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Qu'est-ce qu'une pensée libre ?

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« Définition des termes du sujet: PENSÉE: Faculté de connaître, de comprendre, de juger, de raisonner, qui est censée caractériser l'homme, par opposition à l'animal.

Synonyme d'entendement, de raison. PENSER: Exercer une activité proprement intellectuelle ou rationnelle; juger; exercer son esprit sur la matière de la connaissance; unir des représentations dans une conscience. LIBERTÉ: C e mot, en philosophie a trois sens : 1° Libre arbitre.

P ouvoir mystérieux de choisir entre les motifs qui me sollicitent sans être déterminé par aucun d'eux. 2° Liberté de spontanéité.

S'oppose non plus au déterminisme mais à la contrainte : état de celui qui agit sans être contraint par une force extérieure. 3° Liberté du sage.

État de celui qui est délivré des passions et agit à la lumière de la raison. La liberté de penser est revendiquée comme un droit, que ce soit au sein d'une communauté (famille, entreprise, etc.) ou à l'intérieur d'un État.

T ous les totalitarismes impliquent la volonté du pouvoir de contrôler les esprits, de nier la liberté individuelle jusqu'à sa racine la plus profonde, la liberté de penser. En dépit de l'enjeu politique clair qu'elle représente, la notion de liberté de penser n'est pas si évidente à comprendre dès lors qu'on cherche à la distinguer de la liberté d'expression.

On sait parfaitement comment l'État peut contrôler les différents moyens d'expression (les médias).

M ais comment expliquer l'idée d'un contrôle exercé sur l'activité intérieure et muette de chacun qu'est la pensée ? 1.

LA LIBERTÉ DE PENSER : UN FOR INTÉRIEUR IMPRENABLE Q uelles que soient les pressions exercées sur l'individu et les souffrances qu'on lui inflige, il reste maître de penser ce qu'il veut librement.

A insi un homme peut se plier extérieurement à la contrainte politique de son pays sous une dictature, et, en son for intérieur, penser le contraire de ce que ces actes d'allégeance manifestent.

L'expression courante en ce cas « il n'en pense pas moins » révèle cette possibilité de préserver une pensée intérieure libre de toute contrainte. La description stoïcienne de la souffrance nous permet de comprendre comment l'idée de liberté de penser met en jeu l'idée d'une coupure entre l'extérieur et l'intérieur, entre le propre et l'étranger.

Les choses, les événements ne dépendent pas de moi, mais le jugement que je porte sur elles dépend entièrement de moi.

Je suis maître absolu de mes pensées et de mes jugements, rien ne peut atteindre mon intériorité, comprise comme dialogue avec moimême. O n ne peut m'ordonner de penser ceci et cela.

M ais est- ce là la seule forme de contrainte qui menace ma liberté de penser ? 2.

LA LIBERTÉ DE PENSÉE : UNE LIBÉRATION E n opposant l'intérieur à l'extérieur, le propre à l'étranger, on passe sous silence la constitution de la personnalité de chacun.

C elle-ci implique l'apprentissage du langage, des codes sociaux, etc.

A vant de pouvoir se poser la question de ma libre pensée, l'éducation a assuré une intériorisation de la culture de mes parents et de mon milieu en général.

A ffirmer sa liberté de penser n'est donc pas tant défier une improbable police des esprits que libérer son jugement de ses préjugés. La « P remière M éditation » de Descartes, ainsi que le début de son Discours de la méthode ou des P rincipes, montre comment toute affirmation de sa pensée en première personne commence par une mise en doute radicale de tout ce qui a été reçu passivement des autres (parents, professeurs, autorités en général).

P arce que nous avons été enfants avant d'avoir été des adultes dotés d'une raison indépendante, toute tentative de juger par soi-même se confronte à du « déjà-jugé », à du « déjà pensé ». La critique du préjugé a ainsi une signification profonde.

Dans le préjugé, je crois penser et juger alors que les autres jugent et pensent à travers moi. A ffirmer sa liberté de penser, c'est donc se ré-approprier sa pensée. 3.

LIBERTÉ DE PENSER : CONTRE OU AVEC LES AUTRES ? La genèse de ma personnalité dans l'éducation remet en question l'évidence d'une coupure entre ma pensée intérieure et l'extériorité de ce qui vient des autres.

P enser librement ne peut vouloir dire penser sans les autres ou contre les autres L'articulation de ma pensée dans un langage, fut-il intérieur, m'oblige d'emblée à donner une forme commune à ma pensée. C omprendre le sens de la liberté de pensée passe ainsi par une réflexion sur la définition de la liberté.

Il apparaît que la liberté de pensée ne se définit pas tant par opposition avec une contrainte extérieure, que par une autonomie de pensée.

Il ne s'agit pas de s'exclure de la communauté mais de penser par soi-même.

P enser par soi-même ne signifie pas alors se livrer à son caprice individuel, mais se donner des principes et des règles de pensée que l'on peut partager avec tout homme dans une dialogue rationnel. CITATIONS: « T oute personne a droit à la liberté de penser, de conscience et de religion.

» Déclaration universelle des droits de l'homme, 1948. « V oilà que j'entends crier de tous côtés : "Ne raisonnez pas ! " L'officier dit : "Ne raisonnez pas, faites vos exercices!" Le percepteur : "Ne raisonnez pas, payez!" Le prêtre : "Ne raisonnez pas, croyez ! " [...] Dans tous ces cas, il y a limitation de la liberté.

» Kant, Qu'est-ce que les Lumières ? 1784. « L'État qui enlève aux hommes la possibilité de communiquer publiquement leurs pensées leur ôte en même temps la liberté de penser.

» Kant, Qu'est-ce que s'orienter dans la pensée?, 1786. P our Kant en effet, nous pensons d'autant plus librement que nous avons accès à la pensée des autres et que nous pouvons publiquement leur faire part de nos propres pensées.

O ù il n'y a pas de liberté d'expression, il n'y a pas de liberté de penser. « Non seulement cette liberté [de juger] peut être accordée sans danger pour la piété et la paix de l'État, mais même on ne pourrait la supprimer sans détruire la paix de l'État et la piété.

» Spinoza, Traité théologico-politique, 1670. « S'il était aussi facile de commander aux esprits qu'aux langues, aucun gouvernement ne se trouverait jamais en péril et aucune autorité n'aurait besoin de s'exercer par des moyens violents.

» Spinoza, Traité théologico-politique, 1670. « Dès que le plus faible des hommes a compris qu'il peut garder son pouvoir de juger, tout pouvoir extérieur tombe devant celui-là.

» Alain, Propos du 3 fév.

1923. O n peut me priver de tout, sauf de ma liberté de penser.

A insi, quoi que je sois contraint de faire ou de dire, nul ne peut me contraindre à penser autrement que je pense. « Le dicton d'après lequel la vérité triomphe toujours de la persécution, est un des plaisants mensonges que les hommes répètent l'un après l'autre jusqu'à ce qu'ils passent en lieux communs [...].

L'histoire est remplie de faits montrant la vérité réduite au silence par la persécution.

» John Stuart Mill, De la liberté, 1859.. »

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