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Peut-on se mentir à soi-même ?

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« Vocabulaire: MENSONGE (n.

m.) 1.

— Assertion qui indique un fait auquel le locuteur ne croit pas, ou exprime une opinion qui n'est pas la sienne ; par ext., assertion contraire à la vérité.

2.

— Menteur (paradoxe du ) : argument sceptique contre la raison et paradoxe logique (auquel la théorie des types donne une solution) : Épiménide le Crétois dit que les Crétois sont menteurs, donc il ment, mais alors les Crétois ne sont pas menteurs, donc il ne ment pas, mais alors il ment, etc. QUELQUES DIRECTIONS DE RECHERCHE • II ne s'agit pas ici de savoir « si on peut se mentir à soi-même » ni si c'est ( bien) ou ( mal) : des considérations de cet ordre seraient ici parfaitement oiseuses, déplacées. • Ne s'agirait-il pas d'expliquer en quel(s) sens de « mentir » et (ou) de « soi-même » ce phénomène peut être intelligible et compris rationnellement ? • Deux directions possibles (mais non exclusives) : — la psychanalyse freudienne (voir les sujets traités s'y rapportant), — l'analyse de la « mauvaise foi » chez Sartre (chapitre II du livre L'Être et le Néant, Gallimard). I - LES TERMES DU SUJET A - LA NOTION DE MENSONGE Elle qualifie un acte par lequel un individu qui connaît la vérité la dissimule consciemment à un autre par un usage frauduleux du langage. B - LE "SOI-MEME" Notion plus difficile malgré son usage courant, elle renvoie à l'identité personnelle et implique la réflexion sur soi qui fait apparaître ce que je suis, c'est-à-dire mon essence.

Retenons que seul un sujet pensant, conscient d'être élabore l'idée du soi-même par laquelle il cherche à se définir.

L'animal a une identité mais elle n'est pas personnelle car la conscience de soi lui fait défaut.

L'animal ne se connaît pas. C - "PEUT-ON" "Peut-on" a ici le sens de la possibilité plus que du droit, même si toute valeur morale n'est pas à exclure. II - UNE ANALYSE DU PROBLÈME Mentir, c'est dissimuler la vérité ou la travestir.

Si généralement on condamne le mensonge c'est parce qu'il consiste à ne pas dire à un autre la vérité.

Il semble bien que la condamnation existe donc avant tout parce qu'il y a l'autre. En effet, mentir, c'est toujours mentir à quelqu'un et suppose, semble-t-il une connaissance de la vérité qu'on décide de dissimuler.

Dès lors, il semble difficile de se mentir à soi-même puisque cela supposerait qu'on connaisse la vérité et qu'on décide de ne pas se la dire.

L'idée d'un mensonge à soi-même conduit à une forme de dédoublement de soi qui semble bien étrange.

Pourtant, on dit souvent de personnes qu'elle se cachent la réalité, qu'elle se mente à elle-même.

Quel sens accorder à ces expressions ? S'agit-il d'un abus de langage, d'une maladresse ou cela peut-il correspondre à une réalité et alors laquelle ? Quelle position de la conscience le mensonge à soi-même peut-il supposer puisque nous avons évoqué le dédoublement de soi ? Comment puis-je à moi-même me dissimuler la vérité ? Vous pouvez remarquer qu'on peut refuser de « regarder la vérité en face » on dit alors d'une personne qu'elle « fait l'autruche » qu'elle « se met la tête dans le sable », faisant alors comme si une réalité n'existait pas même si cette dernière saute aux yeux.

Ici, vous pouvez vous reporter aux analyses de Sartre dans l'Etre et le néant à propos de la mauvaise foi.

Sartre distingue alors le mensonge de la mauvaise foi.

Mentir c'est dissimuler la vérité à un autre, la mauvaise foi consisterait au contraire à se mentir à soi-même.

Vous pouvez vous reporter à l'exemple du garçon de café analysé par Sartre.

Montrez alors en quoi une telle attitude suppose une forme de duplicité de la conscience. "Se mentir à soi-même" pose une difficulté d'ordre logique.

Mentir aux autres est évidemment possible, car il y a dualité du trompeur et du trompé, mais le mensonge à soi-même supprime cette différence.

Ce serait donc un acte impossible car contradictoire. Cependant, l'expérience courante montre que cette attitude existe.

Faut-il y voir la preuve de l'aveuglement de l'homme, de sa faiblesse et de sa vanité ? Il y a peut-être un sens plus profond lié aux difficultés de la connaissance de soi. III - UNE DÉMARCHE POSSIBLE. »

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