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Qu'est-ce qui fait la valeur de l'expérience ?

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« L'on dit souvent, avec admiration, des hommes âgés qu'ils ont de l'expérience.

‘Avoir de l'expérience' ou ‘faire l'expérience de', c'est le fait de vivre soi-même quelque chose, de l'affronter soi-même, de rentrer frontalement en contact avec le monde réel.

Mais alors pourquoi se frotter à la réalité, ‘faire l'expérience de' est-ce une chose importante ? Est-ce que le fait d'avoir des expériences est une bonne chose ? Qu'est-ce qui fait la valeur de l'expérience ? Que nous apporte-t-elle dans la vie ? L'expérience fonctionne sur le mode pratique (contrairement au mode théorique) et nous apporte des connaissances.

Tout d'abord, lorsque nous faisons une expérience, nous apprenons quelque chose.

Par exemple, si je mets ma main au feu, je vais me brûler, je vais pouvoir en déduire que le feu brûle, qu'il est dangereux, mais qu'il peut aussi subvenir à mes besoins si je l'utilise bien.

L'expérience peut aussi nous aider à comprendre le fonctionnement du monde qui nous entoure.

Par exemple si je lâche mon stylo, il tombe, si je suis un scientifique, je peux en tirer la loi de la gravité (théorie scientifique).

Mais alors, qu'est ce qui confère à l'expérience cette si grande valeur ? La théorie ? L'expérience elle-même ? Le monde qui nous entoure ? I. L'expérience a-t-elle de la valeur ou n'est-elle qu'une autre sensation ? Nous pourrions penser que l'expérience n'a pas une valeur intrinsèque, mais n'est qu'une sensation et doit donc tout au corps.

En effet, lorsque je fais l'expérience que le feu est chaud c'est grâce au sens du toucher.

Ou encore, quand je fais l'expérience que mon stylo tombe, c'est à la vue que je fais appelle.

Cependant, Aristote explique que l'expérience ne peut se réduire à cela et qu'elle a bien en elle-même sa propre valeur.

En effet, un autre élément rentre en compte dans l'expérience, c'est la mémoire.

Pour avoir de l'expérience, il ne suffit pas de rencontrer le réel, mais il faut retenir l'objet, la nature et le déroulement de cette rencontre.

Si l'expérience n'était qu'une simple sensation, je me brûlerais systématiquement la main.

L'auteur explique donc que l'expérience est source de connaissance et notamment du savoir-faire technique.

C'est donc un ensemble unifié de sensations et de mémoire qui permet l'expérience.

L'expérience a donc une fort grande valeur, car elle permet de connaître, de se prémunir, de comprendre le monde qui nous entoure, et d'unifier des faits similaires pour en tirer des lois.

Mais alors, l'expérience ne doit-elle qu'à elle-même sa valeur ? II. L'expérience débitrice de la théorie. Platon explique que l'expérience doit sa valeur à la théorie qui lui confère tout entière.

En effet, à travers le mythe de la caverne, Platon montre que l'expérience est un obstacle à la vérité du monde.

L'homme enchaîné au fond de la caverne croit en ce qu'il voit, en l'expérience qu'il a du monde, et si un homme vient pour le délivrer et lui montrer la vérité intrinsèque des choses, il voudra le tuer.

Ainsi la connaissance que nous propose l'expérience est une fausse et une mauvaise connaissance qui barre la route à la connaissance du vrai que l'on acquière grâce à la théorie.

La théorie vient donc sauver l'homme qui regarde les apparences que lui présente l'expérience, en lui proposant la contemplation de la connaissance véritable.

Mais alors, si comme le dit Platon, c'est la théorie qui confère sa valeur à l'expérience, comment se fait-il que la théorie ait toujours besoin de l'expérience pour être confirmée. L'épistémologie de Bachelard réactualise l'idée essentielle du platonisme : la science se constitue par ce geste intellectuel qui récuse l'expérience.

Pour Bachelard (comme pour Platon) le savoir scientifique commence par une rupture avec l'expérience ; par se méfier des synthèses spontanées de la perception.

Car l'expérience première est un obstacle et non une donnée. C'est même le premier obstacle que la science doit surmonter pour se construire.

C'est que la science est ennuyeuse : le réel auquel elle a affaire est filtré, classé, ordonné selon des relations intelligibles, quantifié, prêt à la mesure.

Au contraire, l'expérience première, spontanée, parle à l'imaginaire.

L' « observation première se présente comme un libre d'images : elle est pittoresque, concrète, vivante, facile.

Il n'y a qu'à la décrire et s'émerveiller ».

Devant elle, nous sommes au spectacle.

Entre l'expérience spontanée du feu par exemple et la connaissance des lois de la combustion, quel écart ! D'un côté un univers qualitatif et affectif : le feu qui crépite dans l'âtre, le bien-être, les couleurs, la fascination, le feu qui « chante » et qui « danse » ; de l'autre un processus physico-chimique dépouillé de toute poésie, une simple modification quantitative des éléments. La première leçon de l'épistémologie de Bachelard est donc bien platonicienne : l'anti-empirisme.

L'expérience est d'abord du domaine du préscientifique.

L'esprit scientifique doit se constituer contre elle, contre la nature et ses enseignements immédiats.

L'empirisme est la pente la plus naturelle et la plus paresseuse de l'esprit ; son axe et celui de la science sont inverses l'un de l'autre.

Cela suppose bien, chez Platon, une conversion intellectuelle, un détournement des habitudes spontanées de l'âme, une pédagogie de la rupture : « L'esprit scientifique ne se forme qu'en se réformant ».

La connaissance objective mérite une psychanalyse au cours de laquelle l'esprit scientifique pourra se constituer en inhibant et en refoulant les pulsions expansives de l'observation spontanée. Pour parvenir à l'esprit scientifique, il est donc indispensable d'éliminer de la connaissance les projections psychologiques spontanées et inconscientes, d'opérer ; comme le dit Bachelard une « psychanalyse de la connaissance ».. »

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