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Un philosophe contemporain a écrit : qui n'a pas réfléchi sur le langage n'a jamais vraiment philosophé. — Pourquoi le langage présente-t-il une telle importance philosophique ?

Extrait du document

« VOCABULAIRE: VRAIMENT : avec certitude, complètement, sans une part d'ombre qui échappe. LANGAGE : 1) Faculté de parler ou d'utiliser une langue.

2) Tout système de signes, tout système signifiant, toute communication par signes (verbaux ou non verbaux).

Le langage désigne aussi la totalité des langues humaines. On peut définir le langage comme un système de signes ordonnés suivant des règles.

Il est une spécificité humaine dans la mesure où il comporte des caractéristiques propres absentes de la communication animale, en particulier sa plasticité et son caractère articulé, qui rendent possible une infinité de combinaisons à partir d'un nombre réduit d'éléments. Le seul sentiment de la faiblesse et de la grandeur de l'homme, inhérents à la commune condition, ne suffisent pas à faire le philosophe; et il n'est pas davantage philosophe celui qui par un système de réponses ou d'habitudes clot l'incertaine spéculation. Le scepticisme et l'assurance dogmatique figurent d'ailleurs deux formes d'un même abandon, l'un résigné à l'ignorance, l'autre réfugié en une croyance.

Mais la certitude vraie peut être construite par une sorte de doute qui prépare le savoir et s'exerce par l'esprit d'examen.

Or examiner, c'est prendre conscience, décrire et mesurer, c'està-dire aussi penser et nommer.

Si le langage, en effet, révèle la pensée constituée, il 'est encore l'outil constituant de la pensée.

Dès lors, pour philosopher vraiment, faut-il se rendre maître du langage, c'est-à-dire des pensées que la langue conserve et transmet avec les mots; s'assurer encore des mécanismes qui, finalement, structurent les relations des pensées entre elles : cela n'est pas autre chose qu'apprendre à définir et situer des termes.

On conçoit par là quelle peut être l'importance philosophique du langage, puisque celui-ci nous offre une matière en même temps qu'un instrument dont on ne peut se passer.

Toute pensée se forme et se fixe par le moyen du langage; mais cela ne va pas sans difficulté et l'on peut, à l'usage, verser dans l'automatisme ou l'erreur, deux accidents du verbalisme.

La langue reste, en ce sens, la meilleure et la pire des choses.

Pour n'en être pas victime, pour en connaître la valeur et les limites, la bonne méthode est donc de réfléchir sur la nature et les manifestations du langage. L'homme, comme par une pente naturelle, entre deux actions et, aussi bien, en vue de l'action, examine le discours d'autrui; et c'est par là qu'il pense des paroles tandis qu'il parle des pensées.

A travers cette action, il compare objets et projets, attaché au langage qui porte ce mouvement et figure le lien véritable en ce qu'il déroule un schéma en évoquant des thèmes : l'analyse des mots, la prise de conscience de leurs différents sens fortifient l'esprit par un inventaire dont tous les éléments sont à la fois présents dans la langue.

Découvrir cela, c'est déjà philosopher, c'est à nouveau faire peser au verbe son poids de connaissance tentée, de vie diverse.

En effet, les mots consonnent, s'appellent et se distinguent, autant qu'ils s'enchaînent.

Ils représentent alors plutôt que des objets, les efforts relatifs aux objets, plutôt que l'idée, la notion, c'est-à-dire l'expérience ouverte et singulière qui essaie d'harmoniser l'idée et l'objet.

Le verbe être, par exemple, fonde trois systèmes logiques différents, suivant qu'il implique (syllogisme), identifie (mathématique), exprime une relation (sciences expérimentales).

Le langage est donc en même temps l'instrument du raisonnement; les mots portent l'expression de cette logique verbale qui confond parole et raison, — et cela n'a pas que des avantages : c'est ainsi que dans la science contemporaine la plus avancée, la notion d'indéterminisme (terme qui pris .en lui-même pose une vaste question et remet en cause la base de la science) ne correspond d'abord qu'au fait de ne pouvoir réduire le phénomène au déterminisme antérieurement conçu et nommé.

Mais si toute vérité n'est, au fond, qu'une erreur redressée, c'est encore le langage qui corrige les abus du langage, la justesse de la pensée et justesse de la langue se construisent, finalement, ensemble.

Les fables expriment à la fois le vrai et le faux et les mythes peuvent être des arrêts de pensée, une immobilisation de la vie, autant que des vues prophétiques.

Pourtant, à force de répéter les fables et de brandir les mythes, les hommes en découvrent le sens caché, toujours, au bout du compte, significatif.

Au commencement était le Verbe : l'action de nommer fait surgir l'objet, que ce soit celui des poètes ou celui des savants.

En cela le nominalisme est le vrai, pour lequel l'idée se confond avec le mot qui l'exprime.

On a répété que la science est un langage bien fait; mais l'incantation magique, celle du poète, est aussi porteuse de vérité.

On perçoit, dès lors, ce que peut être la valeur du langage et l'effort qu'il exige.

Le réglage de l'instrument assure une prise sur la vérité; à cette condition le mot devient aussi un symbole fidèle.. »

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