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L'existence de la société exclut-elle l'autonomie de l'individu ?

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L’opposition qui semble se manifester ici concerne d’une part la liberté individuelle et d’autre part la vie en société. Si nous devons questionner leur compatibilité, c’est qu’a priori les deux termes semblent se distinguer l’un de l’autre, et cela au point de s’opposer radicalement. A première vue, en effet, « pouvoir faire tout ce que l’on veut » semble définir correctement la liberté de l’individu, qui pourrait accomplir par lui-même tout ce qu’il désire. A cela viendraient alors s’opposer les contraintes de la vie en société et notamment la présence des lois, qui, dans toute société, marquent les limites acceptables des actions individuelles. Seulement, cette opposition va-t-elle de soi ?  Imaginons ce que serait un homme exclu de toute société, qui vivrait entièrement retiré de tout rapport à la société : ne ressemblerait-il pas, comme dit Aristote, à « une bête ou un dieu » ? En tous cas, il perdrait presque sa dimension purement humaine, au point que sa liberté pourrait bien être remise en question. Nous devons alors nous demander s’il est véritablement possible d’être libre hors de toute société. C’est peut-être cette société qui en nous demandant d’obéir à des lois, nous apprend à être libre.

 

  • I/ La société représente la négation de la liberté individuelle

 

  • II/ Les lois sont garantes de la liberté individuelle

 

  • III/ Le sens de cet antagonisme entre liberté individuelle et vie sociale

 

 

 

« Introduction : L'opposition qui semble se manifester ici concerne d'une part la liberté individuelle et d'autre part la vie en société.

Si nous devons questionner leur compatibilité, c'est qu'a priori les deux termes semblent se distinguer l'un de l'autre, et cela au point de s'opposer radicalement.

A première vue, en effet, « pouvoir faire tout ce que l'on veut » semble définir correctement la liberté de l'individu, qui pourrait accomplir par lui-même tout ce qu'il désire.

A cela viendraient alors s'opposer les contraintes de la vie en société et notamment la présence des lois, qui, dans toute société, marquent les limites acceptables des actions individuelles.

Seulement, cette opposition va-t-elle de soi ? Imaginons ce que serait un homme exclu de toute société, qui vivrait entièrement retiré de tout rapport à la société : ne ressemblerait-il pas, comme dit Aristote, à « une bête ou un dieu » ? En tous cas, il perdrait presque sa dimension purement humaine, au point que sa liberté pourrait bien être remise en question.

Nous devons alors nous demander s'il est véritablement possible d'être libre hors de toute société.

C'est peut-être cette société qui en nous demandant d'obéir à des lois, nous apprend à être libre. I/ La société représente la négation de la liberté individuelle Comme nous l'avons précisé auparavant, la vie sociale exige la présence de lois, de règles à respecter pour que les individus puissent parvenir à vivre ensemble.

Ainsi, il est courant d'entendre la célèbre phrase issue de la Révolution : « Ma liberté s'arrête là où la vôtre commence ».

Il faut bien que les actions de chacun soient limitées pour qu'elles ne viennent pas entraver les actions des autres.

La vie sociale passe ainsi par une répression de la liberté individuelle.

Cela se confirme aussi chez ceux qui estiment que la société étouffe par ce moyen les talents des individus les plus doués.

C'est à travers la voix de Calliclès que Platon, dans le Gorgias, reprend ce discours : « La loi est faite par les faibles et par le grand nombre.

Pour effrayer les plus forts, les plus capables de l'emporter sur eux, et pour les empêcher de l'emporter en effet, ils racontent que toute supériorité est laide et injuste, et que l'injustice consiste essentiellement à vouloir s'élever au-dessus des autres : quant à eux, il leur suffit, j'imagine, d'être au niveau des autres sans les valoir.

