Catégorie : Philosophie
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Nietzsche
PRESENTATION DU "CREPUSCULE DES IDOLES" DE NIETZSCHE Publié la dernière année de la vie consciente et intellectuelle de Nietzsche (1844-1900), le titre parodie avec un humour teinté d'ironie l'Opus de Wagner Le Crépuscule des dieux, le livre se voulant léger, sec et profond à la fois. Placé sous le signe du « renversement des valeurs », il prépare l'avenir en formulant une tâche entièrement pratique : la création de nouvelles valeurs. Nietzsche accomplit un chemin qu'il interprète comme une « fa...
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KANT
« Dans sa signification subjective l'ignorance peut être ou bien savante, scientifique, ou bien vulgaire. Celui qui voit distinctement les limites de la connaissance, par conséquent le champ de l'ignorance, à partir d'où il commence à s'étendre, [...] est ignorant de façon technique ou savante. Au contraire celui qui est ignorant sans apercevoir les raisons des limites de l'ignorance et sans s'en inquiéter, est ignorant de façon non savante. Un tel homme ne sait même pas qu'il ne sait rien. Car...
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Nietzsche
Aussi longtemps que nous ne nous sentons pas dépendre de quoi que ce soit, nous nous estimons indépendants : sophisme qui montre combien l'homme est orgueilleux et despotique. Car il admet ici qu'en toutes circonstances il remarquerait et reconnaîtrait sa dépendance dès qu'il la subirait, son postulat étant qu'il vit habituellement dans l'indépendance et qu'il éprouverait aussitôt une contradiction dans ses sentiments s'il venait exceptionnellement à la perdre. - Mais si c'était l'inverse qui ét...
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Bergson
"Il faut un hasard heureux, une chance exceptionnelle, pour que nous notions justement, dans la réalité présente, ce qui aura le plus d'intérêt pour l'historien à venir. Quand cet historien considérera notre présent à nous, il y cherchera surtout l'explication de son présent à lui, et plus particulièrement de ce que son présent contiendra de nouveauté. Cette nouveauté, nous ne pouvons en avoir aucune idée aujourd'hui, si ce doit être une création. Comment donc nous réglerions-nous aujourd'hui su...
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DESCARTES: une figure triangulaire tracée sur le papier
Lorsque nous avons la première fois aperçu en notre enfance une figure triangulaire tracée sur le papier, cette figure n'a pu nous apprendre comme il fallait concevoir le triangle géométrique, parce qu'elle ne le représentait pas mieux qu'un mauvais crayon une image parfaite. Mais, d'autant que l'idée véritable du triangle était déjà en nous, et que notre esprit la pouvait plus aisément concevoir que la figure moins simple ou plus composée d'un triangle peint, de là vient qu'ayant vu cette...
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Nietzsche
Où est allé Dieu ? Je vais vous le dire ! Nous l'avons tué - vous et moi ! Nous sommes tous ses assassins ! « Ce tout ce qui est écrit, je n'aime que ce que l'on écrit avec son sang. » Cette phrase de Nietzsche suffit à caractériser son œuvre. Car, même si Nietzsche a beaucoup lu, le véritable laboratoire de sa pensée est son propre vécu. D'où une pensée angoissée, lucide, qui oscille entre le pessimisme et la gaieté. Une pensée éclatée, contradictoire. Un immense pied de nez à la morale hypocr...
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KANT
PRESENTATION DE "IDEE D'UNE HISTOIRE UNIVERSELLE D'UN POINT DE VUE COSMOPOLITIQUE" DE KANT Cet opuscule marque la première intervention de Kant (1724-1804) dans les débats de ses contemporains sur l'histoire. Il défend la croyance au progrès de l'humanité contre les ennemis des Lumières, qui prônent le conservatisme en affirmant la supériorité des traditions sur la raison (Burke) et contre certains penseurs des Lumières, qui rejettent l'idée d'un progrès global et uniforme de l'humanité (Mendels...
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KANT: religion et moralité de l'homme
« La religion, qui est fondée simplement sur la théologie, ne saurait contenir quelque chose de moral. On n’y aura d’autres sentiments que celui de la crainte, d’une part, et l’espoir de la récompense de l’autre, ce qui ne produira qu’un culte superstitieux. Il faut donc que la moralité précède et que la théologie la suive, et c’est là ce qui s’appelle la religion. La loi considérée en nous s’appelle la conscience. La conscience est proprement l’application de nos actions à cette loi. Les...
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Platon
En vue de rechercher l'essence de la justice, les interlocuteurs choisissent de l'examiner à travers un paradigme, un exemple qui pourra servir de modèle : la cité. « (Socrate) Eh bien ! allons-y, repris je ; que par la pensée, en partant du commencement, nous constituions une société politique. Or, ce qui la constituera, ce sera, autant qu'il me semble, l'existence en nous du besoin. — Et comment non? — Mais en vérité il est bien sûr que le premier et le plus impérieux de nos besoins soit celui...
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Bergson et les deux morales
"Entre la première morale et la seconde, il y a toute la différence du repos au mouvement." BERGSON. C'est dans Les Deux sources de la morale et de la religion (1932) que Bergson (1859-1941) oppose deux types de morale, une morale sociale, dite « fermée » et une morale supra-intellectuelle, dite « ouverte ». Comparant les deux, il indique : « Entre la première morale et la seconde, il y a toute la différence du repos au mouvement. » Bergson distingue deux morales, qui ont des sources, des...
