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Peut-on affirmer que l'homme est libre et la nature soumise à des lois ?

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« L'expression de libre-arbitre, qui signifie le pouvoir de choisir librement, a une origine religieuse.

Dieu aurait donné à l'homme le pouvoir de juger et d'agir librement.

Au XVIIe siècle, Descartes reprend à son compte l'origine et la nature divines de ce libre-arbitre : « Dieu a fait trois merveilles : quelque chose à partir de rien, le libre-arbitre et l'Homme-Dieu.

» Mais les partisans du libre-arbitre placent l'homme au-dessus des lois de la nature, puisque, dit Spinoza, « ils conçoivent l'homme dans la Nature comme un empire dans un empire ». Kant propose de sortir de ce dilemme en distinguant les deux mondes auxquels nous appartenons simultanément : le monde des phénomènes naturels, dans lequel nous sommes déterminés, et un autre monde, hors de l'espace et du temps, auquel nos sens n'ont pas accès, mais dont nous avons des raisons de penser qu'il existe : le monde intelligible.

Du fait de sa double appartenance, l'homme est soumis d'une part aux lois de la nature sensible, et, d'autre part, sur un autre plan, au pouvoir de sa raison morale.

Celle-ci lui commande d'agir en obéissant aux principes de la loi morale, « de sorte, écrit Kant, que la personne, comme appartenant au monde sensible, est soumise à sa propre personnalité en tant qu'elle appartient en même temps au monde intelligible ».

Descartes et Kant admettent donc l'existence d'une opposition entre le mécanisme, qui règne dans la nature, et la moralité de l'homme.

Certes, il résulte de cette dualité qu'on ne peut pas démontrer par des causes physiques l'existence du libre-arbitre.

Mais, écrit Descartes, la liberté de notre volonté est d'une telle évidence « qu'elle se connaît sans preuve, par la seule expérience que nous en avons ». Les deux propositions sont-elles en opposition, ou peut-on les affirmer indépendamment l'une de l'autre ? Et si chacune a une incidence sur l'autre, se remettent-elles en question ? En étant libre, l'homme n'est-il pas soumis à des lois ? Et si la nature est soumise, n'est-ce pas par l'action humaine (qui crée les lois) et par elle-même ? Comment est-il possible de parler de soumission de la nature ? Obéit-elle à une volonté qui lui serait supérieure ? L'opposition : du côté de l'homme, la liberté ; du côté de la nature, la soumission, est-elle pertinente ? L'homme n'est-il pas soumis lui-même aux lois de la nature ? Cela contredit-il sa liberté ? Que faut-il entendre par liberté ? Que suppose la liberté (penser à la notion de volonté, etc.) ? Et de même, qu'est-ce que la nature ? la soumission ? les lois (sans doute ici celles de la nature : mais l'homme n'est-il pas aussi soumis à des lois ? Sont-ce les mêmes ?) ? De même, la nature est certes soumise à des lois.

Mais ces lois, lui sont-elles imposées de l'extérieur ? [Introduction] On dit que l'homme est libre (même sans trop préciser le sens de l'adjectif).

On sait d'autre part que la nature obéit à des lois qui en déterminent tous les phénomènes.

Communément, on ne perçoit pas de contradiction entre ces deux affirmations ; à quelle condition pourrait-il y en avoir une ? [I — Le déterminisme de la nature] a.

Rappeler la définition d'une loi : énoncé d'une relation constante entre deux phénomènes. b.

Qui découvre les lois de la nature ? Évidemment, pas la nature elle-même, mais l'homme (en tant que chercheur scientifique). c.

Ce qui suppose une distance entre l'homme interrogeant la nature pour en découvrir les lois et la nature interrogée. [II — L'homme est-il un être de nature ?] a.

Opposition classique entre nature et culture (pour caractériser l'homme) : loi d'un côté, règle de l'autre. b.

Ce qui distingue l'homme de l'ordre naturel (= les éléments qui marquent l'émergence de la culture) : interdit de l'inceste, travail, connaissance de la mort (cf.

Hegel, ou Bataille). c.

Définition « minimale » de la liberté : elle est capacité de dire « non » à l'ordre naturel (dans les trois domaines cidessus rappelés — non à la satisfaction sexuelle immédiate, non à la forme donnée des matières, non à la décomposition « naturelle » du cadavre, par l'invention de rituels à accorder aux morts). d.

Que reste-t-il de « naturel » dans l'homme ? Ce qui est strictement héréditaire : le corps et ses caractères (et encore évolue-t-il différemment selon les cultures). [III - Conditions d'une contradiction] a.

Si l'homme appartenait à la nature, il serait déterminé comme les phénomènes naturels ; on ne pourrait affirmer sa liberté. b.

Mais il est sans cesse à distance de la nature (cf.

Hegel : il est Esprit), et, puisqu'il lui échappe de la sorte, les déterminismes qui peuvent encore agir sur lui sont limités (cf.

la différence entre les sciences « de la nature » et les sciences « de l'homme » ou sociales). c.

Rappel de Kant : différence entre le caractère « empirique » (les aspects déterminés) et le caractère « rationnel » (ce qui dépend des lois formulées par la raison) de l'homme.

Cela ne signifie pas que l'homme échappe à toute loi, mais que, pour lui, les plus importantes sont celles qu'il s'impose à lui-même. [Conclusion] Les deux affirmations proposées sont compatibles.

Elles n'impliquent pas que l'homme n'obéisse plus à aucune loi. Elles signifient bien plutôt que les lois qu'il observe sont en priorité celles que produit sa liberté (lois de la morale, ou politiques).. »

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