(…) Mais qu'il se rencontre un homme assez heureusement doué pour secouer, briser, rejeter toutes ces chaînes, je suis sûr que, foulant aux pieds nos lois contraires à la nature, il se révolterait, se dresserait en maître devant nous, lui qui était notre esclave, et qu'alors brillerait de tout son éclat le droit de la nature.

» Alors que la vie en société réclame le plus souvent une égalité entre les citoyens ; la liberté individuelle remet en question cette égalité, puisqu'elle ne concerne que l'individu.

Dès lors, les lois qui régulent la vie sociale ne peuvent que chercher à entraver la liberté individuelle, qualifiée de « laide » et « d'injuste ». II/ Les lois sont garantes de la liberté individuelle Cependant, nous pouvons également convenir que la liberté individuelle nécessite une certaine sécurité pour pouvoir s'exprimer.

Or, qu'est-ce qui fournit cela si ce n'est la société ? Dans un état où la loi de la nature serait la seule loi, il serait impossible de rester le plus fort très longtemps.

D'abord, chaque individu serait isolé.

Or, il est bien convenu que la réunion de plusieurs donne une force supérieure à la présence d'un seul.

(Même les loups se déplacent…en meute).

De plus, la liberté de chacun serait continuellement menacée.

Il suffirait d'un instant d'inattention pour être réduit en esclavage.

Nous pouvons donc bien être indépendants, si nous nous passons de vie sociale, mais nous ne pouvons en aucun cas être libres.

Surtout, nous ne serions pas libres de prétendre à une culture puisque cantonnés à l'état de nature, l'absence de vie sociale nous interdirait le dialogue, les échanges, le partage, les conventions, la connaissance…C'est donc toute notre dimension purement humaine, tout ce qui nous distingue de l'animal, qui disparaîtrait sans vie sociale.

Nous passer de vie sociale reviendrait à nous nuire à nousmêmes.

Rousseau reprend ce thème dans l'Emile : « Supposons dix hommes ; dont chacun a dix sortes de besoins.

Il faut que chacun pour son nécessaire, s'applique à dix sortes de travaux, mais vu la différence de génie et de talent, l'un réussira moins à quelqu'un de ces travaux, l'autre à un autre.

Tous, propres à diverses choses, feront les mêmes, et seront mal servis.

Formons une société de ces dix hommes, et que chacun s'applique au genre d'occupation qui lui convient le mieux ; chacun profitera des talents des autres comme si lui seul les avait tous et chacun perfectionnera le sien par un continuel exercice.

» Ainsi, « Pouvoir faire librement ce pourquoi nous sommes doués » résume beaucoup mieux ce qu'est la liberté individuelle.

A travers leurs différences de dons et de capacités, les hommes se libèrent ainsi mutuellement lorsqu'ils vivent en société. III/ Le sens de cet antagonisme entre liberté individuelle et vie sociale Cette liberté acquise dans la vie en société, comme nous venons de le voir, s'acquière lorsque tout le monde met au service de la société son talent et son génie naturel.

Elle passe donc par le travail (qui développe les dispositions) et la vie en communauté.

Cependant, qui n'est pas heureux après une bonne journée de travail lorsque celle-ci se termine ? Qui se sent véritablement libre lorsqu'il doit obéir à tout prix à des impératifs de réussite d'une entreprise ? N'appelons-nous pas ce que nous opposons au temps de travail le temps libre, où nous pouvons faire ce dont nous avons envie ? Ainsi, l'homme ne peut s'identifier à la fourmi.

Si c'est la société qui lui garantit sa liberté individuelle, celle-ci se manifeste aussi dans la volonté d'un détachement, d'une insociabilité qui lui permet justement…de rester libre.

Que l'on pense ici aux carnavals, créés pour « évacuer » cette volonté d'échapper à la société, ou aux multiples façons de s'évader dans les loisirs quels qu'ils soient.

L'homme ne peut donc se passer d'une certaine résistance à la vie sociale pour conserver sa liberté.

Pour caractériser cette attitude essentielle de. »

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