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Hegel: L'histoire peut-elle libérer l'homme ?

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Lorsque nous considérons ce spectacle des passions et les conséquences de leur déchaînement, lorsque nous voyons la déraison s'associer non seulement aux passions, mais aussi et surtout aux bonnes intentions et aux fins légitimes, lorsque l'histoire nous met devant les yeux le mal, l'iniquité, la ruine des empires les plus florissants qu'ait produits le génie humain, lorsque nous entendons avec pitié les lamentations sans nom des individus, nous ne pouvons qu'être remplis de tristesse à la pensée de la caducité en général. Et étant donné que ces ruines ne sont pas seulement l'oeuvre de la nature, mais encore de la volonté humaine, le spectacle de l'histoire risque à la fin de provoquer une affliction morale et une révolte de l'esprit du bien, si tant est qu'un tel esprit existe en nous. On peut transformer ce bilan en un tableau des plus terrifiants, sans aucune exagération oratoire, rien qu'en relatant avec exactitude les malheurs infligés à la vertu, l'innocence, aux peuples et aux États et à leurs plus beaux échantillons. On en arrive à une douleur profonde, inconsolable que rien ne saurait apaiser. Pour la rendre supportable ou pour nous arracher à son emprise, nous nous disons : il en a été ainsi ; c'est le destin ; on n'y peut rien changer ; et fuyant la tristesse de cette douloureuse réflexion, nous nous retirons dans nos affaires, nos buts et nos intérêts présents, bref, dans l'égoïsme qui, sur la rive tranquille, jouit en sûreté du spectacle lointain de la masse confuse des ruines.

« L'homme semble prisonnier du temps et incapable d'y échapper.

Mais les facultés de son esprit, comme la raison, la volonté ou la mémoire lui permettent de s'y inscrire de façon délibérée, voire de le considérer comme le support indispensable de sa progression vers la maturité, ou de l'ignorer.

Ainsi la mort qui, à première vue, met irrémédiablement fin à tout projet, peut aussi stimuler l'être humain en le poussant à réaliser une oeuvre qui lui survivra, sans qu'il cherche inutilement à oublier son emprise et celle du temps.

Si tout homme est en partie déterminé par le passé et par son époque, il peut aussi s'appuyer sur cette histoire pour accomplir une oeuvre qui la dépasse ou pour s'y épanouir lui-même. egel: Lorsque nous considérons ce spectacle des passions et les conséquences de leur déchaînement, lorsque nous voyons la déraison s'associer non seulement aux passions, mais aussi et surtout aux bonnes intentions et aux fins légitimes, lorsque l'histoire nous met devant les yeux le mal, l'iniquité, la ruine des empires les plus florissants qu'ait produits le génie humain, lorsque nous entendons avec pitié les lamentations sans nom des individus, nous ne pouvons qu'être remplis de tristesse à la pensée de la caducité en général.

Et étant donné que ces ruines ne sont pas seulement l'oeuvre de la nature, mais encore de la volonté humaine, le spectacle de l'histoire risque à la fin de provoquer une affliction morale et une révolte de l'esprit du bien, si tant est qu'un tel esprit existe en nous.

On peut transformer ce bilan en un tableau des plus terrifiants, sans aucune exagération oratoire, rien qu'en relatant avec exactitude les malheurs infligés à la vertu, l'innocence, aux peuples et aux États et à leurs plus beaux échantillons.

On en arrive à une douleur profonde, inconsolable que rien ne saurait apaiser.

Pour la rendre supportable ou pour nous arracher à son emprise, nous nous disons : il en a été ainsi ; c'est le destin ; on n'y peut rien changer ; et fuyant la tristesse de cette douloureuse réflexion, nous nous retirons dans nos affaires, nos buts et nos intérêts présents, bref, dans l'égoïsme qui, sur la rive tranquille, jouit en sûreté du spectacle lointain de la masse confuse des ruines. QUESTIONNAIRE INDICATIF • Quelle est la fonction*du premier paragraphe ? - Quelle attitude cela peut expliquer — selon Hegel — si ce n'est justifié ? • Pourquoi disons-nous, selon Hegel, « II en a été ainsi; c'est le destin; on n'y peut rien changer »? - Convient-il de distinguer entre : « pour la rendre supportable » et « pour nous arracher à son emprise »? • Y a-t-il contradiction entre la dernière phrase et le reste du texte ? (Cf.

« la question se pose nécessairement »). Importance de la notation : « dans la mesure où l'histoire nous apparaît pour...

»? • Quel est l'enjeu de ce texte ? Faire apparaître « la caducité en général et se lamenter » ? Justifier l'idée de « destin »? Justifier une position « égoïste » (ou « altruiste »)? Ou d'autre chose ? Qu'est-ce que Hegel veut faire apparaître ? • Sur quel(s) présupposé(s) surgit sa question fondamentale ? • En quoi ce texte présente-t-il un intérêt philosophique ? Avez-vous compris l'essentiel ? 1 Les malheurs dont l'histoire est remplie sont-ils le fait de la fatalité ? 2 Au cours de l'histoire, que deviennent les valeurs morales : l'amour, le bien, la justice ou autre ? 3 Pouvons-nous agir pour changer le cours de l'histoire ? Réponses: 1 - Non, il ne s'agit nullement d'une fatalité, ni d'une nécessité naturelle ; c'est l'action des hommes qui en est responsable. 2 - Elles sont perpétuellement transgressées, bafouées, ce qui suscite l'indignation.

3-Sans doute, puisque ce sont bien les hommes qui agissent dans l'histoire. Cependant, la réaction la plus courante consiste à se désintéresser de ces questions en se repliant sur une pratique purement privée. QUESTIONNAIRE INDICATIF • Quelle est la fonction du premier paragraphe ? - Quelle attitude cela peut expliquer — selon Hegel — si ce n'est justifié ? • Pourquoi disons-nous, selon Hegel, « II en a été ainsi; c'est le destin; on n'y peut rien changer »? - Convient-il de distinguer entre : « pour la rendre supportable » et « pour nous arracher à son emprise »? • Y a-t-il contradiction entre la dernière phrase et le reste du texte ? (Cf.

« la question se pose nécessairement »). Importance de la notation : « dans la mesure où l'histoire nous apparaît pour...

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