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KANT

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Être bienfaisant, quand on le peut, est un devoir, et de plus il y a de certaines âmes si portées à la sympathie, que même sans un autre motif de vanité ou d'intérêt elles éprouvent une satisfaction intime à répandre la joie autour d'elles et qu'elles peuvent jouir du contentement d'autrui en tant qu’il est leur oeuvre. Mais je prétends que dans ce cas une telle action, si conforme au devoir, si aimable qu’elle soit, n'a pas cependant de valeur morale véritable, qu'elle va de pair avec d'autres inclinations, avec l’ambition par exemple qui, lorsqu'elle tombe heureusement sur ce qui est réellement en accord avec l'intérêt public et le devoir, sur ce qui par conséquent est honorable, mérite louange et encouragement, mais non respect ; car il manque à la maxime la valeur morale, c'est-à-dire que ces actions soient faites, non par inclination, mais par devoir. Supposez donc que l'âme de ce philanthrope soit assombrie par un de ces chagrins personnels qui étouffent toute sympathie pour le sort d'autrui, qu'il ait toujours encore le pouvoir de faire du bien à d'autres malheureux, mais qu'il ne soit pas touché de l'infortune des autres, étant trop absorbé par la sienne propre, et que, dans ces conditions, tandis qu'aucune inclination ne l'y pousse plus, il s'arrache néanmoins cette insensibilité mortelle et qu'il agisse, sans que ce soit sous l'influence d'une inclination, uniquement par devoir, alors seulement son action a une véritable valeur morale. KANT

« "Être bienfaisant, quand on le peut, est un devoir, et de plus il y a de certaines âmes si portées à la sympathie, que même sans un autre motif de vanité ou d'intérêt elles éprouvent une satisfaction intime à répandre la joie autour d'elles et qu'elles peuvent jouir du contentement d'autrui en tant qu’il est leur oeuvre.

Mais je prétends que dans ce cas une telle action, si conforme au devoir, si aimable qu’elle soit, n'a pas cependant de valeur morale véritable, qu'elle va de pair avec d'autres inclinations, avec l’ambition par exemple qui, lorsqu'elle tombe heureusement sur ce qui est réellement en accord avec l'intérêt public et le devoir, sur ce qui par conséquent est honorable, mérite louange et encouragement, mais non respect ; car il manque à la maxime la valeur morale, c'est-à-dire que ces actions soient faites, non par inclination, mais par devoir.

Supposez donc que l'âme de ce philanthrope soit assombrie par un de ces chagrins personnels qui étouffent toute sympathie pour le sort d'autrui, qu'il ait toujours encore le pouvoir de faire du bien à d'autres malheureux, mais qu'il ne soit pas touché de l'infortune des autres, étant trop absorbé par la sienne propre, et que, dans ces conditions, tandis qu'aucune inclination ne l'y pousse plus, il s'arrache néanmoins cette insensibilité mortelle et qu'il agisse, sans que ce soit sous l'influence d'une inclination, uniquement par devoir, alors seulement son action a une véritable valeur morale." KANT "Etre bienfaisant, quand on le peut, est un devoir, et de plus il y a de certaines âmes si portées à la sympathie, que même sans un autre motif de vanité ou d’intérêt, elles éprouvent une satisfaction intime à répandre la joie autour d’elles et qu’elles peuvent jouir du contentement d’autrui en tant qu’il est leur oeuvre.

Mais je prétends que dans ce cas une telle action, si conforme au devoir, si aimable qu’elle soit, n’a pas cependant de valeur morale véritable, qu’elle va de pair avec d’autres inclinations, avec l’ambition par exemple qui, lorsqu’elle tombe heureusement sur ce qui est réellement en accord avec l’intérêt public et le devoir, sur ce qui par conséquent est honorable, mérite louange et encouragement, mais non respect; car il manque à la maxime la valeur morale, c’est-à-dire que ces actions soient faites, non par inclination, mais par devoir.

Supposez donc que l’âme de ce philanthrope soit assombrie par un de ces chagrins personnels qui étouffent toute sympathie pour le sort d’autrui, qu’il ait toujours encore le pouvoir de faire du bien à d’autres malheureux, mais qu’il e soit pas touché de l’infortune des autres, étant trop absorbé par la sienne propre, et que, dans ces conditions, tandis qu’aucune inclination e l’y pousse plus, il s’arrache néanmoins à cette insensibilité mortelle et qu’il agisse, sans que ce soit sous l’influence d’une inclination, uniquement par devoir, alors seulement son action a une véritable valeur morale." Kant. Qu’est-ce qu’un acte moral? 1) Ce n’est pas un acte accompli par inclination, même si cet acte est conforme au devoir. 2) Il faut distinguer ce qui est fait conformément au devoir ou par devoir. 3) Seul a une valeur morale ce qui est accompli par devoir et non en suivant une quelconque inclination. 1) La morale se rapporte au domaine de l’action, de l’homme à l’égard de l’homme (et non l’action de l’homme à l’égard de la nature).

Kant écarte l’idée d’une hostilité "naturelle" et, envisageant au contraire l’idée d’une bienveillance universelle, notion reprise des moralistes anglais, il s’interroge sur l’idée de moralité.

L’action faite avec bienveillance est-elle morale? Pour répondre en fin de compte (négativement) à cette question, Kant passe en revue les différents motifs de l’action. On peut faire son devoir par vanité, par intérêt, mais on ne sera guère porté à admettre qu’une action accomplie selon ces motifs soit morale. Ironiquement même, Kant déclare qu’on peut faire une action selon une bienveillance intermittente ( "quand on le peut"). Enfin, on peut agir selon une bienveillance constante.

Et Kant procède à l’analyse psychologique fine d’un tel sentiment.

Certes, la bienveillance nous tourne vers autrui (à qui nous voulons du bien).

Mais si c’est par inclination naturelle que nous sommes bienveillants, alors notre action, aussi bonne soit-elle, n’a aucune valeur morale. En outre, la bienveillance n’est pas toujours sans contrepartie.

Elle peut être comme une forme subtile de l’égoïsme. Faire du bien à autrui, c’est faire du bien à soi.

Un bien secret ("une satisfaction intime") qu’on ne peut guère déclarer. Plus qu’une satisfaction: une jouissance, où le sentiment du pouvoir à sa place.

Aussi, ce sentiment de bienveillance que "décompose" Kant, n’est-il pas si moral, puisqu’il viendrait à disparaître dans le cas d’une réelle autonomie d’autrui. Il n’y a de bienveillance que parce qu’il y a dépendance d’autrui.

Le sujet -à l’égard duquel j’exerce ma bienveillancen’est pas une fin, mais le moyen par lequel je satisfais mon penchant à la domination. 2) On devine que de telles actions accomplies sous le signe d’une telle bienveillance n’ont pas la faveur de Kant.

Mais ce n’est ni l’antipathie, ni la sympathie qui légitime le point de vue de Kant.

Celui-ci assure une argumentation rigoureuse.

Il convient de distinguer.

L’essentiel n’est pas tant la distinction des actions faites par inclination et celles faites conformément du devoir.

Mais plus fortement la distinction des actions conformes au devoir et des actions faites par devoir.

Et Kant d’avancer sa thèse centrale: seules les actions faites par devoir ont une valeur morale.. »

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