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La vision religieuse et l'explication scientifique du monde sont-elles compatibles ?

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« Termes du sujet: MONDE: ensemble des réalités matérielles qui constitue l'univers, mais aussi le monde humain, les relations entre les hommes. EXPLIQUER (v., étym.

: déplier) 1.

— (Logique class.) Exposer ce qui entre dans la compréhension d'un concept ; opposé à détermination, sens 1. 2.

— Rendre intelligible quelque chose en le rattachant à une détermination quelconque, et plus particulièrement causale ; parf.

opposé à comprendre. 3.

— Explication : action d'expliquer ; résultat de cette action ou proposition exprimant ce résultat.

4.

— Explicatif : a) Qui concerne l'explication, ou la valeur d'explication.

b) Définition explicative (logique class.) : définition où le définissant expose la compréhension d'un défini qu'on suppose implicitement donné ; opposée à définition constructive.

c) Proposition explicative (logique class.

PORT-ROYAL) : proposition incidente qui développe la compréhension du terme de la principale auquel elle se rapporte (le chat qui est un animal...), par opposition à l'incidente déterminative qui, ajoutant à la compréhension de ce terme, en restreint l'extension (la gloire qui vient de la vertu...). COMPRENDRE / EXPLIQUER : Comprendre, c'est connaître un phénomène de l'intérieur, par son sens, en déchiffrant sa singularité.

Dans les sciences, expliquer c'est ramener la diversité des phénomènes à des causes (leurs conditions de production) et à des lois permettant d'en faire des cas particuliers. L'énoncé pose un problème très actuel, celui de savoir si le progrès des sciences de la nature entraîne inévitablement avec lui le déclin de toute religion ou si, au contraire, il contribue à clarifier leurs rapports et à distinguer sans ambiguïté ce qui est de l'ordre de la science et ce qui appartient proprement à la religion, du moins à une certaine religion.

Le physicien Max Planck le formule avec une parfaite netteté : «Dans quelle mesure l'esprit religieux est-il compatible avec les connaissances que nous devons à l'esprit scientifique ? Autrement dit : un esprit formé aux disciplines scientifiques peut-il être, en même temps, authentiquement religieux?» Inversement, les exigences religieuses du croyant ne risquent-elles pas de se révéler inconciliables avec les résultats de la recherche scientifique ? Le problème se complique encore du fait que si la science est une, si, en dépit de la diversité des hypothèses et des théories par lesquelles les phénomènes naturels sont interprétés, il n'y a qu'une physique, une chimie, une biologie, alors que des religions extrêmement nombreuses et diverses ont été et sont pratiquées à travers toute la planète, et que, par conséquent, la réponse à ces questions dépend de ce qu'on met sous l'expression « vision religieuse ».

C'est donc aux genres les plus typiques des conceptions et pratiques religieuses que doit être confrontée l'idée d'explication scientifique. Cette idée repose, quelle que soit la science considérée, sur le postulat du déterminisme universel, selon lequel tous les phénomènes naturels sont liés entre eux par des relations invariables ou lois, et sur la nécessité causale qui lie le conséquent à son antécédent. Du point de vue religieux, nous retiendrons essentiellement les religions animistes, auxquelles se rattache la magie, les religions polythéistes, en particulier celles du paganisme gréco-romain et les religions spiritualistes de la civilisation judéo-chrétienne. § 1.

Religions animistes, magie et science. On peut définir la technique au sens général comme l'art d'agir rationnellement sur les choses.

Elle cherche toujours à connaître et à prévoir par les causes, mais, comme le montre Maurice Pradines dans L'Esprit de la religion, elle a emprunté l'idée de la nécessité causale, pour l'étendre à la nature entière, à trois types de relations.

En premier lieu, les relations créées par l'impulsion entre deux corps qui se rencontrent et se communiquent leurs mouvements : c'est la causalité mécanique d'où sort la science ; secondement, les relations créées par l'attraction de la sympathie entre deux êtres qui se mettent à sentir et à agir en correspondance : c'est la causalité magique ; enfin, les relations que produit la volonté qui conçoit une action et le corps qui la réalise sous forme de mouvement : c'est la causalité volontaire, qui caractérise les religions polythéistes. La technique mécanique, qui utilise la main et l'outil, nous est familière.

Il est vraisemblable que son action directe par contact et poussée est toujours apparue, même aux premiers hommes, comme entièrement naturelle, l'acte étant immédiatement et régulièrement suivi de l'effet répondant à l'effort musculaire accompli, et qu'en conséquence elle s'est exercée la première.

Mais elle ne pouvait opérer sur des objets lointains, cachés ou inaccessibles ni sur les processus régissant leur apparition : pluies, plantes, proies et gibiers divers et même individus ou tribus ennemis. C'est pourquoi, sans doute très vite, la technique magique s'est associée à elle, la redoublant souvent pour en assurer l'efficacité, par exemple à la pêche ou à la chasse.

Le principe causal de sympathie par lequel agit la magie, et qui est encore étranger à toute intention, se propage par effluves en attirant les êtres par un processus de fusion qui tend à les rendre semblables au sujet dont émane la sympathie.

Cette conception causale d'action par diffusion sur la nature définit l'animisme, qui naît spontanément chez le primitif comme chez l'enfant, lequel, sans exercer sa volonté, voit son entourage se modeler sur son comportement pour travailler à son bien-être.

Ainsi, par la sympathie, le monde est animé jusque dans ses parties en apparence les plus inertes, toutes organisées ensemble en un système vivant où chaque partie symbolise avec les autres et avec le tout. Ce qui constitue la magie, c'est l'utilisation technique de la sympathie, et le propre de la magie, c'est de croire que non seulement les choses obéissent à des affinités, mais qu'elles subissent les nôtres.

La magie peut opérer par mimétisme.

Les gestes, les attitudes, les dessins figurés et symboliques, les envoûtements mettent en action des. »

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