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L'homme est-il le produit de son histoire ?

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« [Introduction] « L'histoire est la connaissance du passé humain », disait le grand historien Henri-Irénée Marrou.

Dès notre naissance, nous sommes plongés dans l'histoire : celle de notre famille, de notre pays, de l'humanité.

Nous venons après des milliards d'êtres humains dont certains ont laissé des traces politiques, philosophiques, artistiques, scientifiques, religieuses, ou tout simplement affectives.

Sommes-nous le produit déterminé de l'histoire ou est-ce nous qui produisons l'histoire ? Sommes-nous déterminés à être ce que nous sommes ou pouvons-nous agir sur l'avenir ? [I - L'homme est le produit de son histoire] L'homme est ce qu'il est parce qu'il a sa propre histoire : Selon le milieu dans lequel nous venons au monde, selon l'État dans lequel nous vivons, selon l'éducation que nous recevons, les gens que nous côtoyons, etc., nous subissons des influences multiples et complexes.

Nous sommes donc le produit d'un certain déterminisme social. De plus, au début de ce siècle, Freud a émis l'hypothèse d'un déterminisme psychique qui agirait indépendamment de notre conscience, de notre volonté.

L'homme serait agi par une force : l'inconscient.

Cette force lui ferait commettre des actes, dire des paroles, qu'en pleine conscience il rejetterait.

Ainsi, chaque individu est le produit à la fois du déterminisme social et du déterminisme psychique qui influencent sa vie, forgent son identité. L'homme est ce qu'il est parce qu'il naît dans une histoire : Déterminé par son histoire personnelle, l'homme l'est aussi par l'époque dans laquelle il vit.

C'est ce que pense Hegel : l'essence de l'homme est l'histoire.

L'homme est le produit des expériences historiques passées.

Hegel postule que le développement historique aboutit à une conscience de soi qui ne fera plus qu'un avec la conscience collective lorsque l'individu aura compris — embrassé — l'histoire dans sa totalité.

L'Esprit sait où il va : « L'histoire universelle n'est que la manifestation de cette Raison unique, une des formes dans lesquelles elle se révèle ; une copie du modèle originel qui s'exprime dans un élément particulier, les Peuples [...].

C'est l'Esprit qui se manifeste dans toutes les actions et les aspirations du peuple, c'est lui qui se réalise, jouit de lui-même et se connaît lui-même.

» (La Raison dans l'histoire.) Ainsi, en rusant, la raison permet à l'homme de réaliser l'universel tout en' se réalisant lui-même dans son histoire : par exemple, Napoléon est cet « Esprit du monde à cheval » que Hegel voit traverser la ville le 14 octobre 1806, le lendemain de la bataille d'Iéna.

Les grands hommes accomplissent ainsi, à leur insu, l'Esprit universel.

L'homme n'est que le moyen de l'histoire, il en est le produit. NOTE: Témoin de la victoire de Napoléon à Iéna, Hegel écrit dans une lettre: "Je vis l'empereur, cette âme du monde, traverser à cheval les rues de la ville." Ce que Hegel admire en Napoléon, c'est le fondateur de l'Etat moderne.

Pour lui, l'Etat est une fin indispensable de l'organisation humaine, c'est grâce aux Institutions étatiques que les hommes peuvent devenir des citoyens libres et rationnels. Le passé individuel et collectif détermine donc chacun d'entre nous.

Notre identité est le résultat de cette double influence, et c'est à partir de ces éléments que nous nous représentons le monde.

Faut-il en conclure que nous ne sommes que le produit de notre histoire ? [II — Ce sont les hommes qui font l'histoire] Certes, comme nous venons de le voir, l'homme est le résultat de déterminations historiques.

Mais c'est oublier que l'homme est avant tout un être de projet, libre de ses choix.

Il n'est déterminé que par lui-même : il n'y a pas d'histoire en dehors de l'homme qui la fait.

L'histoire n'est que ce que les hommes la font être.

C'est l'homme qui construit l'histoire et non l'inverse.

C'est bien l'homme, la société, qui décide des valeurs au nom desquelles il faut, par exemple, se battre. C'est sur ce point que Marx a tout particulièrement insisté.

Pour lui, ce ne sont pas les idées qui font l'histoire, mais les hommes qui font leur travail.

Contrairement à Hegel, il pense que l'histoire n'est pas la réalisation de l'Esprit, mais qu'elle s'effectue en fonction des modifications matérielles qui interviennent dans la vie des hommes.

C'est l'action révolutionnaire des hommes qui fait l'histoire. Partant de la réflexion de Marx sur le devenir social et la liberté, Sartre expérimente la liberté humaine comme infinie, donc infiniment libre de choisir.

« L'homme n'est rien d'autre que son projet, il n'existe que dans la mesure où il se réalise, il n'est donc rien d'autre que l'ensemble de ses actes, rien d'autre que sa vie », écrit-il dans L'Existentialisme est un humanisme.

L'homme n'est donc pas le résultat de circonstances qui le détermineraient, mais, au contraire, il est un être totalement libre de se déterminer.

Il est ce qu'il fait et ce qu'il se fait. L'homme est indissociable de son histoire, tout comme l'histoire est indissociable de l'homme : l'homme construit son histoire en fabriquant sa vie par ses choix.

Il est ainsi producteur de son histoire. [Conclusion] L'homme est libre et responsable des valeurs qu'il produit et qu'il donne comme références.

L'histoire n'est pas une réalité indépendante de l'homme.

Il n'y a pas d'homme sans histoire ni d'histoire sans homme.

Produit de l'histoire, l'homme est également producteur de lui-même.

C'est dans cette double situation que l'homme peut envisager de construire son avenir.. »

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