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Une société sans religion est-elle possible ?

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« APPROCHE: Certains philosophies pensent qu'une humanité sans religion serait une humanité plus accomplie, plus forte ou plus libre.

Mais est-il seulement possible de penser un monde sans religion ? L'universalité du fait religieux ne montre-telle pas au contraire que le sentiment religieux est naturel à l'homme, né de l'expérience de sa finitude ? Les sociétés modernes occidentales sont de ce point de vue historiquement remarquables en ce qu'elles sont des sociétés sécularisées, c'est-à-dire des sociétés que le philosophe contemporain Marcel Gauchet dit être en train de sortir de la religion : celle-ci devient un libre choix individuel, elle ne rythme plus la vie sociale et ne détermine plus l'existence collective.

L'homme moderne, dit l'anthropologue Mircéa Eliade, est un homme a-religieux.

Mais Mircéa Eliade remarque également que certaines de nos pratiques sociales les plus ordinaires sont encore à leur insu tout imprégnées de religiosité : pendre la crémaillère rappelle un temps où la maison était un lieu sacré et un match de football ou une commémoration nationale gardent des allures de communion.

La difficulté est d'interpréter le phénomène.

Est-ce que ce sont là simplement des traces fossiles du passé religieux de l'humanité, ou bien l'indice que la modernité la plus sécularisée ne peut parvenir à s'affranchir complètement de toute religiosité ? THÈMES DE RÉFLEXION • Réfléchir sur ce qu'on peut entendre par « athéisme ». — « L'athéisme » dit pratique. — Selon Bossuet « il y a un athéisme caché dans tous les coeurs, qui se répand dans toutes les actions : on compte Dieu pour rien ». Cet athéisme dont il parle est l'athéisme pratique des gens déclarant croire en Dieu.

Athéisme ici renvoie à l'idée qu'un idéal (ici religieux) n'informe pas réellement les pratiques.

Inversement on pourrait se demander si tout acte informé par un idéal moral ne témoigne pas que son auteur n'est pas athée. — En ce sens, il a été soutenu par Le Roy que : « II n'y a point d'athées, car il n'y a personne qui se contente absolument de ce qu'il a et de ce qu'il est..., personne qui admette au moins pratiquement comme principe moteur de sa vie un idéal et un au-delà de l'ordre spirituel dont les sollicitations le travaillent.

» — Le Dantec dans son livre L'Athéisme déclare (p.

101) : « II n'y a pas d'athées parfaits; la conscience morale impose au plus libéré des athées des devoirs qu'il ne sait pas éviter...

Je suis tout aise, pour ma part, d'avoir, à côté de mon athéisme logique une conscience morale résultant d'une quantité d'erreurs ancestrales, et qui me dicte ma conduite dans des cas où ma raison me laisserait noyer.

» • L'athéisme théorique. — Il consiste, semble-t-il, en la négation explicite de Dieu, au refus de reconnaître tout principe d'unité, transcendant ou immanent à l'univers empirique. — La difficulté, lorsqu'on parle d'athéisme, tient au fait de savoir ce que l'on nie exactement en niant l'existence d'un Dieu. — Si nier Dieu, c'est nier un Être conçu d'une certaine façon comme une personne, on peut dire sans problème qu'il existe pour le moins des athées théoriques et que l'athéisme est possible. — Mais si Dieu est le nom donné pour d'autres caractéristiques et que le terme « religion » peut s'appliquer à d'autres conceptions que des « religions révélées » et (ou) « personnelles » le problème posé se complique sérieusement. L'on peut se demander alors si toute attitude (théorique ou pratique) valorisant « certaines choses » ne va pas être appréhendée par d'autres (ne valorisant pas les mêmes choses, ou de la même façon) comme une attitude religieuse, non athée. Un exemple (significatif) parmi bien d'autres possibles : la position de Nietzsche. • Ainsi il considère que les libres penseurs ne sont nullement « athées » dans la mesure où ils persistent à opérer une identification « métaphysique » entre « l'Être » et « l'Idéal ». — Pour les mêmes raisons, il considère que les socialistes sont toujours religieux (et non athées), singulièrement dans leur croyance au progrès.

« A méditer : Dans quelle mesure subsiste encore la fatale croyance en la providence divine, la croyance la plus paralysante qui soit, pour les mains et le cerveau; dans quelle mesure, sous le nom de « nature », de progrès, de perfectionnement, de darwinisme » est-ce encore l'hypothèse et l'interprétation chrétienne qui subsistent ? » (L'idée de progrès exprimant plus qu'un pur déroulement temporel, mais enveloppant l'affirmation que la marche de la vie et de l'humanité est une ascension dont le terme doit se confondre avec la réalisation de l'idéal moral.) — Consulter le livre de Jean Granier Le problème de la vérité dans la philosophie de Nietzsche (Éditions du Seuil) notamment le chapitre intitulé « le nihilisme » et singulièrement le paragraphe nommé Le meurtre de Dieu, pp.

261 à 267. • Ne pas oublier qu'il s'agit ici de savoir si « une société sans religion est possible ». • S'agit-il de se demander si la religion est strictement indispensable à la vie en société ? (si une vie en société, si une société peut être viable sans religion)? • S'agit-il de rapporter « la religion » à tel ou tel type de société (ou formation « sociale »)? Méditer à ce titre, le. »

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