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Ce qui est naturel est il mauvais ?

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NATURE (lat. natura; de nasci, naître)

Terme équivoque qui connaît deux grandes acceptions selon qu'il désigne la nature d'un être ou la nature en général. Désignant la nature d'un être, le terme renvoie d'abord à l'idée d'une existence qui se détermine d'elle-même, sans l'intervention d'une cause étrangère : 1. s'oppose à ce qui résulte de l'art ou de la technique : « La nature est principe dans la chose même » (Aristote); 2. est synonyme d'essence d'un genre dès lors qu'il désigne l'ensemble des propriétés qui le définissent : « La nature d'un gouvernement est ce qui le fait être tel » (Montesquieu); 3. désignant ce qui est inné, s'oppose à l'acquis, c.-à-d. chez l'homme à la culture ; désignant ce qui est spontané, s'oppose à ce qui est réfléchi. Désignant la nature en général, le terme renvoie à l'idée d'un ensemble organisé et régi par des lois : 1. ainsi la nature comme ensemble des choses qui présentent un ordre et réalisent des types s'oppose pour Aristote au hasard : « La nature ne fait rien en vain » ; 2. la Nature en tant que s'y exprime une Absolue nécessité s'oppose au Monde - humain soumis à la contingence; 3. la nature où toute cause est elle-même l'effet d'une cause extérieure s'oppose pour Kant à la liberté qui suppose l'autonomie morale de l'agent.

NATUREL

: Qui concerne la nature,se rapporte à elle ou lui est conforme. Ce qui est naturel s'oppose à ce qui est acquis.

« Introduction La publicité utilise le naturel comme un argument destiné à nous faire préférer tel produit à tel autre.

Cette tendance exploite évidemment les craintes et les rejets suscités par des formes d'industrialisation massive.

Nous sommes induits à croire que la nature est synonyme d'harmonie et d'absence de dangers pour nos organismes.

Or, s'il est vrai que certaines maladies sont dues à la pollution, il ne faut pas oublier que nos ancêtres mouraient bien plus jeunes.

De même, être naturel peut passer pour l'expression d'une qualité, comme la franchise, mais désigne également un esprit rude, brutal et même méchant.

Ainsi, sur le plan physique comme moral, il apparaît que cette notion est équivoque et contient deux sens opposés.

Cette ambiguïté justifie que l'on se demande si les éloges qu'on lui décerne ne méritent pas d'être critiqués.

Le propre de l'homme est de se cultiver et de se civiliser.

Le naturel n'est-il pas la marque d'un défaut voire d'un vice qu'il s'agit de vaincre ? 1.

La question est-elle légitime ? A.

Comment se représenter le naturel ? Être naturel est une propriété.

Comment la définir ? Est-ce une qualité ou un défaut ? Quoi qu'il en soit, nous devons être en mesure de produire des critères permettant d'en juger.

Ce terme sert autant à qualifier des produits consommables que des hommes.

Une nourriture naturelle se reconnaît à l'absence d'additifs chimiques et est alors parée du prestige du sain et de l'authentique.

Lorsque nous disons de quelqu'un qu'il a un bon ou mauvais naturel, nous indiquons la présence en lui d'une spontanéité ennemie du mensonge.

Nous retrouvons, transposée sur le plan éthique, l'idée d'absence de préparation et d'artifice.

Le naturel se manifeste directement, sans apprêt.

Or, les deux cas offrent une difficulté similaire.

L'éloge du produit naturel ne doit pas faire oublier que beaucoup d'aliments seraient indigestes et nocifs s'ils n'étaient pas soigneusement cuisinés et conservés.

Quant à la conduite humaine, les jugements sur la spontanéité oscillent entre l'éloge de sa sincérité et le blâme à l'égard de sa brutalité.

Le langage courant identifie le naturel d'une personne à son caractère, désignant par là un fonds primitif mais admet également que l'éducation est décisive dans sa formation.

Le naturel existe-t-il vraiment ? Peut-on l'isoler comme une donnée irréductible à toute culture et à tout apprentissage ? À cette difficulté s'ajoute le devoir de s'interroger sur la pertinence des notions de bon et de mauvais. B.

L'illusion anthropomorphique Une chose mauvaise est, au premier sens, une réalité imparfaite.

Elle implique donc une action défectueuse par rapport à des normes établies.

Un mauvais travail est celui qui se développe sans ordre véritable, sans méthode suffisante ce qui engendre un résultat défaillant.

Cet aspect quasi technique n'est pas à sous-estimer car il inscrit d'emblée le bon et le mauvais dans le domaine de l'utile et du nuisible.

Le vice de forme et de fonctionnement affaiblit, voire annule la valeur d'une réalisation.

On peut même parler d'une valeur négative comme dans le cas d'un résultat désastreux ou lamentable.

Dans le Gorgias, Socrate argumente en suivant ce schème de pensée pour montrer à Calliclès l'alliance de la vertu et de la raison.

Qu'il s'agisse d'un meuble, du corps ou de l'âme, sa qualité consiste nécessairement dans son organisation interne, grâce à laquelle il peut exécuter correctement sa tâche.

Est donc mauvais un dérèglement qui cause l'échec de l'opération et suscite un déplaisir. Ces définitions sont-elles légitimes quand nous les appliquons au naturel ? Certes, nous avons pu remarquer que les registres techniques et moraux se rejoignent aisément.

Le propos de Socrate le prouve.

Le cas du meuble n'est qu'un exemple pour aider à définir la vertu de l'âme mais il est remarquable que Raton fasse cette analogie. Néanmoins, nous risquons de moraliser sur des sujets qui ne s'y prêtent pas.

Spinoza souligne fortement que les hommes imaginent la nature plus qu'ils ne la connaissent et son analyse montre la puissance inconsciente des considérations utilitaires.

En effet, nous naissons ignorants des causes des choses qui nous entourent et inquiets quant à la possibilité de réaliser nos buts.

Dès lors, nous appelons bon ce qui, dans la nature, convient à nos désirs et mauvais l'inverse.

Ce faisant, nous tombons dans deux illusions solidaires.

La première consiste à croire que les réalités naturelles agissent comme nous en vue d'une fin.

La seconde, à estimer que nous sommes au centre de la nature.

Ainsi, une odeur sera dite mauvaise comme si cette propriété la définissait, quand ce jugement n'a de valeur que par rapport à notre constitution.

La conclusion de Spinoza est radicale.

Ce qui est naturel n'est en soi ni bon ni mauvais.

L'ignorance seule nous pousse à le penser.

La nature n'est pas destinée à servir l'homme ou à lui nuire et nul dieu ne l'a créée.

Elle se développe et se reproduit en vertu d'une nécessité interne qui ignore nos jugements de valeur.

La connaissance doit rejeter ce type d'appréciation pour découvrir comment les phénomènes s'enchaînent. [Transition] Au terme de ce premier moment, nous sommes conduits à répondre que le naturel est étranger au mauvais comme au bon.

Cependant, si Spinoza nous met en garde contre un anthropomorphisme naïf, il demeure que ces adjectifs ont un emploi spécifiquement moral lorsque nous parlons de « nature humaine » ou de sentiments naturels.

Que signifient ces idées ? 2.

Un terme ambigu A.

La pureté du naturel L'origine du mot « nature » renvoie aux idées de naissance, donc de provenance.

Est naturel ce qui ne doit pas son existence à des procédés conçus par l'intelligence humaine.

Cette première distinction est fondamentale et en entraîne d'autres.

Elle se traduit d'abord par une opposition du monde naturel et de celui de la technique.

L'homme. »

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