernier homme est incapable d'envisager l'avenir autrement que comme l'amélioration et la généralisation de son propre mode de vie : égalité entre les hommes, chaleur du troupeau, sécurité, confort – il ne conçoit rien de supérieur à cela.

Toute aventure humaine qui vise au-delà de ces valeurs lui semble risible et digne de l'asile (Zarathoustra leur dit : « Tous êtres jusqu'ici par-dessus eux créèrent quelque chose ; et de ce grand flux vous voudriez être, n'est-ce pas, le reflux, et plutôt que de surmonter l' homme vous préférez encore revenir à la bête ! »). "L'homme contre le monde », l'homme principe « négateur du monde », l'homme comme étalon des choses, comme juge de l'univers qui finit par mettre l'existence elle-même sur sa balance pour la trouver trop légère – tout cela est d'un mauvais goût monstrueux et écoeurant, – quoi de plus risible que de placer « l'homme et le monde » l'un à coté de l'autre, quelle sublime présomption que ce petit mot « et » qui les sépare ! Mais quoi ? En rire, n'est-ce pas faire un pas de plus dans le mépris des hommes ? Et, par conséquent aussi, un pas de plus dans le pessimisme, dans le mépris de l'existence, telle que nous la percevons ? N'est-ce pas tomber dans le soupçon qu'occasionne ce contraste, le contraste entre ce monde où, jusqu'à présent, nos vénérations avaient trouvé un refuge – ces vénérations à cause desquelles nous supportions peut-être de vivre – et un monde qui n'est autre que nous-mêmes : un soupçon implacable, foncier et radical à l'égard de nous-mêmes, qui s'empare toujours davantage de nous autres Européens, nous tient toujours plus dangereusement en sa puissance et pourrait facilement placer les générations futures devant cette terrible alternative : « Supprimez vos vénérations, ou bien – supprimez-vous vous-mêmes ! » Le dernier cas aboutirait au nihilisme ; mais le premier cas n'aboutirait-il pas aussi au nihilisme ? – C'est là notre point d'interrogation !" NIETZSCHE Disciple de Schopenhauer, Nietzsche se demande ce qu'il en est de l'homme, quand « Dieu est mort », c'est-à-dire quand disparaissent les références à un absolu, qu'il s'agisse de Dieu ou d'une croyance de substitution : vérité scientifique ou sens de l'histoire.

C'est dans ce texte qu'il introduit pour la première fois la notion de nihilisme. Nietzsche vient, de façon ironique, de définir l'homme comme « l'animal qui vénère », c'est-à-dire qui a besoin pour vivre, pour supporter sa propre limitation, sa médiocrité, de croire en un absolu.

C'est « l'instinct de faiblesse » des êtres humains qui fait la force de leurs croyances.

Nietzsche parlera plus loin de « cet impétueux désir de certitude qui se décharge aujourd'hui encore sous des allures scientifiques ou positivistes dans les grandes masses » (Le Gai Savoir, § 347). Or, prendre conscience de ce besoin mensonger de croire, c'est savoir que le monde est sans Dieu, sans raison, sans fin morale, donc « inhumain ».

C'est au pessimisme moderne, à celui de Schopenhauer, que Nietzsche rapporte « la prétention d'inventer des valeurs qui dépasseraient le monde véritable », prétention « humaniste » qui s'exprime dans l'alternative : l'homme et le monde.

Quel sens aura alors toute existence et d'abord celle de l'homme lui-même, « ce monde que nous sommes nous mêmes » ? Nietzsche pense surtout à l'effondrement de la morale.

L'interrogation qui termine le texte (« notre interrogation ») est celle du philosophe qui prend conscience du « nihilisme », c'est-à-dire, que toutes les valeurs ont perdu leur fondement.

Le terme même de nihilisme semble avoir été emprunté à Paul Bourget dans ses Essais de psychologie contemporaine.

II avait déjà désigné un scepticisme radical et désespéré, ainsi qu'un mouvement révolutionnaire russe extrêmement violent.

La question de savoir si la mort de Dieu n'est pas tout autant la mort de l'homme sera souvent reprise de nos jours.

Quant à Nietzsche lui-même, il cherchera un au-delà du nihilisme dans la venue du « surhomme » enfin pleinement affirmatif.

Mais l'interprétation raciste donnée parfois à cette notion de sur-homme est une falsification de la pensée de Nietzsche.. »

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