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L'histoire se répète-t-elle ?

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« es passions sont le ressort de l'action humaine : qui nierait, par exemple, le rôle joué par l'ambition dans l'assassinat de César? Or ces passions ne sont-elles pas toujours identiques à elles-mêmes, vouant l'histoire à la répétition? Cependant, si le présent est semblable au passé, on ne voit pas ce qui pourrait justifier l'emploi du mot «histoire» l'homme serait semblable à Sisyphe, condamné à rouler indéfiniment son rocher au sommet de la montagne, avant de le voir à nouveau dévaler la pente.

Il serait un personnage de mythe, mais serait-il un homme? 1.

Les formes de la répétition Le tableau que présente l'histoire entendue comme l'ensemble des événements vécus par les hommes au fil du temps ne constitue pas un spectacle réjouissant.

Si les civilisations connaissent des périodes de prospérité, les guerres et la misère affligent une partie de l'humanité.

Il semblerait même que ces dépressions se répètent : la «Seconde» Guerre mondiale ne doit-elle pas son nom au fait qu'elle ressemble à la «Première »? Et, plus encore, toute guerre - par son lot de malheurs - ne ressemble-t-elle pas a priori à toute autre? Il y a donc bien une forme de répétition dans le sentiment subjectif de ceux qui subissent l'histoire. De plus, si nous prenons une vue abstraite sur l'histoire de l'humanité, nous pouvons aligner les dates sur un axe : chaque événement y a sa place, sans chevauchements ni retours en arrière.

Mais pour bien des acteurs, le lien au passé est un lien vivant : pour certains révolutionnaires de 1789, la Rome antique était présente, et revivait en eux. Cette identification à des figures du passé n'est-elle pas due à la confusion entre l'histoire et le mythe? 11.

Temps mythique, temps historique Le mythe prend appui sur une temporalité cyclique qui rend improbable l'émergence d'un événement perturbateur, lequel ferait bifurquer l'homme sur une voie nouvelle que personne ne peut anticiper.

Mircea Eliade montre, dans Le Mythe de l'éternel retour, que certaines sociétés traditionnelles interprètent les actions humaines en référence à un mythe des origines, comme s'il s'agissait de nier le temps, la nouveauté; les sociétés historiques, elles, admettent de se confronter à des événements singuliers, sans modèle préconçu. On considère aujourd'hui que notre conscience de l'histoire s'est constituée comme une laïcisation d'une conception religieuse du temps qui était déjà en rupture avec la répétition du mythe.

Saint Augustin avait ainsi écrit, dans La Cité de Dieu, XII, 21 : « Voilà donc bannis ces circuits qui contraignaient à un fatal retour aux mêmes misères.

Dès lors, quoi de plus conforme à la piété que de croire qu'il n'est pas impossible à Dieu [...] de faire des choses nouvelles.» La croyance en une providence divine a ensuite cédé sa place à la croyance au progrès de l'humanité. L'homme historique croit dans sa capacité à secouer le joug de tout destin, de tout cycle répétitif.

Il construit sa propre histoire, car il ne lui est pas impossible de faire des choses nouvelles. 111.

Le progrès ou la rupture • L'histoire peut être conçue comme un progrès linéaire : «Toute la suite des hommes, pendant le cours de tous les siècles, doit être considérée comme un même homme qui subsiste toujours et qui apprend continuellement» (Pascal, Préface pour un traité du vide, 1651).

Le présent n'est alors qu'un passage dans une progression continue du passé au futur.

Il existe aussi des moments-clés où les acteurs comme les spectateurs ont le sentiment d'une véritable rupture.

C'est là la caractéristique de l'événement, qui brise la continuité du temps, y compris celle du progrès. • L'histoire, c'est le changement et même Fernand Braudel, le grand historien de la longue durée et des rythmes quasi immobiles à l'oeuvre sous les grands événements retentissants, écrivait : «toute longue durée se brise un jour ou l'autre, jamais d'un seul coup, jamais dans sa totalité, mais des cassures interviennent» (Civilisation matérielle, économie et capitalisme, tome II).

C'est par là que l'histoire est bien l'histoire des hommes dans sa contingence (on appelle contingent ce qui pourrait être autre qu'il n'est).

Opposée à l'histoire, la nécessité serait, soit celle de cycles naturels, soit celle d'un récit déjà écrit qui soumet l'histoire à une forme de providence, dont le progrès n'est qu'une variante. >>> SECONDE CORRECTION DE CE MEME SUJET: http://www.devoir-de-philosophie.com/passup-corriges5914.html. »

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