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Comte: La religion est un modèle idéal de l'individu et de la société

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« Thème 94 Comte: La religion est un modèle idéal de l'individu et de la société La religion désigne un état de complète unité de notre existence individuelle et sociale, quand toutes ses parties, tant morales que physiques, convergent vers un seul but.

Elle est un état de synthèse universelle qui, en ralliant toutes les individualités, détermine la place de chacun.

L'état d'harmonie ou de réconciliation parfaite ne pouvant jamais être objectivement atteint, du fait de la complexité de la nature humaine et de ses intérêts multiples, la religion propose et procure un type idéal, un modèle de perfection universelle auquel nous aspirons.

Ce modèle offre la mesure de tout progrès et de tout perfectionnement possible.

Si chaque doctrine religieuse présente une explication cosmologique et anthropologique qui lui est propre, et si les doctrines religieuses diffèrent souvent entre elles, elles sont toutes appelées à se dépasser dans une synthèse supérieure, une religion universelle, positive, dont le dogme fondamental peut être admis par tous : l'existence d'un ordre immuable auquel sont soumis tous les événements.

La foi positive qui en résulterait, à la différence de tout autre type de foi, exposerait les lois des différents phénomènes observables, leurs relations de succession et de similitude qui permettent de les prévoir les uns à partir des autres.

Enfin, cette religion universelle abandonnerait à tout jamais la recherche vaine et inutile des causes premières et finales. La religion de l'humanité Â la fin de sa vie, Auguste Comte se rendit coupable d'un grand détournement de religion; il ne s'agissait pas moins que de «réincurver» sur l'humanité la croyance que l'homme dispersait (en pure perte) vers Dieu.

Auguste Comte reprend l'idée de Pascal: toute la suite des hommes pendant le cours de tant de siècles doit être considérée comme un même homme qui subsiste toujours et qui apprend continuellement.

Il condamne l'esprit individualiste dans la société comme il condamne l'esprit de détail dans la science: les deux tendances lui semblent aller dans le même sens, celui d'une désorganisation croissante. Pour lui, l'humanité non seulement forme un ensemble organique (il l'appelle le Grand-Être), un être collectif dont les hommes seraient les cellules, mais elle déborde le moment présent, elle englobe l'ensemble immense des disparus: son passé et son futur constituent sa réalité même.

Il se déclare lui-même Grand-Prêtre de la religion positiviste dont il prévoit avec une minutie passablement ridicule le culte et le rituel.

Appeler l'humanité le Grand-Être, passe encore, mais que penser du Grand-Fétiche pour la Terre? Le style d'écriture d'Auguste Comte est lourd, sans aucune fantaisie.

Le portrait photographique que l'on a du philosophe renforce cette impression de sévérité pesante.

Pourtant, à l'âge de 46 ans (les philosophes sont tardifs en tout), le fondateur du positivisme rencontre une jeune femme fragile et malade, Clotilde de Vaux, dont il tombe passionnément amoureux, mais qui meurt deux ans plus tard.

Il n'est pas excessif de dire que le philosophe lui a voué un véritable culte.

L'inflexion de la pensée d'Auguste Comte vers la morale et l'affectivité à la fin de sa vie doit sa force essentielle à cette rencontre décisive.

Clotilde de Vaux ne fut pas seulement la femme adorée d'un homme qui fut un philosophe, elle fut intronisée grande protectrice de la religion de l'humanité sous le nom de sainte Clotilde... La religion de l'humanité sélective Auguste Comte sape lui-même les bases de l'humanisme qu'aurait pu induire sa notion de Grand-Être.

Dans le Catéchisme positiviste, il rejette résolument l'idée selon laquelle l'Humanité serait définie comme l'ensemble de tous les hommes.

En fait, l'Humanité n'est composée que de ceux qui ont réellement mis quelque chose au pot commun: les génies, les savants, les artistes, les inventeurs, les autres n'étant que des parasites... Ce n'est pas sans inquiétude que nous lisons par ailleurs qu'Auguste Comte, par juste compensation de l'exclusion hors du Grand-Être de la quasi-totalité de l'humanité réelle, prescrit de joindre au nouvel être suprême tous ses dignes auxiliaires animaux: il y a, en effet, aux dires du philosophe, des chevaux, des chiens et des boeufs plus estimables que certains hommes! Des passages comme ceux-ci sont importants: ils nous prouvent que ni la très grande culture (même poussée jusqu'à l'érudition), ni la très grande intelligence (même poussée jusqu'au génie) ne saurait suffire à nous garantir la sûreté du jugement.. »

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