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KANT: invention et découverte en art et en science
« Inventer est tout autre chose que découvrir. Car ce qu'on découvre est considéré comme déjà existant sans être révélé, par exemple l'Amérique avant Colomb ; mais ce qu'on invente, la poudre à canon par exemple, n'était pas connu avant l'artisan qui l'a fabriqué. Les deux choses peuvent avoir leur mérite. On peut trouver quelque chose qu'on ne cherche pas et ce n'est pas un mérite. Le talent d'inventeur s'appelle le génie, mais on n'applique jamais ce nom qu'à un créateur, c'est-à-dire à c...
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DESCARTES et la notion de pensée
Les termes de conscientia, de conscius esse, dérivés de conscire, avaient, dans le latin classique, la signification étymologique de connaissance, d'« être connaissant »; mais dans le français des xvie et xviie siècles, « conscience » voulait dire « sens moral », comme dans la célèbre formule de Rabelais, que science sans conscience n'est que ruine de l'âme. C'est, semble-t-il, dans les Réponses aux troisièmes objections que pour la première fois, et la seule fois chez Descartes, « conscien...
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Nietzsche
Nous pourrions en effet penser, sentir, vouloir, nous souvenir ; nous pourrions également "agir" dans toutes les acceptions du terme, sans avoir conscience de tout cela. La vie entière pourrait passer sans se regarder dans ce miroir de la conscience, et c'est ce qu'elle fait encore pour nous, effectivement, dans la plus grande partie de son activité, même la plus haute, pensée, sentiment, volonté, qui, si vexante que la chose puisse paraître à un philosophe d'avant-hier, se déroule sans reflet,...
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Bergson
On a rappelé que l'homme avait toujours inventé des machines, que l'Antiquité en avait connu de remarquables, que des dispositifs ingénieux furent imaginés bien avant l'éclosion de la science moderne et ensuite, très souvent, indépendamment d'elle : aujourd'hui encore de simples ouvriers, sans culture scientifique, trouvent des perfectionnements auxquels de savants ingénieurs n'avaient pas pensé. L'invention mécanique est un don naturel. Sans doute elle a été limitée dans ses effets tant qu'elle...
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Bergson
BERGSON : L'ARTISTE RÉVÈLE LA RÉALITÉ MÊME Si pour Platon l'artiste, imitateur de l'apparence, s'oppose par là foncièrement au philosophe, tourné vers la vérité, pour Bergson au contraire le véritable artiste a en commun avec le philosophe de percevoir, à la différence des autres hommes, la réalité en elle-même : « nue et sans voile ». « La philosophie n'est pas l'art, mais elle a avec l'art de profondes affinités. Qu'est-ce que l'artiste ? C'est un homme qui voit mieux que les autres car il re...
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Nietzsche
Pour Nietzsche, le christianisme est le dernier symptôme de valeurs. la décadence, contre lequel il faut opérer un renversement des Nietzsche forme une attaque virulente contre la religion, et principalement le christianisme, dont saint Paul est, pour lui, le véritable fondateur. Mais la religion chrétienne n’est que l’aboutissement extrême de l’idéalisme, du moralisme, qui se font jour dès « le cas Socrate ». comprendre les attaques de Nietzsche, c’est comprendre ce qu’il entend par le renver...
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KANT
« La métaphysique est une connaissance rationnelle spéculative tout à fait à part, qui s'élève entièrement au-dessus des leçons de l'expérience, en ne s'appuyant que sur de simples concepts (et non en appliquant comme les mathématiques ces concepts à l'intuition), et où, par conséquent, la raison doit être son propre élève. [...] On a admis jusqu'ici que toutes nos connaissances devaient se régler sur les objets ; mais, dans cette hypothèse, tous nos efforts pour établir à l'égard de ces objets...
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DESCARTES: le désir, le regret ou le repentir
Il n'y a rien que le désir, et le regret ou le repentir, qui nous puissent empêcher d'être contents: mais si nous faisons toujours tout ce que nous dicte notre raison, nous n'aurons jamais aucun sujet de nous repentir, encore que les événements nous fissent voir, par après, que nous nous sommes trompés, parce que ce n'est point par notre faute. Et ce qui fait que nous ne désirons point d'avoir, par exemple, plus de bras ou plus de langues que nous n'en avons, mais que nous désirons bien d'...
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Platon
PLATON : LE DÉSIR PEUT ÊTRE PHILOSOPHIQUE Tout désir n'est pas mauvais. Aux désirs immoraux, on peut opposer d'autres désirs. Ne peut-on découvrir, dans l'âme, un désir de savoir, de connaître la vérité et la sagesse ? Platon, au coeur du désir amoureux, met en évidence l'inquiétude d'un désir qui, s'il est bien compris, doit animer toute recherche réellement philosophique. « - Nul dieu ne philosophe, ni ne désire devenir savant (ils le sont tous) et quelqu'un de savant ne philosophe pas ; les...
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KANT
"La géométrie est une science qui détermine synthétiquement, et pourtant a priori, les propriétés de l'espace. Que doit donc être la représentation de l'espace pour qu'une telle connaissance en soit possible? Il faut qu'il soit originairement une intuition ; car d'un simple concept, on ne peut tirer des propositions qui dépassent le concept, comme cela arrive pourtant en géométrie. Mais, cette intuition doit se trouver en nous a priori, c'est-à-dire antérieurement à toute perception d'un objet,...