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Qu'est-ce que l'histoire des sciences peut apprendre aux philosophes ?

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« N.B. La question ne porte pas sur ce que la science, comme comportement ou ensemble de méthodes, peut apporter aux philosophes (exemples classiques de Descartes ou Pascal), mais plus précisément sur ce que l'histoire des sciences peut leur apprendre.

On peut subdiviser cette interrogation en deux aspects: • les effets de l'histoire des sciences sur les questions philosophiques; • la façon dont des notions philosophiques anciennes sont modifiées en fonction de l'histoire des sciences. Introduction L'apprenti philosophe a trop souvent tendance à concevoir la philosophie comme un domaine suffisamment vaste à lui seul pour qu'on doive l'étudier séparément des autres.

Se demander ce que l'histoire des sciences peut apprendre aux philosophes, c'est au contraire admettre que la philosophie ne doit pas se développer dans une souveraine ignorance des autres formes du savoir. I.

Leçons de l'histoire des sciences — Elle montre que le savoir n'est jamais constitué une fois pour toutes, qu'il est toujours à reconstruire. — Elle enseigne (cf.

Kant) que l'esprit doit interroger la nature, et non attendre passivement qu'elle dévoile, de son propre mouvement, ses lois. — Elle prouve que l'accès au savoir scientifique est historiquement tardif et que les débuts de son histoire sont encombrés d'obstacles épistémologiques provenant avant tout des habitudes de l'esprit lui-même (cf.

Bachelard: La Formation de l'esprit scientifique). — Tous ces éléments confirment ce que la philosophie (depuis Platon) prétend savoir: que la connaissance ne peut s'établir sur la perception immédiate, et que l'esprit doit toujours être prêt à s'auto-critiquer. — Dans cette première approche, l'histoire des sciences fournit donc, non pas de l'inédit à strictement parler, mais des raisons supplémentaires de se méfier du donné, de la «doxa». II.

Histoire des sciences, histoire de la Raison — Les progrès du savoir scientifique rendent caduques certaines approches philosophiques: • l'astronomie, à partir de Galilée, est incompatible avec la cosmologie d'Aristote (ce qui fait de cette dernière un moment de la pensée humaine); • l'histoire du concept mathématique de l'infini ne peut s'accorder avec la méfiance qu'éprouvait la mentalité grecque à son égard. Dans de tels cas, c'est donc la réflexion philosophique qui peut se trouver modifiée. — L'histoire de l'accès aux sciences et à la mentalité positive permet à la philosophie de composer une histoire.

de l'esprit (cf.

Comte et sa loi des trois États). — Plus précisément, l'histoire des sciences montre qu'il y a une histoire de la Raison.

Cf.

Bachelard: passage progressif du rationalisme classique (Newton) au rationalisme complexe (Einstein) puis au rationalisme dialectique (Dirac) dans la mécanique.

Dès lors, la philosophie doit concevoir de nouveaux rapports entre a priori et expérience, rationalisme et empirisme (voir La Philosophie du Non).

Or le rationalisme est depuis les débuts de la philosophie un pari constant : obligation de passer d'une conception fixiste de la raison à une conception ouverte ou dynamique. (cf.

Document ci-après) — Rétroactivement, le rationalisme scientifique peut fournir des arguments pour critiquer les «erreurs» de la métaphysique classique («illusion ontologique» attachée à la substantivation du verbe être, et faux-problèmes qui en découlent — d'après notamment Louis Rougier, La Métaphysique et le langage); il peut aussi produire dans la philosophie elle-même l'apparition de démarches et d'entreprises totalement différentes des attitudes classiques: empirisme logique, Cercle de Vienne, philosophie analytique anglo-saxonne.. »

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