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Pourquoi distingue-t-on la production de la création ?

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Il nous semble qu'au fondement de cette nouvelle hiérarchie qui s'instaure entre ces deux types d'acte et aboutit à la valorisation du créer, se trouve une distinction entre l'action de la nature et l'action de l'Homme. En effet, il apparaît que le terme « produire » se rapporte essentiellement à l'action de la nature. C'est l'ouragan qui produit des dégâts, c'est la nature qui produit les fruits. Produire désignerait de cette manière l'action d'une cause qui induit un effet. Produire, c'est produire un effet. L'acte proprement humain est donc bien l'acte de créer, et le terme de créer acquiert alors une dimension humaine, qui aboutit à la supériorité du créer sur le produire. En effet, en produisant, la nature donne naissance à des effets, quand l'homme en créant produit des oeuvres. De cette façon, Kant, dans la Critique de la faculté de Juger, dans l'« Analytique du sublime », § 43, distingue les productions « considérées en tant qu'oeuvres » et les « produits de la nature considérés en tant qu'effets ». Le produit de la nature est un acte non réfléchi, qui ne fait pas intervenir la Liberté, faculté qui définit l'Homme lui-même et qui désigne ici, selon Kant « un libre arbitre dont les actions ont pour principe la raison. », la nature agit donc sans intervention de la Liberté, sans intervention d'une fin consciente et déterminée par la Raison, à la manière d'un automate. C'est pourquoi ses produits sont dits être des « effets ».


« Demande d'échange de corrigé de Hulst Aurélia ([email protected]). Sujet déposé : Pourquoi distingue-t-on la production de la création ? Introduction Produire et créer désignent tous deux l'acte par lequel un être promeut à l'existence une réalité en dehors d'eux, et qui n'existait pas auparavant, ces deux termes semblent donc tous deux relever d'un faire singulier par lequel un être devient la cause efficiente d'un autre.

En ce sens, il nous apparaît à premier abord que ces deux termes puissent être saisis comme synonymes, désignant un même acte.

Cependant, l'acte de « créer » semble investi d'une valeur positive et supérieure à celle que de l'acte de produire.

En effet, produire, désigne avant tout l'acte par lequel un être cause un effet, invariablement.

Dans le champ plus étroit dans l'agir humain, il désigne de manière générale l'action de transformation de la nature, soit une activité de mise en forme de la matière guidée par une fin essentiellement utilitaire.

Produire induit donc un rapport de moyens à fins, et s'appliquerait de cette manière surtout aux objets techniques, industriels voués à la reproduction.

Au contraire, par créer, en entend l'acte par lequel un être promeut à l'existence une réalité telle qu'on ne peut la référencer à aucun modèle préexistant.

Créer ce serait donc amener à partir du néant une réalité entièrement nouvelle et non vouée à la reproduction, ce qui induit une valeur supérieure accordée à l'acte et à l'objet crée par rapport à l'objet produit.

Créer, c'est donc moins donner naissance à un objet, qu'à une oeuvre, unique, immortelle portant la trace du divin ou du génie.

On peut alors saisir l'acte de « créer » de deux manières, soit de façon absolue, en tant qu'il désigne alors une création ex nihilo, à partir de rien, et s'oppose ainsi au produire, qui n'est que transformation du déjà donné, soit de façon relative, en tant qu'il est l'acte par lequel on donne le jour à une réalité nouvelle et unique et non soumise au rapport de moyens et fins.

De cette manière, produire semble pouvoir désigner un acte causant naturel ou humain, et créer davantage un acte divin ou humain. Il s'agit de cette manière de saisir lequel de ces deux actes représente le mieux l'acte humain par excellence. L'homme, en effet est-il et doit-il être avant tout un être qui crée ou un être qui produit ? La question implicite ici est alors celle de la valeur accordée à ces deux actes, et du fondement de la distinction, axiologiquement connotée, de produire et créer. De cette manière, il semble qu'entre créer et produire il y ait une distinction ontologique.

En effet, créer désigne l'acte créateur divin, inaccessible aux créatures.

De ce fait, l'homme est réduit, en quelque sorte à la production, qui n'est qu'une transformation d'un déjà donné, quand Dieu crée ex nihilo.

Produire est donc l'acte d'une créature qui imite l'acte divin.

Néanmoins, la création en tant qu'acte de Dieu, ne peut nous être accessible, il faut donc redonner à « créer » une valeur immanente et relative, pour distinguer non plus l'acte humain de l'acte divin, mais les actes humains entre eux.

Créer se présente alors comme un acte de production, certes, mais supérieur, ayant plus de valeur que le pur produire.

La distinction entre créer et produire est donc surtout une distinction axiologique qui aboutit à la dévalorisation du produire et à la survalorisation d'un acte humain « créateur ».

Il nous faut donc revenir sur les présupposés non négligeables qui conduisent à cette distinction axiologiquement connotée, pour redonner aux actes de « produire » et de « créer » leurs véritables visages. 1/ Une distinction ontologique et un lien analogique La distinction originaire de créer et de produire est une distinction ontologique, par laquelle on peut distinguer l'acte humain de l'acte divin.

Créer désigne en effet un acte singulier, un acte d'une volonté efficiente qui promeut une réalité ex nihilo.

Ce mode d'acte est tout à fait inaccessible et incompréhensible par une créature, qui ne peut que produire et par là même imite son créateur.

Produire est alors à l'homme ce que crée est à Dieu. a) Seul Dieu peut créer Le terme de créer, pris au sens absolu ne semble pas pouvoir désigner un agir humain.

En effet, créer au sens absolu désigne un acte par lequel on produit, certes, mais ex nihilo, c'est-à-dire à partir de rien à partir du néant.

Or il semble bien que l'homme, en tant qu'homo faber, quelque réalité nouvelle qu'il promeut, produit toujours à partir d'un élément : la matière.

Ce qui fait donc la spécificité de l'acte de créer, c'est donc la manière dont un être pourrait faire advenir une réalité nouvelle à partir de rien, par un pur acte de volonté.

L'agir productif de l'homme est ainsi soumis à l'existence de la matière, et ce, de deux manières.

D'une part en effet, l'homme ne peut créer sans cette réalité préexistante, mais il est encore soumis à la matière et à ses propriétés.

Il ne peut produire n'importe quel objet dans n'importe quelle matière.

L'homme ne peut que transformer ce déjà donner, c'est-à-dire faire advenir une forme, en puissance dans une matière donnée.

Seul un être transcendant, tel Dieu semble pouvoir être l'auteur d'un tel acte, où rien n'est présupposé, délivrer des contraintes de la matière, car Dieu se conçoit comme cet « agent qui opère sans aucune puissance préalable » homme le suggère Saint-Thomas-d'Aquin dans la Somme théologique, Ia question 45.

En effet, ce qui fait la puissance de Dieu, c'est son acte créateur, conçu comme un acte qui crée à partir de rien, sans matière préalable.

Contrairement à l'homme, il crée, quand ce dernier ne peut. »

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