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Religion, culture et société ?

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« VOCABULAIRE: RELIGION Étymologie discutée.

Cicéron fait dériver le mot du latin relegere qui s'oppose à neglegere comme le soin et le respect s'opposent à la négligence et à l'indifférence.

D'autres font dériver le mot de religare: La religion est avant tout le lien qui rattache l'homme à la divinité : «La religion consiste dans un sentiment absolu de notre dépendance.» (Schleiermacher).

La religion c'est le sentiment que l'homme ne s'est pas donné lui-même l'existence, qu'il dépend d'un Être qui le dépasse infiniment.

Sociologiquement, les religions sont les divers cultes organisés (avec leurs dogmes et leurs rites) pour rendre hommage à Dieu. Société : association d'individus qui constitue le milieu où chacun s'intègre.

Toute espèce vivante est plus ou moins sociale ; mais tandis que les sociétés animales sont naturelles et gouvernées par l'instinct, les sociétés humaines, organisées selon des institutions mobiles, véhiculent une culture. Culture Par opposition à la nature, la culture est l'ensemble cohérent des valeurs, normes, moeurs et connaissances qui caractérisent une société humaine. C'est ce à quoi nous initie l'éducation, en tant qu'elle a pour but de nous ouvrir au monde humain.

La culture est à rapprocher de la notion de civilisation. En rupture tant avec les spéculations métaphysiques sur l'existence de Dieu qu'avec les polémiques sur le statut de la religion, les sciences humaines chercheront à promouvoir une approche positive (c'est-à-dire scientifique, fondée sur des faits) de ce phénomène.

Pour ce faire il était nécessaire de prendre des distances à l'égard du prisme chrétien et de son regard ethnocentrique, pour aborder la religion dans toutes ses dimensions et sous toutes ses formes, monothéistes et polythéistes. La sociologie, tout d'abord, s'est détachée d'une démarche subjective et de la méthode d'introspection, en réduisant la religion à un phénomène social, et en privilégiant par conséquent les pratiques et représentations collectives ainsi que les institutions.

Le principe de base de la méthode sociologique étant d'expliquer (et non de comprendre) des faits sociaux par d'autres faits sociaux, les chercheurs ont essayé de dégager les fonctions sociales de la religion.

Pour Durkheim, la religion permet à la société de s'attester elle-même ; elle a une fonction d'intégration et de conservation de l'ordre social.

L'auteur cherche chez les peuples dits primitifs (en l'occurrence, chez les Aborigènes d'Australie) des « formes élémentaires de la vie religieuse », et établit la portée universelle de la classification sacré/profane.

Ces deux derniers points seront contestés par Marcel Mauss, qui va plus loin dans la démarche anti-ethnocentrique de son maître (et oncle) Durkheim : les religions des sociétés primitives ne sont pas plus simples que les nôtres ; la catégorie de sacré n'est pas un invariant culturel ; et la notion même de religion doit être remise en cause par la confrontation empirique aux faits. C'est aux rapports entre religion et économie que s'intéressera un autre maître fondateur de la sociologie moderne, Max Weber.

Sa démarche s'apparente à un renversement de celle de Marx, pour lequel les infrastructures technoéconomiques déterminaient les superstructures idéologiques (dont la religion).

Mais un regard attentif permet de comprendre qu'il n'y a là aucun retour à l'idéalisme pré-marxien : l'analyse de Weber est bien plus nuancée, et repose sur une quantité considérable de faits observés. L'étude des phénomènes religieux s'affine encore avec la prise en compte de leur fondement dynamique.

Mircea Eliade revient à la classification dualiste entre sacré et profane, mais montre qu'elle n'a rien de statique, que la frontière qui les sépare varie selon les époques et les lieux.

Les rapports que ces deux notions entretiennent entre elles sont contradictoires, c'est pourquoi on peut parler à leur sujet de mouvement dialectique.

Là encore, les monothéismes sont déchus par les sciences sociales de leur statut privilégié, pour ne plus constituer que quelques cas parmi d'autres de systèmes religieux : le mystère chrétien de l'Incarnation, par exemple, n'est qu'une forme particulière de hiérophanie. D'un regard dynamisant porté sur la religion, on peut passer à une interrogation sur la gestion religieuse de la violence et du conflit.

C'est René Girard qui s'y emploiera : toute société est, selon lui, confrontée à sa propre violence interne, qui peut la menacer dans ses fondements, voire dans sa survie.

A cet égard, la religion remplit une fonction sociale capitale, si ce n'est vitale.

Ces considérations nous introduiront au coeur des problèmes de la modernité : qu'adviendrait-il d'une société post-religieuse ? Introduction La religion désigne le moyen par lequel l'homme accède à ce qui le dépasse, que l'on pourrait appeler Dieu ou l'absolu.

« Religio » signifie en latin l'acte de relier notre monde humain avec l'au-delà ; la fonction dans l'antiquité romaine de « pontifex maximus » est paradigmatique de cette conception de la religion comme instrument de liaison entre les hommes et Dieu : en effet, le « pontifex » est chargé à la lettre de construire un pont entre l'au-delà et nous.

Ainsi la religion est par essence une prétention à transcender; c'est-à-dire à dépasser le monde humain de la culture.

La culture désigne l'ensemble des faits humains en tant que l'homme n'est pas un être intégralement naturel.

Or si la religion par l'accès à l'au-delà qu'elle propose prétend dépasser la culture comprise comme monde humain, cette prétention à la transcendance s'effectue elle-même au sein de la culture.

C'est depuis ce paradoxe qu'on peut se demander si la religion se réduit à une simple manifestation de la culture.

Poser une telle interrogation, c'est remettre en cause la prétention de la religion à accéder à l'absolu ; ce qui revient fondamentalement à tester la validité métaphysique de la religion : la religion excède t-elle le monde humain comme elle le prétend ou bien n'est-elle que l'expression d'une communauté culturelle donnée ?. »

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