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DESCARTES: l'opinion garantie par le plus d'auteurs

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Il ne servirait de rien de compter les suffrages pour suivre l'opinion garantie par le plus d'auteurs, car s'il s'agit d'une question difficile, il est plus croyable que la vérité en a été découverte par un petit nombre plutôt que par beaucoup. Même si tous étaient d'accord, leur enseignement ne nous suffirait pas : nous ne deviendrons jamais mathématiciens, par exemple, bien que notre mémoire possède toutes les démonstrations faites par d'autres, si notre esprit n'est pas capable de résoudre toute sorte de problèmes ; nous ne deviendrons pas philosophes, pour avoir lu tous les raisonnements de Platon et d'Aristote, sans pouvoir porter un jugement solide sur ce qui nous est proposé. Ainsi, en effet, nous semblerions avoir appris, non des sciences, mais des histoires. DESCARTES

« Il ne servirait de rien de compter les suffrages pour suivre l'opinion garantie par le plus d'auteurs, car s'il s'agit d'une question difficile, il est plus croyable que la vérité en a été découverte par un petit nombre plutôt que par beaucoup.

Même si tous étaient d'accord, leur enseignement ne nous suffirait pas : nous ne deviendrons jamais mathématiciens, par exemple, bien que notre mémoire possède toutes les démonstrations faites par d'autres, si notre esprit n'est pas capable de résoudre toute sorte de problèmes ; nous ne deviendrons pas philosophes, pour avoir lu tous les raisonnements de Platon et d'Aristote, sans pouvoir porter un jugement solide sur ce qui nous est proposé.

Ainsi, en effet, nous semblerions avoir appris, non des sciences, mais des histoires. QUESTIONS 1.

Dégagez les idées principales du texte et les étapes de son argumentation. 2.

a.

Pourquoi « est-il plus croyable que la vérité en a été découverte par un petit nombre plutôt que par beaucoup » ? b.

Pourquoi ne suffit-il pas de posséder « toutes les démonstrations faites par d'autres » pour devenir mathématicien ? Pourquoi ne suffit-il pas d'avoir lu tous les raisonnements des philosophes pour être philosophe ? c.

Expliquez : « porter un jugement solide ». 3.

L'unanimité est-elle un critère de vérité ? QUESTION 1 Le texte défend deux idées essentielles, liées entre elles.

Leur développement constitue les deux moments du texte. 1.

La première thèse soutient que le nombre des défenseurs d'une opinion n'en garantit pas la vérité.

Car la qualité de l'usage du « bon sens », ou de la faculté de distinguer le vrai du faux, ne se mesure pas à la quantité de ceux qui s'y essaient.

Descartes argumente en soutenant quasiment (« il est plus croyable ») la thèse inverse : le « petit nombre » a souvent davantage raison que la multitude, car la vérité est difficile à découvrir.

Elle n'est donc réservée qu'aux plus persévérants, à ceux qui, dans la philosophie cartésienne, savent user de méthode pour penser clairement et distinctement et éradiquer les préjugés (voir question 2, a.). 2.

La seconde thèse développe un aspect de la première : il ne faut pas confondre la connaissance fondée sur la mémoire et l'aptitude à découvrir seul, par un usage méthodique de son bon sens, la vérité sur « toute sorte de problèmes ».

Car celui qui répète ce que d'autres lui ont montré ne découvre pas lui-même et, surtout, ne se départit pas d'une pensée reçue d'autrui.

Il ne pense pas par lui-même. QUESTION 2 a.

Pourquoi « est-il plus croyable que la vérité en a été découverte par un petit nombre plutôt que par beaucoup » ? Cela est « plus croyable » parce que le chemin de la vérité est ardu.

Il requiert, chez Descartes, que l'on se débarrasse de ses préjugés et idées reçues, afin d'examiner à partir de soi-même la véracité de tout ce que l'on nous a jusqu'à présent présenté comme des valeurs absolues.

C'est le rôle du doute, hyperbolique parce qu'il s'étend à tout.

Et après avoir douté, il faut être capable de penser clairement et distinctement, sans précipitation ni prévention (un résidu de préjugés, c'est-à-dire d'idées que l'on accepte sans en examiner le bien-fondé). Mais Descartes dit seulement « peu croyable ».

Il n'affirme pas que cela est certain.

Car, comme l'explique le début du Discours de la méthode, le « bon sens est la chose du monde la mieux partagée » et les quatre règles de la méthode requises pour en bien user (l'analyse, la synthèse, le dénombrement et l'évidence) sont à la portée de tous.

La formule de Descartes est donc ici rhétorique, et ne signifie pas un élitisme de la vérité. b.

Pourquoi ne suffit-il pas de posséder « toutes les démonstrations faites par d'autres » pour devenir mathématicien ? Pourquoi ne suffit-il pas d'avoir lu tous les raisonnements des philosophes pour être philosophe ? C'est pour la même raison qu'il ne suffit pas de posséder «toutes les démonstrations faites par d'autres » pour devenir mathématicien, ou tous les raisonnements des philosophes pour être philosophe.

Car, dans un cas comme dans l'autre, on se contente de répéter ce que d'autres ont déjà dit ou trouvé, sans en examiner au fond de soi (du cogito) le bienfondé.

On ne s'approprie pas cet enseignement par un exercice autonome de la raison : on continue à penser à partir de préjugés.

C'est pourquoi on a plus affaire à des « histoires », retenues par la mémoire, qu'à des « sciences », fondées par un exercice critique et méthodique du jugement. c.

Expliquez : « porter un jugement solide » « Solide » signifie ici indubitable, c'est-à-dire inaccessible au doute.

L'on n'est en effet capable de porter « un jugement solide » sur les choses qu'après en avoir examiné le bien-fondé.

L'entreprise du doute et la pensée méthodique doivent permettre à l'esprit de s'assurer de la vérité d'une démonstration ou d'un problème et de la faire sienne, au sens où il ne la reçoit pas d'autrui mais la conquiert par les seules forces de sa raison.

C'est uniquement. »

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