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La méthode est-elle nécessaire dans la recherche de la vérité ?

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Cette position présuppose une nature rationnelle de la vérité et plus encore elle présuppose que la vérité soit en affinité avec le calcul, bref c?est une conception mathématicienne, logiciste.             La position intuitionniste refuse que la connaissance s?enkyste dans des automatismes et que la pensée ne soit vidée et dépossédée par le calcul. Lors de sa remontée vers l?identification du cogito comme vérité première Descartes écarte les évidences mathématiques, la science doit être fondée sur un sol philosophique. La conséquence est double : d?une part la philosophie est mise au service de la science mais d?autre part la méthode servant à dévoiler la vérité première sera proprement philosophique. Husserl reprend le projet cartésien : le jugement dépend de l?évidence, la connaissance est nouée à la perception et donc de nouveau la certitude au cogito. Ce n?est plus la logique mais le Je qui est garant de la méthode et sert d?outil pour rechercher la vérité. Mais la méthode peut se décliner encore de diverses autres façons (criticisme kantien, dialectique hégélienne?).   III-Pourquoi vérité et méthode vont-elles de pair ?               L?histoire de la philosophie témoigne donc de ce que la recherche de la vérité est liée à la recherche d?une méthode, encore faut-il interroger les raisons d?un tel lien. La raison seule est capable de former l?idée de vérité, celle-ci est une notion proprement humaine.

« La vérité a-t-elle nécessairement partie liée au rationnel ? Ne peut-elle pas se dévoiler au cours d'un événement, d'une rencontre accidentelle ? Mais l'idée d'une recherche de la vérité suppose que celle-ci ne se donne pas à nous d'emblée.

Or, si la vérité est dissimulée, cachée, bref masquée a priori, comment pourrait-on en entamer la recherche autrement qu'en suivant une méthode ? Comment le hasard, la chance, pourrait-ils nous délivrer l'invisible ? Une pensée rigoureuse ne saurait s'orienter sans méthode, le projet même de la recherche en implique l'élaboration. I-La vérité peut se dévoiler d'elle-même. Il est fréquent, l'expérience le prouve, que la vérité ait lieu comme révélation.

Dès lors l'accès à la vérité n'est pas tributaire d'une méthode ; un cas par excellence est celui de la révélation religieuse.

La conversion qu'elle implique n'a pas été rationnellement cherchée par celui qu'elle concerne, la vérité peut donc surprendre l'homme tandis qu'il la cherchait ailleurs, Pascal devenu mystique en est un exemple. La vérité apparaît alors comme une sorte de possession, comme une force extérieure qui enveloppe celui qu'elle touche, au-delà du sentiment religieux c'est également valable pour la naissance du sentiment amoureux ou lorsqu'un souvenir capital se saisit de notre mémoire tandis qu'on ne le cherchait pas (cf.

les héros psychotiques de certains films d'Hitchcock).

Même les scientifiques peuvent être touchés par de telles « révélations », ainsi qu'on le raconte d'Archimède ou de Newton. La vérité est donc l'enfant d'une rencontre, c'est la position de Deleuze : la pensée est ravie du dehors par une force impersonnelle, le sujet est essentiellement passif dans cette opération.

Dans Différence et répétition (au début du chapitre « L'image de la pensée ») Deleuze dénonce le présupposé de toute philosophie : que la pensée soit en affinité avec le vrai, douée d'une bonne nature immanente et incontestablement capable d'accéder à la vérité.

Bref la pensée ne doute pas de ses propres capacités. II-Rechercher la vérité c'est rechercher la méthode d'accès à la vérité. Toutefois l'homme n'est pas caractérisé par sa passivité, il est au contraire animé d'une soif de connaissance et celle-ci se conquiert toujours dans la recherche (c'est d'ailleurs le nom des institutions mises au service de la connaissance, les départements de recherche).

