Aide en Philo

La raison humaine est-elle, par nature, conduite à supposer dans le monde plus d'ordre qu'elle n'en trouve ?

Extrait du document

« Termes du sujet: MONDE: ensemble des réalités matérielles qui constitue l'univers, mais aussi le monde humain, les relations entre les hommes. ORDRE: (n.

m., étym.

: latin ordo : file, disposition régulière) 1.

— Arrangement, disposition ; principe de disposition ; en part., logique : « L'ordre consiste en cela seulement que les choses qui sont proposées les premières doivent être connues sans l'aide des suivantes » (DESCARTES) ; « Le coeur a son ordre, l'esprit a le sien qui est par principe et démonstration » (PASCAL).

Bon ordre : arrangement conforme à la raison.

2.

— Catégorie, classe à laquelle appartiennent des personnes ou des choses hiérarchisées : l'ordre des médecins ; biol : groupe morphologique intermédiaire entre la classe et la famille.

3.

— Rang ; degré dans une hiérarchie : infiniment petit du second ordre, un philosophe de premier ordre.

4.

— Harmonie « Dieu ne fait rien hors de l'ordre » (LEIBNIZ).

5.

— Régularité, constance des phénomènes : « L'ordre et la régularité dans les phénomènes que nous appelons Nature» (KANT).

6.

— (Pol.) Organisation sociale ; stabilité, fait que les institutions et les décisions des autorités légales soient respectées.

7.

— Commandement, prescription.

8.

— Relation d'ordre (math.) : relation réflexive antisymétrique, transitive (ordre large) ; quand la relation n'est pas réflexive, on la qualifie d'ordre strict. RAISON: Du latin ratio, « calcul », « faculté de calculer, de raisonner » (en grec logos). * Au sens subjectif : mode de penser propre à l'homme (lui-même défini comme « animal raisonnable »). * Par opposition à l'intuition : faculté de raisonner, c'est-à-dire de combiner des concepts et des jugements, de déduire des conséquences. * Par opposition à la passion ou à la folie : pouvoir de bien juger, de distinguer le vrai du faux, le bien du mal. * Par opposition à la foi : la « lumière naturelle », naturellement présente en tout homme. * Par opposition à l'expérience : faculté de fournir des principes a priori (c'est-à-dire indépendants de l'expérience) * Au sens objectif : principe d'explication, cause (exemple : les raisons d'un phénomène). * Argument destiné à légitimer un jugement ou une décision (exemple : donner ses raisons). • INTRODUCTION Le désordre apparent du monde, périodiquement renaissant, désespère tout à la fois le souci d'en saisir l'intelligibilité, et l'espoir de le voir progresser vers la paix et l'harmonie.

Mais son inconstance même - ordre et désordre semblant alterner - invite à s'interroger sur sa consistance.

Faut-il admettre une fois pour toutes que le monde est désordre ? Faut-il voir dans le désordre une apparence à laquelle seule notre ignorance provisoire donnerait son ascendant ? Faut-il, plus radicalement, considérer qu'il n'y a en lui que de l'ordre, la notion de désordre ne prenant sens qu'au regard des attentes proprement humaines ? Questions qui intéressent au plus haut point la raison humaine dans son effort non seulement pour comprendre ce qui est, mais aussi pour comprendre comment ce qui est peut être tel qu'il est - c'est-à-dire considérer le devenir qui permet de mettre en perspective chaque configuration de sens : ce qui aujourd'hui me paraît désordre ne se révélera-t-il pas demain comme relevant d'un ordre insoupçonné ? D'où la question : la raison humaine est-elle, par nature, conduite à supposer dans le monde plus d'ordre qu'elle n'en trouve ? I.

La raison suppose un ordre dans le monde avant de le trouver. 1.

Les conditions de la recherche scientifique. Il faudra montrer en quoi le savant, du fait même qu'il cherche à établir des vérités dans l'expérience, suppose un ordre sans lequel son travail serait vain.

(Nul n'aurait cherché à déterminer le cours des astres s'il n'avait supposé que leur cours fût régulier, ordonné.) 2.

L'agencement du monde. Plus généralement, le monde peut être représenté comme un tout ordonné.

L'exemple de la conception stoïcienne du monde est éclairant: le monde est un être vivant dont les parties sont les membres; un logos divin - la raison universelle - parcourt ce tout et permet aux parties de s'entre-répondre harmonieusement. II.

La raison n'est pas autorisée à dépasser les limites de l'expérience. 1.

Le refus de la finalité. La science moderne ne peut accepter une telle vision des choses.

On ne peut considérer, dira Nietzsche dans Par-delà le bien et le mal, le monde comme un ensemble harmonieux, un être vivant (dont les éléments du monde seraient les organes).

La finalité est la première à être récusée pour cette raison : on ne peut concevoir scientifiquement des fins auxquelles devraient s'ordonner les choses de ce monde. Le monde doit être pensé mécaniquement. 2.

L'ancrage dans l'expérience. L'ordre de la conception mécaniste des choses est immanent.

Aucun ordre transcendant (dépassant les limites de l'expérience) ne peut être accepté.

L'ordre découvert par la science est celui auquel conduit la seule expérience. 3.

La règle de prudence. Il convient dès lors d'être méfiant et de n'accepter que l'ordre qui a été dûment confirmé par une pluralité d'expériences.

Une théorie comme le darwinisme, qui présente l'ordre et l'évolution des espèces, ne saurait dès lors jamais être pleinement scientifique, parce qu'elle ne pourra jamais être prouvée.

La science, de façon générale, ne parvient qu'à des résultats approchés. III.

Penser le monde, c'est poser un ordre. 1.

L'ordre trouvé est toujours supposé. En radicalisant l'argument empiriste, on peut affirmer que nul ordre ne saura jamais être déduit de l'expérience: l'ordre est toujours introduit par la pensée.

Le propre de la science est de supposer toujours plus d'ordre entre les choses à mesure de ses avancées, introduisant des relations dans la confusion des phénomènes et les ordonnant ainsi. 2.

Sans ordre, point de pensée. Corrélativement, la pensée ne peut se passer de l'idée d'ordre, introduite à titre régulateur: l'ordre est la règle qui permet à l'homme de concevoir et de connaître les relations entre les choses qui, sans cela, seraient inintelligibles. 3.

L'ordre, condition de possibilité de l'expérience. Il n'y a plus dès lors de raison de distinguer un ordre trouvé d'un ordre supposé.

De même que l'expérience n'est rien sans le sujet pensant qui la rend possible, de même les objets du monde et le monde lui-même ne sont possibles que par l'ordre, qui permet de penser l'unité de l'expérience, le fait qu'elle soit soumise à un ordre.. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles