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Si le monde n'a pas de sens, la philosophie a-t-elle encore un objet ?

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« INTRODUCTION Définition des termes et problématisation : Les présupposés inhérents au s ujet s ont les suivants : le monde possède un sens qu'il faudrait dévoiler et la métaphys ique a pour finalité la découverte de c e sens, autrement dit de la signification de ce qu'il y a à comprendre au sein du monde dans lequel nous existons.

La métaphysique peut être considérée comme ontologie c'est-à-dire sc ienc e de l'être ou comme philos ophie première c'es t-à-dire science des premières causes ou de l'être suprême : Dieu.

Le monde quant à lui se compose de tous les étants, il est le « contexte » dans lequel nous évoluons .

En ce sens si le monde es t le lieu de ce qui est et la métaphysique la science de l'être alors il semble bien que le premier soit l'objet de la seconde ; cette s c i e n c e comme toute science a pour finalité la connaissance du monde extérieur.

La recherche métaphysique s'effectue sous un biais particulier il s'agit d'aller à la recherche du s ens de l'être qui n'est pas immédiat.

Elle peut être cons idérée comme se situant au-delà des apparenc es sensibles, au-delà de la nature (méta-phusis).

Le problème se pose de deux manières : soit c'est le monde lui-même dont la signification est à jamais inaccessible à l'homme, c ela ne signifie donc pas que le monde n'a pas de s e n s mais qu'il ne peut en avoir pour l'homme, s o i t c ' e s t la métaphysique elle-même qui étant mal fondée empêche de mettre en oeuvre cette recherche de sens.

L'abs urdité du monde si elle peut être pos ée comme hypothèse reste diffic ile à soutenir dans la mesure où l'homme s'arrogerait alors le droit de juger ce qui le dépasse.

Le biais par lequel le sujet s era abordé met donc au premier plan non le monde luimême, s a nature, mais le rapport de l'homme au monde, et c ' e s t du point de vue de l'homme que le problème sera examiné.

P our c e faire plusieurs hypothèses vont être étudiées.

La première consiste à envisager le sens du monde comme nous étant caché et la métaphys ique comme étant une s c i e n c e quasi divine.

La deuxième a pour objet la remise en cause de la métaphysique comme science, loin de dévoiler le sens du monde elle semble plutôt en accentuer l'opacité.

Enfin il s 'agira de c onsidérer la métaphysique et le sens du monde comme étant à constituer. Première partie : Le sens du monde nous est inaccessible. 1.1 Quel est l'objet de la métaphysique ? « Il y a une science qui étudie l'être en tant qu'être et ses attributs essentiels.

Elle ne se confond avec aucune des sciences dites particulières, car aucune de ces autres s ciences ne considère en général l'Etre en tant qu'être, mais découpant une certaine partie de l'Etre, c'est seulement de cette partie qu'elles étudient l'attribut essentiel ; tel est le c a s d e s s c i e n c e s mathématiques.

M a i s puisque nous recherchons les principes premiers et les c a u s e s l e s p l u s élevées, il est évident qu'il existe néc essairement quelque réalité à laquelle ces principes et c e s c a u s es appartiennent, en vertu de sa nature propre.

» A R I S T O T E, Métaphysique Γ 1. 1.2 La métaphysique est-elle une science divine ? « La plus divine [des sc ienc es] est aussi la plus précieuse, et celle-ci [la philos ophie première] est seule la plus divine, à un double titre : une s c i e n c e divine est celle qu'il serait le plus digne pour Dieu de posséder, et qui traiterait des choses divines.

O r la philosophie s eule, se trouve présenter ce double carac tère : Dieu paraît bien être une c a u s e de toutes c hoses et un principe, et une telle science, Dieu seul, ou du moins Dieu principalement, peut la posséder.

» A R I S T O T E, Métaphysique, A 2. Transition : Le sens du monde n'est pas à la portée de l'homme, il le dépasse.

La métaphysique est l'expression de la prétention de l'homme en tant qu'elle prend pour tâche ce qui n'est pas à la mesure de l'homme mais de Dieu.

