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Quelle part valable peut-on faire à l'intuition dans la connaissance scientifique ?

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« Introduction. On tient volontiers l'intuition pour une vue globale et sommaire, un pressentiment confus, qu'on oppose au savoir distinct, à la pensée explicite, à la preuve articulée ; la suggestion d'un instinct, qui engagé toute la personne, avec son fonds affectif, et qui Contraste avec le désintéressement de l'intelligence pure, source et garante de toute connaissance objective.

Comment, alors concevoir que des do««trines aussi diversement inspirées que le cartésianisme et le bergsonisme aient l'ait de l'intuition non un substitut inférieur du savoir authentique, mais l'idéal de la science véritable, que remplacent imparfaitement et ne l'ont que préparer les autres démarches de la pensée ? Ce problème s'éclaire si l'on distingue précisément les sens principaux du mot intuition. I.

— Quels sens du mot intuition sont à retenir ici. D'abord, la science se désintéresse de l'intuition qui serait une inspiration du « coeur », ce dernier terme entendu au sens étroit que nous lui donnons aujourd'hui quand nous disons : « Le coeur a ses raisons.

» L'intuition scientifique est nette de toute valeur sentimentale.

Dans tous ses autres sens, le mot intuition désigne une connaissance immédiate.

Or, le mot immédiat prête lui-même à confusion.

Il peut signifier primitif, premier dans le temps.

Mais ce qui nous importe ici, c'est la valeur du savoir, plutôt que sa date d'apparition.

Restent au mot immédiat deux sens.

Une connaissance est immédiate si le rapport est direct entre le sujet et l'objet, si l'esprit connaît la chose sans que s'interpose un écran qui la masque, un prisme qui la déforme.

Mais une connaissance est encore immédiate si elle tient dans un acte indivisible, instantané, si elle exclut toute succession de démarches entre une pensée qui serait un point de départ et une pensée qui serait un aboutissement ; ainsi entendue, l'intuition s'oppose au raisonnement.

Ce sont ces deux derniers sens qui nous intéressent ici. II.

— L'intuition connaissance directe. Une telle intuition, dûment interprétée, répond à une exigence capitale de l'esprit scientifique, au souci de voir clair, sans que les préjugés troublent ou dénaturent l'observation.

S'efforcer à l'intuition, c'est se soumettre à l'expérience, se garder des idées préconçues, plier, comme dit Cl.

Bernard, les théories aux faits, non les faits aux théories.

C'est encore écarter, dans la notation et l'explication des faits, les habitudes intellectuelles contractées dans un autre domaine du savoir, ne pas importer, par exemple, dans l'analyse du monde mental des modes de représentation applicables au monde de la nature, et sollicités car l'usage des choses ou le rapport social, lesquels nous invitent a figer et à morceler, dans la description, la vie et l'esprit à l'image des êtres matériels (Bergson). Mais voir naïvement l'objet n'est pas se perdre en lui.

La connaissance ne peut être directe en ce sens absolu que l'esprit, avec sa structure, serait absent de la connaissance même.

La science ne fait aucune place à une intuition qui serait communion et coïncidence du sujet et de l'objet.

Telle serait pourtant, suivant Bergson, la science idéale de l'esprit et de la vie : s'installer au coeur de la durée intérieure, s'absorber dans l'élan vital.

Mais s'abandonner au cours du temps n'est pas le connaître comme temps ; vivre n'est pas connaître la vie.

Il faut se dégager du flux pour le saisir comme flux.

Toute connaissance est indirecte en ce qu'elle suppose un recul par rapport à l'objet, et l'intuition qui serait sympathie serait non plus savoir, mais inconscience. "L'intuition [...] saisit une succession qui n'est pas juxtaposition, [...] le prolongement ininterrompu du passé dans un présent qui empiète sur l'avenir.

C'est la vision directe de l'esprit par l'esprit.

Plus rien d'interposé ; point de réfraction à travers le prisme dont une face est espace et dont l'autre est langage.

Au lieu d'états contigus à des états, qui deviendront des mots juxtaposés à des mots, voici la continuité indivisible, et par là substantielle, du flux de la vie intérieure.

Intuition signifie donc d'abord conscience, mais conscience immédiate, vision qui se distingue à peine de l'objet vu, connaissance qui est contact et même coïncidence." BERGSON Bergson oppose intuition et intelligence.

Alors que l'intelligence est la faculté de penser des objets, de les analyser dans le détail, l'intuition les saisit dans leur unité et coïncide avec eux.

Elle se manifeste surtout comme saisie immédiate de nos propres contenus de conscience, lorsque nous pensons un objet, que nous saisissons alors comme un "absolu", sans avoir besoin de le désigner par des mots. Problématique. L'intuition nous permet de saisir les différents états de notre conscience non comme des états successifs ou juxtaposés, mais comme un tout qui constitue la vie intérieure. L'intuition est l'appréhension directe de la réalité intérieure de notre esprit, ce qui lui permet de se passer du langage.

L'intuition est donc conscience immédiate, contact direct voire coïncidence avec la vie intérieure. Enjeux. L'intuition n'est pas, chez Bergson, une faculté mystérieuse, qui relèverait d'une expérience quasi mystique.

Elle est seulement la manière dont nous pensons un objet tel qu'il est en lui-même.

On la comprend mieux si on l'oppose aux processus rationnels par lesquels l'esprit pense un objet par des mots et des concepts.

Ici, au contraire, la pensée est directe, immédiate.. »

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