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Commenter et apprécier ces réflexions de Descartes : « Si l'exercice d'un art nous empêche d'en apprendre un autre, il n'en est pas ainsi dans les sciences; la connaissance d'une vérité nous aide à en découvrir une autre, bien loin de lui faire obstacle.

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L'idée profonde de Descartes apparaîtra, si l'on montre l'impossibilité d'une interprétation littérale qui donnerait à l'expression : « Toutes les sciences », le sens d'une somme de connaissances portant sur tous les objets possibles. Par contraste on songera en effet à l'idée d'une solidarité de notions, donnée par la première phrase, et plus encore à celle de vues d'ensemble dégagées du rapprochement que l'on aura fait des différentes parties du savoir. La discussion sera préparée par l'opposition qui s'établit dans le texte entre les habitudes d'action et les jugements scientifiques. L'introduction soulignera donc cette opposition, et posera le problème en suivant les articulations du texte : solidarité des vérités; caractères de l'ensemble du savoir.

Plan. — L'action exige que se constituent des habitudes précises, souvent exclusives les unes des autres (on sera difficilement, à la fois, laboureur et joueur de lyre), et en tout cas ces habitudes nécessitent un long exercice, ce qui rend difficiles de nouvelles acquisitions. La spécialisation nécessaire des métiers ou « arts » est ainsi commandée par la nature des habitudes. Descartes y oppose la solidarité des notions scientifiques : « Si l'exercice d'un art... ; la connaissance d'une vérité... » Mais le savoir s'étend, indéfiniment, et cela ne rend-il pas impraticable cette idée de Descartes, que « toutes les sciences... » ? Ne faudrait-il même pas dire que la diversité des recherches exige des habitudes exclusives les unes des autres ?

« Commenter et apprécier ces réflexions de Descartes : « Si l'exercice d'un art nous empêche d'en apprendre un autre, il n'en est pas ainsi dans les sciences; la connaissance d'une vérité nous aide à en découvrir une autre, bien loin de lui faire obstacle...

Toutes les sciences sont tellement liées ensemble qu'il est bien plus facile de les apprendre toutes à la fois que d'en apprendre une seule en la détachant des autres.

» L'idée profonde de Descartes apparaîtra, si l'on montre l'impossibilité d'une interprétation littérale qui donnerait à l'expression : « Toutes les sciences », le sens d'une somme de connaissances portant sur tous les objets possibles. Par contraste on songera en effet à l'idée d'une solidarité de notions, donnée par la première phrase, et plus encore à celle de vues d'ensemble dégagées du rapprochement que l'on aura fait des différentes parties du savoir.

La discussion sera préparée par l'opposition qui s'établit dans le texte entre les habitudes d'action et les jugements scientifiques.

L'introduction soulignera donc cette opposition, et posera le problème en suivant les articulations du texte : solidarité des vérités; caractères de l'ensemble du savoir. Plan.

— L'action exige que se constituent des habitudes précises, souvent exclusives les unes des autres (on sera difficilement, à la fois, laboureur et joueur de lyre), et en tout cas ces habitudes nécessitent un long exercice, ce qui rend difficiles de nouvelles acquisitions.

La spécialisation nécessaire des métiers ou « arts » est ainsi commandée par la nature des habitudes.

Descartes y oppose la solidarité des notions scientifiques : « Si l'exercice d'un art...

; la connaissance d'une vérité...

» Mais le savoir s'étend, indéfiniment, et cela ne rend-il pas impraticable cette idée de Descartes, que « toutes les sciences...

» ? Ne faudrait-il même pas dire que la diversité des recherches exige des habitudes exclusives les unes des autres ? I.

— Il est évident que si l'on interprète littéralement, comme si Descartes visait la somme des connaissances scientifiques constituées, il faudrait en conclure l'impossibilité de parcourir tout le champ des sciences, et même d'une science (utiliser ici, rapidement, l'idée classique de la spécialisation nécessaire).

Il faudrait encore dire que l'exercice d'une méthode définie imprègne l'esprit d'habitudes dont on se débarrassera difficilement pour passer à d'autres méthodes (comparer un mathématicien et un biologiste ou un psychologue).

Mais l'étrangeté du paradoxe ainsi soulevé nous invite à chercher une autre interprétation.

Sur quoi porte au juste l'affirmation proposée ? II.

— D'abord, il ne s'agit pas pour Descartes de vouloir connaître des résultats déjà énoncés dans les sciences : il pose le problème de l'invention des idées, et non celui de l'assimilation.

Il n'est pas non plus question de résoudre tout problème possible en tout domaine.

Le sens de l'idée est bien donné par les réflexions de la deuxième partie du Discours au sujet de l'étude qu'il fit des mathématiques (« Je n'eus pas dessein de tâcher d'apprendre toutes ces sciences...; je pensai qu'il valait mieux que j'examinasse seulement ces proportions en général...

»); il faut donc interpréter le « toutes à la fois » non pas en un sens quantitatif ou extensif, mais comme une volonté de recherche en profondeur, grâce aux analogies des choses, vues dans le rapprochement des diverses connaissances.

L'idée centrale est bien, ainsi, que la connaissance d'une vérité en aide une autre, parce que tout est solidaire dans l'Univers. III.

— En ce sens, l'idée se justifie et représente bien tout l'esprit de la Science (1).

D'abord, malgré la diversité réelle des méthodes (ce que d'ailleurs Descartes n'a pas voulu voir), toutes les sciences procèdent d'une certaine attitude et d'une certaine orientation des recherches (sens profond du mot méthode : par ex.

chez Descartes l'idée de l'interprétation mathématique et mécanique de l'Univers, s'appliquant dans la forme des 4 règles du Discours) : cette orientation de la pensée entraîne des habitudes du jugement, qui prises dans un domaine, le préparent en d'autres.

(2) Ensuite et surtout l'idée de Descartes conduit à une certaine façon de comprendre, qui veut avant tout dégager un sens général d'explication et, par suite se réalise mieux par considérations d'ensemble que par des études spéciales (par ex., par la théorie générale des mouvements vibratoires, la physique moderne éclaire à la fois des problèmes de mécanique, d'acoustique, d'optique).

Mais alors se pose un problème fondamental : il s'agit de savoir s'il faut admettre la solidarité des faits, et l'unité du réel, qui justifieront cette orientation de la pensée scientifique.

Tout le développement de la science contemporaine permet de l'affirmer (idée de la structure électronique de la matière; unité des formes de l'énergie...). Conclusion.

— Si donc oh voulait viser la connaissance des notions dans le détail, puisqu'on se heurterait à la fois à, la difficulté de constituer des habitudes et à l'impossibilité de parcourir un champ indéfini, il faudrait nier l'idée de Descartes, ce qui serait du même coup renoncer à l'unité du savoir.

Mais s'il s'agit de la compréhension profonde, par une méthode générale d'explication, les expressions de Descartes traduisent bien l'orientation de la pensée scientifique, ce qui ferait également dire, sous une autre forme de la même idée, que bien connaître une chose, c'est connaître l'univers.. »

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