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Sens et interprétation

Extrait du document

« A.

Expliquer par les causes, comprendre le sens Considérons l'emploi du mot « parce que » dans ces deux propositions : «Cette barre de métal s'est dilatée parce qu'on l'a chauffée» ; «J'ai giflé cet homme parce qu'il m'avait gravement insulté ».

Nous dirons tout naturellement que la cause de la dilatation, c'est l'échauffement ; que le sens ou la signification de ma gifle, c'est d'être une réponse à une offense grave.

Tandis qu'on explique des faits physiques ou chimiques (on cherche de l'extérieur une cause et un effet, on tente de recueillir une loi générale dans une série d'observations concordantes), on s'efforce de comprendre, de l'intérieur, par une sorte de sympathie, une attitude humaine.

Comprendre, c'est de l'intérieur découvrir le sens.

Les philosophes allemands Dilthey et Jaspers ont insisté sur cette distinction : la nature on l'explique, la vie de l'âme on la comprend.

On ne saurait expliquer les institutions et les comportements sociaux comme des choses, de l'extérieur, mais il semble possible de les comprendre, comme significations, par communication sympathique. La démarche propre aux sciences humaines repose sur la compréhension, non sur l'explication. «Dans les sciences de l'esprit [...] l'ensemble de la vie psychique constitue partout une donnée primitive et fondamentale.

Nous expliquons la nature, nous comprenons la vie psychique.» Dilthey, Idées concernant une psychologie descriptive et analytique (1894). • Dilthey, avec la distinction entre «expliquer» et «comprendre», essaie de penser une distinction entre: les sciences de la nature (qui tâchent d'écarter le flou interprétatif), et les sciences de l'esprit (qui admettent leur caractère interprétatif propre, sans perdre pour autant leur statut de science).

Contrairement aux ambitions du XVIIe siècle, les sciences de l'esprit (qu'on appellera plus tard les «sciences humaines») doivent s'affranchir du modèle géométrique pour constituer leur scientificité propre. B.

Traduction et interprétation • Aristote appelait interprétation tout discours qui dit « quelque chose de quelque chose ».

En fait, il ne s'agit pas seulement de mettre en relation un discours humain avec un sens, mais de jouer sur une pluralité de sens.

Comme le dit Paul Rieur (né en 1913), « l'interprétation est le travail de pensée qui consiste à déchiffrer le sens caché dans le sens apparent ».

Interpréter, c'est mettre en lumière, au-delà du sens littéral, immédiatement compréhensible, un autre sens, un sens « figuré » susceptible d'être saisi à travers le premier. • Le travail d'interprétation n'existe que lorsque le langage peut vouloir dire autre chose que ce qu'il dit.

L'équivalent exact, en langue française, d'une notice rédigée en langue anglaise est une traduction, non une interprétation. On parle d'interprétation dans diverses formes de la culture.

Qu'il s'agisse de l'interprétation d'un rêve, d'un mythe, d'un texte religieux ou d'une oeuvre d'art, dans tous les cas, la matière à interpréter a plusieurs sens possibles. Par exemple, la fable de La Fontaine intitulée « La cigale et la fourmi » peut être interprétée par le récitant, soit de manière à rendre sympathique le personnage de la fourmi, soit de manière à rendre sympathique le personnage de la cigale.. »

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