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Expliquez, et s'il y a lieu discutez, cette pensée de Jean Guéhenno : «On ne juge jamais mieux qu'à vingt ans l'univers : on l'aime tel qu'il devrait être. Toute la sagesse, après, est à maintenir vivant en soi un tel amour. » (Journal d'un homme de quar

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A notre époque la société est régie par les adultes. Les lois sont constituées, votées par eux ; les pays gouvernés par eux. Tout est dirigé par ce que l'on appelle « l'expérience et la sagesse ». Mais peut-on être sûr que la vérité soit du domaine de la raison ? Et pourquoi la jeunesse avec son enthousiasme n'aurait-elle pas un jugement tout aussi appréciable?

« Sujet : Expliquez, et s'il y a lieu discutez, cette pensée de Jean Guéhenno : «On ne juge jamais mieux qu'à vingt ans l'univers : on l'aime tel qu'il devrait être.

Toute la sagesse, après, est à maintenir vivant en soi un tel amour.

» (Journal d'un homme de quarante ans.) A notre époque la société est régie par les adultes.

Les lois sont constituées, votées par eux ; les pays gouvernés par eux.

Tout est dirigé par ce que l'on appelle « l'expérience et la sagesse ».

Mais peut-on être sûr que la vérité soit du domaine de la raison ? Et pourquoi la jeunesse avec son enthousiasme n'aurait-elle pas un jugement tout aussi appréciable? Les adultes se lamentent devant la jeunesse qui veut tout changer, tout remettre en question, abolir les frontières. Le changement leur fait peur tout comme le bouleversement de leur petite vie tranquille.

N'ont-ils pas été jeunes eux aussi, n'avaient-ils pas envie de connaître autre chose que la routine et l'ennui? Ils se souviennent de leur jeunesse comme d'une époque un peu folle, où l'élan de leur cœur ne leur permettait pas de voir la réalité.

Mais ils renient trop ce printemps de leur vie ; ils ont oublié que c'est la plus belle des saisons ; ils n'ont rien fait pour le retenir, pour que leur vie soit ensoleillée et fleurie.

Ils se sont laissé aller doucement vers l'engrenage de la terrible sagesse. Car ils se prétendent sages, connaissant la vie avec ses servitudes et ses contraintes, et ils se rengorgent de leur savoir ; donnant à tout propos mille conseils au tourbillon que représente la jeunesse.

Et pourtant celui-ci ne s'occupe pas d'eux.

Aussi, quand ils peuvent en attraper un au piège, ils se dépêchent de l'éduquer et de le façonner à leur image.

Ils ne l'ont mis au monde que pour en faire leur semblable ; puisqu'ils sont robots, il deviendra robot.

Et il ne faut surtout pas penser au changement puisque c'est ainsi depuis le début des temps.

Mais le mécanisme peut connaître une panne, et il peut ne pas accepter la vie qu'ils veulent lui faire subir; il deviendra différent et il luttera pour le changement.

Il restera à jamais dans les rangs des contestataires et il aura toujours un cœur de vingt ans. La jeunesse n'est que pureté.

Si elle trouve que le monde est horrible, c'est qu'elle le juge avec son cœur ; quand elle voit la misère, la pauvreté des hommes qui l'entourent, elle ne peut faire autrement que d'appeler au secours. Elle ne veut pas devenir comme ses aînés, des éléments au service d'une société.

Elle veut vivre pour être heureuse, sans contraintes et sans intérêt.

Elle veut ressembler à l'oiseau libre et heureux et ne veut croire qu'à l'amour.

Car c'est bien cela que les hommes ont oublié : l'amour de leur prochain.

Les adultes, les hommes sages ne connaissent plus ce que partager veut dire.

Ils savent, pour en avoir été victimes, que la générosité n'apporte rien, et qu'il est beaucoup plus profitable d'être égoïste et de ne penser qu'à soi.

Et ils vivent pour cela, pour connaître le bien-être matériel, ayant répudié le bien-être moral.

Le crime n'a pas grande importance puisque les remords n'ont pas cours, et puisque la révolte est le privilège de la jeunesse...

La lutte opposant la passion à l'expérience n'est pas un phénomène nouveau; toutes les époques ont connu cet affrontement.

Et pourtant jamais il ne s'est apaisé. Un dicton affirme : « Si jeunesse savait, si vieillesse pouvait », mais il serait préférable de dire : si la jeunesse avait le même pouvoir que les adultes et si les adultes savaient comme les jeunes aspirent à un monde nouveau, meilleur, généreux, juste, alors l'univers serait tel qu'il doit être.

Mais les hommes ne sont pas généreux, à part quelques rares exceptions qui gardent au fond de leur cœur le printemps et en font l'unique saison.

Quand ils deviennent adultes, les jeunes suivent le chemin de leurs aînés, le sentier tout tracé pour aboutir à ce qu'on appelle « sagesse ».

Peut-être le font-ils par lassitude, par dégoût du combat, mais surtout par facilité, car il est plus facile d'accepter que de combattre.

Ils acceptent la défaite et se rangent en dépit de leurs anciennes aspirations parmi les défenseurs de la tradition.

Et pourtant la 65 vraie sagesse n'est-elle pas de lutter constamment pour aboutir à la victoire ? Je crois que la sagesse se situe là.

Ne vaut-il pas mieux vouloir changer l'univers, le transformer que d'accepter ses contraintes ? Je le pense sincèrement ; il est nécessaire pour rester jeune de combattre les habitudes et la routine afin que le monde soit meilleur.

La jeunesse du cœur, la générosité sont les deux seuls sentiments qui devraient dominer la terre, mais le profit gâche tout et l'on oublie vite en son nom d'être jeune, d'être heureux.. »

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