En quel sens y a-t-il une ironie de l'histoire ?
Extrait du document
«
Termes du sujet:
En quel sens: quelle est la signification, comment comprendre l'expression et donc éviter un contresens: dans
quelles limites peut-on accepter ce dire?
HISTOIRE: Ce mot désigne soit le devenir, l'évolution des individus et des sociétés (allemand Geschichte), soit
l'étude scientifique de ce devenir (allemand Historie).
DIRECTIONS DE RECHERCHE
• Remarquer qu'il n'est pas question de statuer — en toute rigueur — sur l'affirmation implicite de cette question : il
y a une ironie de l'Histoire; mais de se demander « en quel sens on peut parler de l'ironie de l'Histoire.
»
• Méditer (entre autres) ces deux textes de Engels et de Marx :
Peut-on dire que les hommes font l'histoire alors même quitta ne sauraient pas l'histoire qu'ils font ?
Par exemple, ne pourrait-on en effet soutenir que « les hommes » certes ont des projets, et des projets «
historiques »? mais que les résultats de ces projets se contrecarrent si bien que le résultat final n'a rien à voir avec
les différents projets initiaux ?
« Mais deuxièmement, l'histoire se fait de telle façon que le résultat final se dégage toujours des conflits d'un grand
nombre de volontés individuelles, dont chacune à son tour est faite telle qu'elle est par une foule de conditions
particulières d'existence...
C'est ainsi que l'histoire jusqu'à nos jours se déroule à la façon d'un processus de la
nature et est soumise aussi, en substance, aux mêmes lois de mouvement qu'elle.
Mais de ce que les diverses
volontés — dont chacune veut ce à quoi la poussent sa constitution physique et les circonstances extérieures,
économiques en dernière instance (ou ses propres circonstances personnelles ou les circonstances sociales
générales) — n'arrivent pas à ce qu'elles veulent, mais se fondent en une moyenne générale, en une résultante
commune, on n'a pas le droit de conclure qu'elles sont égales à zéro.
Au contraire, chacune contribue à la
résultante, et à ce titre, est incluse en elle.
»
Extrait de : Engels, Études philosophiques (Éditions Sociales, p.
155).
(Les mots mis en relief (gras) le sont par
nous.)
— Citation de La Sainte Famille (Éditions Sociales), p.
116, où Marx s'en prend à l'idéalisme spéculatif des
philosophes allemands de la « Critique » :
« Une fois l'homme reconnu comme l'essence, comme la base de toute activité humaine et de toutes les situations
humaines, la « critique » seule peut encore inventer de nouvelles catégories et remétamorphoser comme elle le fait
précisément l'homme en une catégorie et en un principe de toute une série de catégories, recourant ainsi à la seule
échappatoire qui reste à l'inhumanité théologique traquée et pourchassée.
L'histoire ne fait rien, elle « ne possède
pas de richesse énorme », elle « ne livre pas de combats »! C'est au contraire l'homme, l'homme réel et vivant qui
fait tout cela, possède tout cela et livre tous ces combats; ce n'est pas, soyez-en certains, l'histoire qui se sert de
l'homme comme moyen pour réaliser — comme si elle était une personne à part — ses fins à elle; elle n'est que
l'activité de l'homme qui poursuit ses fins à lui.
»
Introduction
L'expression « ironie de l'histoire » renvoie à celle de l'ironie du sort.
L'ironie y est prise au sens d'une intention de
cruauté qu'on prête au sort, et donc ici au sens d'une brutalité caractérisée de l'histoire à notre endroit.
La question
du sujet (en quel sens) porte donc non pas sur le sens du mot ironie mais sur celui du mot histoire : en quel sens
l'histoire est-elle prise si elle est cruelle ? C'est la question du mal dans l'histoire qui est ainsi posée suggérant une
contradiction entre cette présence et l'idée de progrès : le mal dans l'histoire est-il la preuve qu'elle ne progresse
pas, ou est-il au contraire un moment nécessaire de ce progrès ?
Lignes directrices
I.
L'histoire est ironique au sens où même sa cruauté ne sert à rien : elle est tragique.
L'ironie consiste alors à nous
laisser chercher un sens de l'histoire là où il n'y en a pas, à déployer le mal en nous laissant spéculer sur le bien qui
pourrait en sortir.
Il faut prendre en compte le sens courant de l'expression, l'ironie de l'histoire, comme l'ironie du sort, mettant en jeu
des coïncidences remarquables quoique non significatives..
»
↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓
Liens utiles
- En quel sens y a-t-il une ironie de l'histoire ?
- Faut-il renoncer à l'idée que l'histoire possède un sens ?
- Faut-il présumer que l'histoire a un sens ?
- L'histoire a t-elle un sens et une finalité ?
- Est ce que les actions humaines donnent un sens à l'histoire ?