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L'homme est-il le produit de son histoire ?

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« On peut distinguer produit et auteur : à la question :"L'homme est-il le produit de son histoire ?", on pourrait opposer la question : "L'homme ne produit-il pas son histoire ?" En effet, l'homme peut aussi apparaître comme auteur de son histoire ; cette histoire, c'est lui qui la fait, à travers ses actes.

À quel problème majeur renvoie cette double perspective ? Il faut s'interroger sur la liberté : la question est de savoir si les actes humains qui font l'histoire sont libres ou déterminés.

Si l'homme est le produit de son histoire, alors l'homme est déterminé par celle-ci : le passé détermine le présent, est cause du présent.

Cette détermination, n'est-ce pas justement ce que certains historiens essayent de penser en établissant des chaînes causales pour expliquer les événements historiques ? Mais une telle explication peut-elle rendre compte de tous les actes humains ? Est-elle suffisante ? Au contraire, si c'est l'homme qui produit son histoire, il est libre, et l'avenir reste ouvert.

En outre, le terme "homme" peut renvoyer aussi bien à l'individu qu'à l'espèce humaine.

La question vaut donc autant pour l'histoire de l'humanité que pour l'histoire d'un individu, sa vie : la psychanalyse n'essayet- elle pas de mettre au jour les déterminations de l'enfance dans la vie de l'individu ? Mais cette détermination psychique est-elle indépassable ? Si l'enfance "produit" l'individu, celui-ci ne peut-il pas espérer, par la psychanalyse, redevenir auteur conscient de son existence ? La question « D'où venons nous ? » n'est pas si bête qu'elle en â l'air, car à cette origine la nature de notre être est suspendue. « L'homme » peut signifier l'homme en général, l'humanité ou bien l'individu singulier.

Au premier sens, « son histoire » signifie l'Histoire universelle, ou du moins l'histoire de la société dont l'homme fait partie ; au second sens, « son histoire » équivaut à « sa vie », « son existence ».

Si l'homme est le produit de son histoire, alors il est ce qu'il est devenu, si l'homme n'est pas le produit de son histoire, alors il est devenu ce qu'il est. 1.

L'HOMME N'EST PAS LE PRODUIT DE SON HISTOIRE Deux hypothèses constituent le contenu de cette antithèse : Dieu et la nature. A - L'hypothèse créationniste • Les religions créationnistes, en n'acceptant qu'un seul Dieu, lui ont par là même accordé un pouvoir infini : la création est le premier signe de ce pouvoir infini.

Le judaïsme, le christianisme et l'islam voient dans l'homme le produit d'un acte divin souverainement libre. La fameuse phrase de la Bible : « Dieu créa l'homme à son image » peut être interprétée en deux sens à sa ressemblance (mais le monothéisme récuse un tel anthropomorphisme) et à son idée.

C'est ce dernier sens qui fut le plus souvent retenu. B - L'homme, fils de la nature • Toutes les religions qui ont précédé les monothéismes ont fait de la Nature la mère de l'homme (il en reste une trace dans la Bible puisque Dieu souffle sur un morceau d'argile). • Le matérialisme et la science moderne font bien de l'homme le produit de la nature, mais celle-ci est démythologisée : elle n'est plus la Mère universelle, religieusement crainte et vénérée, mais le mot commode pour désigner l'ensemble des phénomènes en tant qu'ils sont soumis à des lois.

Ainsi la théorie évolutionniste replace-t-elle l'être humain dans le cadre gigantesque d'un processus qui a pris naissance avec la Terre, voici plus de quatre milliards d'années, et, au-delà, avec l'origine même de l'univers (il y a quinze milliards d'années). 2.

L'HOMME EST LE PRODUIT DE SON HISTOIRE A - L'individu • On ne naît pas avare ni timide, on le devient.

Le titre d'un film récent - Tueurs nés - est absurde : on n'a jamais vu un bébé sorti du ventre de sa mère une mitraillette à la main.

Simone de Beauvoir est même allée jusqu'à dire qu'on ne naît pas femme, mais qu'on le devient.

Le milieu social et culturel, l'éducation de la famille, l'instruction scolaire, les fréquentations, les loisirs, les hasards sont les facteurs qui forgent telle ou telle personnalité. B - L'homme générique • Il n'est pas vrai que l'homme ne change jamais ; comment, sinon expliquer que nous ayons de si grandes difficultés à comprendre le comportement de nos ancêtres ? « Nous sommes les fils de notre temps plutôt que ceux de notre père », dit un dicton arabe - et notre temps est en grande partie la résultante de ce qui le précède.

À la différence des animaux, l'homme n'a pas d'instinct pour le déterminer à tel type exclusif de comportement. • Une conciliation est possible : l'homme peut être dit le produit de son histoire à partir d'éléments qui, eux, ne sont pas le produit de son histoire.

Cette synthèse est celle-là même qui en définit le concept de transcendantal chez Kant : pour Kant, en effet, toute connaissance commence avec l'expérience.

Mais les conditions de l'expérience ne sont pas, elles, empiriques, elles sont a priori.

De même, on n'apprend pas réellement à parler ou à penser : ce sont là des bases qui échappent à l'acquis.

De même, si l'homme est ce qu'il s'est fait, il s'est fait à partir de données (son corps, son système nerveux, son environnement terrestre) qu'il n'a pas lui-même construites.. »

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