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Puis-je mentir sans m'en rendre compte ?

Extrait du document

« [Je peux travestir inconsciemment la vérité.

Il est tout à fait possible de ne pas dire la vérité sans s'apercevoir que l'on ment.

L'inconscient qui me cache la réalité et la vérité m'amène à mentir sans que je m'en rende compte.] Quand je ne dis pas ce qui est réellement, je mens Le mythomane qui invente des récits auxquels il finit par croire ne dit pas la vérité.

On peut donc considérer qu'il ment.

Et pourtant il ne s'en rend pas compte.

Il croit dire ce qui est.

Je fais la même chose quand je raconte une histoire qui n'est pas vraie sans préciser qu'elle n'est pas vraie.

Je mens sans le faire exprès. Une contradiction ? Si l'on part du point de vue du jugement sain et spontané, l'idée de mensonge à soi-même apparaîtra nécessairement comme une contradiction pour au moins deux raisons principales.

Mais rappelons tout d'abord les caractéristiques principales du mensonge en général. La nature du mensonge. Mentir, c'est dire à autrui une chose qu'on sait fausse dans le but de le tromper.

Le mensonge par omission consiste, toujours dans le but de tromper autrui, à ne pas divulguer une information que l'on possède et que l'on sait utile ou susceptible de contribuer à la révélation de la vérité. Comment puis-je alors me mentir à moi-même, moi qui n'ai pas intérêt à me tromper et qui sais ce que je dis et ce que je pense ? Je n'ai pas intérêt à me mentir. Il faut en effet bien souligner le caractère de tromperie qui caractérise l'esprit de mensonge : pourquoi voudrais-je me nuire ? Toutefois, si l'on étudie de plus près les circonstances dans lesquelles nous sommes tentés de mentir, nous remarquons que si nous voulons tromper autrui, ce n'est pas toujours pour lui nuire ; c'est souvent plutôt pour nous protéger, par exemple pour sauvegarder notre image, notre réputation.

Puis-je avoir besoin de me protéger de moi-même ? De préserver mon image à mes propres yeux ? Cela devient plus plausible. Je peux, sans m'en rendre compte, préférer l'illusion à la vérité L'illusion désigne ce qui se donne pour vrai sans l'être.

Littéralement, l'illusion se joue de celui qui en est la victime.

Elle n'est jamais l'objet d'une adhésion volontaire.

Berné par une illusion, je peux mentir en croyant dire la vérité. Freud a montré que l'illusion comprenait toujours une part de désir, contrairement à l'erreur.

L'originalité de l'illusion, c'est qu'elle survit en quelque sorte à sa réfutation.

La jeune fille qui s'est mis en tête d'épouser un prince ne se laissera pas convaincre que c'est impossible. Le raciste fanatique n'admettra jamais, en dépit de tous les arguments que les Noirs sont aussi intelligents que les Blancs.

Et, dans un tout autre ordre, les illusions des sens subsistent lorsque la raison montre leur fausseté.

L'amputé sait fort bien qu'il a perdu un bras.

Il continue pourtant à souffrir et à localiser la douleur dans son membre fantôme. Et l'astronome a beau savoir que la terre tourne autour du soleil, qu'elle est éloignée de lui d'une grande distance, il continue à voir comme tout le monde, disait Spinoza, le soleil tourner autour de la terre, comme un gros ballon rouge tout proche.

A la différence de l'erreur qui est guérie par la raison, l'illusion demeure après sa réfutation.

C'est donc que les convictions illusoires ont une source positive, originale.

Leur racine profonde est dans tous les cas extérieure à la raison.

Quelles sont donc les sources de nos illusions? Selon Freud la plupart des illusions sont le produit de nos désirs.

Ce sont des croyances suscitées par le désir, par le besoin impérieux de satisfaire nos pulsions.

C'est donc le principe du plaisir, et l'oubli du principe de réalité qui est à la racine de l'illusion.

On croit ce que l'on souhaite, ce qu'on voudrait qui soit malgré tous les démentis de la réalité.

Dans certaines familles, disait Marcel Proust, quel que soit le nombre des maladies, des désastres et des deuils on ne doute jamais de la bonté de son Dieu, ni du talent de son médecin! L'illusion est une. »

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