L'interprétation comme recherche de la vérité ?
Extrait du document
«
Vérité
La vérité concerne l'ordre du discours, et il faut en cela la distinguer de la réalité.
Elle se définit traditionnellement
comme l'adéquation entre le réel et le discours.
La philosophie, parce qu'elle recherche la vérité, pose le problème de ses conditions d'accès et des critères du
jugement vrai.
1.
Pourquoi interpréter ?
Si la vérité était immédiatement présente et évidente, l'interprétation ne serait pas nécessaire.
C'est parce que
nous sommes éloignés de la vérité que la médiation de l'interprétation s'impose.
Interpréter, c'est rechercher une
vérité que les signes nous laissent entrevoir.
Ainsi les devins interprètent le vol des oiseaux.
Par conséquent, dans
l'interprétation, le vrai n'est qu'indirectement présent, ce qui fait de l'interprétation une connaissance incertaine.
On
pourra étayer cette idée avec l'herméneutique freudienne des rêves:
«L'interprétation des rêves est la voie royale de la connaissance de l'inconscient dans la
vie psychique.»
Freud, Sur le rêve (1900).
• L'inconscient freudien n'est pas une forme atténuée de conscience: c'est la région du
psychisme humain, chargée de notre libido, c'est-à-dire de l'ensemble de nos désirs
sexuels, qui agit sur nos actes et sur nos pensées.
Ainsi, pour Freud, rien de ce que
nous disons, faisons ou ressentons n'est jamais dû au hasard, mais est le signe d'un
désir inconscient.
D'où les lapsus ou les actes manqués.
• Les rêves sont la «voie royale» de la connaissance de l'inconscient.
Partant du
principe, établi à travers l'étude de nombreux cas, que «le rêve est l'expression de désirs
refoulés», la psychanalyse permet de retrouver quels sont les désirs inconscients à
l'ouvre chez les individus.
En les identifiant, elle permet parfois de lever leurs angoisses
et de les faire sortir de leurs névroses.
« Le rêve suivant qui a d'ailleurs, parmi ses antécédents, un état névrotique, vous
intéressera sous plusieurs rapports.
Il voyage en chemin de fer.
Le train s ‘arrête en pleine campagne.
Il pense qu'il s'agit d'un accident, qu'il faut songer
à se sauver, traverse tous les compartiments du train et tue tous ceux qu'il rencontre : conducteur, mécanicien,
etc.
A cela se rattache le souvenir d'un récit fait par un ami.
Sur un chemin de fer italien on transportait un fou dans un
compartiment réservé, mais par mégarde on avait laissé entrer un voyageur dans le même compartiment.
Le fou tua
le voyageur.
Le rêveur s'identifie donc avec le fou et justifie son acte par la représentation obsédante, qui le
tourmente de temps à autre, qu'il doit « supprimer tous les témoins ».
mais il trouve ensuite une meilleure motivation
qui forme le point de départ du rêve.
Il a revu la veille au théâtre la jeune fille qu'il devait épouser, mais dont il
s'était détaché parce qu'elle le rendait jaloux.
Vu l'intensité que peut atteindre chez lui la jalousie, il serait
réellement devenu fou s'il avait épousé cette jeune fille.
Cela signifie : il la considère comme si peu sûre qu'il aurait
été obligé de tuer tous ceux qu'il aurait trouvés sur son chemin, car il eût été jaloux de tout le monde.
Nous savons
déjà que le fait de traverser une série de pièces (ici le compartiment) est le symbole du mariage.
A propos de l'arrêt du train en pleine campagne et de la peur d'un accident, il nous raconte qu'un jour où il
voyageait réellement en chemin de fer, le train s'était subitement arrêté entre deux stations.
Une jeune dame qui se
trouvait à côté de lui déclare qu'il va probablement se produire une collision avec un autre train et que dans ce cas
la première précaution à prendre est de lever les jambes en l'air.
Ces « jambes en l'air » ont aussi joué un rôle dans
les nombreuses promenades et excursions à la campagne qu'il fit avec la jeune fille au temps heureux de leurs
premières amours.
Nouvelle preuve qu'il faudrait qu'il fût fou pour l'épouser à présent.
Et pourtant la connaissance
que j'avais de la situation me permet d'affirmer que le désir de commettre cette folie n'en persistait pas moins chez
lui.
» FREUD, « Introduction à la psychanalyse » (1917).
2.
Le plaisir de l'interprétation
Pourtant, l'interprétation peut constituer un chemin vers la vérité, à condition d'interpréter avec méthode et de
disposer d'un bon maître capable de guider notre esprit.
L'interprétation des mythes, symboles et allégories
constitue ainsi chez Platon un moyen de se tourner vers le vrai.
Le plaisir de l'interprétation permet la conversion du
regard : en interprétant les symboles, l'esprit s'habitue au vrai, dans un espace intermédiaire entre le sensible et
l'intelligible.
Prenons l'exemple du mythe de la Caverne:.
»
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