Il semble que la recherche de la vérité soit tout autant la quête d'une technique épistémologique la plus fiable et solide possible. On le sait il y a en somme deux écoles qui se sont imposées dans l'histoire de la philosophie quant à la méthode pour trouver ou produire la vérité.

La scolastique aristotélicienne, améliorée par la logique leibnizienne puis au XXe siècle la philosophie analytique d'un côté et de l'autre l'intuitionnisme cartésien dont la phénoménologie s'est faite l'héritière.

Les arguments en faveurs d'un formalisme logique sont plus proche du sens commun et de la science : il faut réduire au maximum la part d'implication personnelle propre à nous égarer.

On ne peut se fier à la subjectivité capable d'erreurs en vertu de sa sensibilité.

La raison doit donc s'appuyer sur une logique formelle en principe infaillible.

La raison devra se contenter d'enchaîner les syllogismes (ou autres mécanismes logiques), et d'en interpréter les résultats (à moins que cela n'échoue, par exemple de nos jours, à l'informatique).

Cette position présuppose une nature rationnelle de la vérité et plus encore elle présuppose que la vérité soit en affinité avec le calcul, bref c'est une conception mathématicienne, logiciste. La position intuitionniste refuse que la connaissance s'enkyste dans des automatismes et que la pensée ne soit vidée et dépossédée par le calcul.

Lors de sa remontée vers l'identification du cogito comme vérité première Descartes écarte les évidences mathématiques, la science doit être fondée sur un sol philosophique.

La conséquence est double : d'une part la philosophie est mise au service de la science mais d'autre part la méthode servant à dévoiler la vérité première sera proprement philosophique.

Husserl reprend le projet cartésien : le jugement dépend de l'évidence, la connaissance est nouée à la perception et donc de nouveau la certitude au cogito.

Ce n'est plus la logique mais le Je qui est garant de la méthode et sert d'outil pour rechercher la vérité.

Mais la méthode peut se décliner encore de diverses autres façons (criticisme kantien, dialectique hégélienne…). III-Pourquoi vérité et méthode vont-elles de pair ? L'histoire de la philosophie témoigne donc de ce que la recherche de la vérité est liée à la recherche d'une méthode, encore faut-il interroger les raisons d'un tel lien.

La raison seule est capable de former l'idée de vérité, celle-ci est une notion proprement humaine.

Dès lors la vérité est moins un objet transcendant, existant en soi et qu'il nous faudrait atteindre, qu'une projection idéale de la raison elle-même : l'idée de vérité est corrélative de la volonté de savoir. En effet nous sentons que notre connaissance des faits est toujours en défaut, lacunaire (et le scientifique le ressent encore mieux qu'un autre), aussi nous postulons qu'un horizon idéal et adéquat de connaissance existe, bref nous sommes guidés dans le progrès parce que nous avons l'idée qu'au loin la vérité est à saisir.

Si la recherche de la vérité présuppose une méthode il faut dire tout autant que la connaissance produit la notion de vérité. Aussi la critique deleuzienne que nous avons évoquée nous paraît-elle difficilement soutenable, en effet Deleuze réifie la vérité, la sépare de la pensée et s'étonne de ce qu'on ne s'interroge pas sur leur prétendue affinité.

Or il est probable qu'à l'inverse il n'y a pas à s'interroger sur l'affinité ou la non affinité entre pensée et vérité puisque la vérité n'est qu'une production de la pensée elle-même, fantôme au service du progrès de la connaissance. Conclusion : La recherche de la vérité se soutient donc d'une méthode, celle-ci est en effet nécessaire non seulement au sens où l'histoire de la pensée l'illustre de fait mais aussi parce que la vérité est constitutivement impliquée comme membre dans l'ordre de la connaissance.

La pensée postule qu'il existe un terme idéal (qu'elle le prenne ou non pour réel) à la connaissance, la vérité comme moment d'accomplissement de la rationalité est donc dépendante de la méthode, quelle qu'elle soit.. »

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