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La société peut-elle se passer de religion ?

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« THÈMES DE RÉFLEXION • Réfléchir sur ce qu'on peut entendre par « athéisme ». — « L'athéisme » dit pratique. — Selon Bossuet « il y a un athéisme caché dans tous les coeurs, qui se répand dans toutes les actions : on compte Dieu pour rien ». Cet athéisme dont il parle est l'athéisme pratique des gens déclarant croire en Dieu.

Athéisme ici renvoie à l'idée qu'un idéal (ici religieux) n'informe pas réellement les pratiques.

Inversement on pourrait se demander si tout acte informé par un idéal moral ne témoigne pas que son auteur n'est pas athée. — En ce sens, il a été soutenu par Le Roy que : « II n'y a point d'athées, car il n'y a personne qui se contente absolument de ce qu'il a et de ce qu'il est..., personne qui admette au moins pratiquement comme principe moteur de sa vie un idéal et un au-delà de l'ordre spirituel dont les sollicitations le travaillent.

» — Le Dantec dans son livre L'Athéisme déclare (p.

101) : « II n'y a pas d'athées parfaits; la conscience morale impose au plus libéré des athées des devoirs qu'il ne sait pas éviter...

Je suis tout aise, pour ma part, d'avoir, à côté de mon athéisme logique une conscience morale résultant d'une quantité d'erreurs ancestrales, et qui me dicte ma conduite dans des cas où ma raison me laisserait noyer.

» • L'athéisme théorique. — Il consiste, semble-t-il, en la négation explicite de Dieu, au refus de reconnaître tout principe d'unité, transcendant ou immanent à l'univers empirique. — La difficulté, lorsqu'on parle d'athéisme, tient au fait de savoir ce que l'on nie exactement en niant l'existence d'un Dieu. — Si nier Dieu, c'est nier un Être conçu d'une certaine façon comme une personne, on peut dire sans problème qu'il existe pour le moins des athées théoriques et que l'athéisme est possible. — Mais si Dieu est le nom donné pour d'autres caractéristiques et que le terme « religion » peut s'appliquer à d'autres conceptions que des « religions révélées » et (ou) « personnelles » le problème posé se complique sérieusement. L'on peut se demander alors si toute attitude (théorique ou pratique) valorisant « certaines choses » ne va pas être appréhendée par d'autres (ne valorisant pas les mêmes choses, ou de la même façon) comme une attitude religieuse, non athée. Un exemple (significatif) parmi bien d'autres possibles : la position de Nietzsche. • Ainsi il considère que les libres penseurs ne sont nullement « athées » dans la mesure où ils persistent à opérer une identification « métaphysique » entre « l'Être » et « l'Idéal ». — Pour les mêmes raisons, il considère que les socialistes sont toujours religieux (et non athées), singulièrement dans leur croyance au progrès.

« A méditer : Dans quelle mesure subsiste encore la fatale croyance en la providence divine, la croyance la plus paralysante qui soit, pour les mains et le cerveau; dans quelle mesure, sous le nom de « nature », de progrès, de perfectionnement, de darwinisme » est-ce encore l'hypothèse et l'interprétation chrétienne qui subsistent ? » (L'idée de progrès exprimant plus qu'un pur déroulement temporel, mais enveloppant l'affirmation que la marche de la vie et de l'humanité est une ascension dont le terme doit se confondre avec la réalisation de l'idéal moral.) — Consulter le livre de Jean Granier Le problème de la vérité dans la philosophie de Nietzsche (Éditions du Seuil) notamment le chapitre intitulé « le nihilisme » et singulièrement le paragraphe nommé Le meurtre de Dieu, pp.

261 à 267. • Ne pas oublier qu'il s'agit ici de savoir si « une société sans religion est possible ». • S'agit-il de se demander si la religion est strictement indispensable à la vie en société ? (si une vie en société, si une société peut être viable sans religion)? • S'agit-il de rapporter « la religion » à tel ou tel type de société (ou formation « sociale »)? Méditer à ce titre, le texte suivant de Marx : « La détresse religieuse est, pour une part, l'expression de la détresse réelle et, pour une autre, la protestation contre la détresse réelle.

La religion est le soupir de la créature opprimée, l'âme d'un monde sans coeur, comme elle est l'esprit de conditions sociales d'où l'esprit est exclu.

Elle est l'opium du peuple. L'abolition de la religion en tant que bonheur illusoire du peuple est l'exigence que formule son bonheur réel.

Exiger qu'il renonce aux illusions sur sa situation c'est exiger qu'il renonce à une situation qui a besoin d'illusions. La critique de la religion détruit les illusions de l'homme pour qu'il pense, agisse, façonne sa réalité comme un homme sans illusions parvenu à l'âge de raison, pour qu'il gravite autour de lui-même, c'est-à-dire de son soleil réel.

La religion n'est que le soleil illusoire qui gravite autour de l'homme tant que l'homme ne gravite pas autour de lui-même. » Marx. La religion est-elle une caractéristique de toute société, et en est-elle une composante ? Mais ne peut-on pas se demander s'il pourrait exister une religion sans société ? Les relations entre les deux sont-elles seulement de cause à effet, ou sont-elles interdépendantes ? Que beaucoup de gens ne puissent pas se passer de croyance religieuse n'implique pas que la société soit liée à une religion.

Nietzsche, avec sa phrase " Dieu est mort ", a bien montré qu'une des tendances des sociétés actuelles était d'amoindrir, sinon d'effacer, le rôle de la religion (surtout depuis. »

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