Q uelle conséquence la constitution d'une telle s cienc e a-t-elle sur le monde ? Deuxième partie : La question du sens à l'intérieur de la métaphysique. 2.1 Ce sont les énoncés métaphysiques qui sont dénués de sens et non le monde. « On peut ranger les énoncés (doués de sens) de la manière s uivante : en premier lieu, ceux qui sont vrais en vertu de leur seule forme (ou « tautologies » d'après Wittgenstein.

Ils correspondent à peu près aux jugements analytiques kantiens).

Ils ne dis ent rien sur le réel.

A cette espèce appartiennent les formules de la logique et de la mathématique ; elles ne sont pas elles -mêmes des énoncés sur le réel, mais s ervent à leur trans formation.

En second viennent les négations des premiers (ou contradictions) qui sont contradictoires, c'est-à-dire fausses en vertu de leur forme.

P our décider de la vérité ou fausseté de tous les autres énoncés, il faut s'en remettre aux énonc és protocolaires, lesquels (vrais ou faux) sont par là même des énoncés d'expérience, et relèvent de la s cience empirique.

Si l'on veut construire un énoncé qui n'appartient pas à l'une de ces espèces , cet énoncé sera automatiquement dénué de sens. Et puisque la métaphysique ne veut ni formuler d'énoncés analytiques ni se couler dans le domaine de la science empirique, elle est contrainte d'employer des mots en l'absence de tout critère, des mots qui sont de ce fait privés de signification, ou bien de combiner des mots doués de sens de sorte qu'il n'en résulte ni énoncés analytiques (éventuellement contradic toires ), ni énoncés empiriques.

Dans un cas comme dans l'autre, on obtient des simili-énoncés .

» C A R N A P , « Le dépassement de la métaphys ique » in M anifeste du C ercle de V ienne. 2.2 Critique de la philosophie abstruse. « J'interdis la pensée abstruse et les recherches profondes et les punirai sévèrement par la pensive mélancolie qu'elles introduisent, par l'incertitude infinie dans laquelle elles vous enveloppent et par la froideur de l'accueil que renc ontreront vos prétendues découvertes quand vous les communiquerez.

Soyez philos ophe ; mais, au milieu de toute votre philos ophie, soyez toujours un homme.

» HUM E, Enquête s ur l'entendement humain, I. Transition : C 'es t parce que la métaphys ique rend opaque le monde dans lequel on vit qu'il en devient dénué de s ens.

Faut-il dénier à la métaphys ique toute fécondité ? Troisième partie : Le sens du monde et la métaphysique sont à constituer. 3.1 Les recherches métaphysiques étant inhérentes à l'homme il ne peut les abandonner. « Que l'esprit humain renonce une fois pour toutes aux recherc hes métaphysiques, on doit tout aussi peut s'y attendre qu'à nous voir, pour ne pas respirer un air impur, préférer suspendre notre respiration.

Il y aura donc toujours dans le monde et, bien plus encore, chez tout homme, surtout s 'il réfléchit, une métaphys ique que, faute d'un étalon public, chac un se taillera à sa façon.

» KA N T , P rolégomènes. 3.2.

La métaphysique doit être rénovée pour qu'elle puisse avoir le statut de science et nous aider dans notre compréhension du monde. « Je me fais fort de prédire que le lecteur de c e s P rolégomènes c apable de penser par lui-même sera non seulement pris de doute sur la science qu'il pratiquait jusqu'alors, mais par la suite pleinement convaincu qu'elle ne saurait exister sans que soient satisfaites les exigences formulées dans ce livre, sur lesquelles repose sa possibilité, et que, le c as ne s'étant encore jamais produit, il n'existe encore à ce jour abs olument aucune métaphysique.

» KA N T, P rolégomènes. CONCLUSION L'absurdité du monde n'est pas à imputer au monde lui-même mais à notre manière de l'appréhender.

La recherche de son sens doit être rigoureuse et répondre à des exigences précises.

La constitution d'une sc ience telle que la métaphys ique n'est pas une mince affaire et la difficulté de cette tâc he explique pourquoi elle reste encore à c onstituer.. »

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