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L'expérience instruit-elle ?

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« Analyse du sujet Partie du programme abordée : Théorie et expérience. Analyse du sujet : Le sujet peut être pris à différents niveaux : celui de la pédagogie et de l'expérience individuelle formatrice de la personnalité ; la question est alors celle de la valeur de l'expérience comme savoir Mais aussi, éventuellement, à un niveau plus métaphysique : l'expérience peut-elle se produire en dehors d'un champ du savoir déjà balisé et structuré parla nature de l'homme elle-même ? Conseils pratiques : Attachez-vous à bien délimiter le concept d'instruction (par rapport à éducation, par exemple), et celui d'expérience.

Demandez-vous si la simple instruction par l'expérience est nécessaire, ou suffisante, etc. INTRODUCTION Le langage quotidien abonde en expressions vantant les apports de l'expérience ou supposant qu'elle apporte à un sujet des connaissances utiles.

Mais on prendra garde que le terme même d'« expérience » est ambigu, puisqu'il désigne indifféremment le vécu immédiat ou le montage scientifique. I.

L'EXPÉRIENCE QUOTIDIENNE On appelle homme d'expérience celui qui a beaucoup vécu et se serait instruit au contact de réalités diverses.

Ce que cet homme sait d'expérience, ce qu'il sait pour l'avoir éprouvé, vaudrait plus que toute théorie.

L'habitude, comme fruit de l'expérience, serait même comme l'affirme Hume «le grand guide de la vie humaine».

Une telle conception oublie que l'habitude n'engendre le plus souvent que des préjugés.

Or rien n'est plus éblouissant qu'un préjugé.

Il arrive donc fort fréquemment que l'éclat de la vérité ne soit que la patine du temps et que notre certitude ne soit pas le fait de la raison mais simplement l'éloquence de nos désirs. Sur le plan de l'action, les situations que nous rencontrons sont parfois si singulières et complexes que les leçons du passé ne servent à rien sans la capacité d'analyser rapidement les données du problème.

Sur le plan de la spéculation, on peut même soutenir, avec Descartes, que les leçons de la vie ne sont d'aucun secours.

Le voyageur égaré dans la forêt qui hésite sur la direction à suivre doit prendre des décisions qui lui permettront de sortir de son état de doute.

La loi de l'action est d'être raisonnable quand elle ne peut être rationnelle.

Ce qui est raisonnable c'est de ne pas hésiter perpétuellement sur la direction à prendre, même si un choix irrationnel met fin à la délibération. Aussi Descartes conseille-t-il au voyageur égaré de marcher le plus droit qu'il peut vers un même côté car arriver quelque part est mieux que piétiner sur place.

En revanche, l'esprit en quête de vérité doit provoquer des raisons de douter et se méfier de la séduction du probable car il peut arriver que ce qui nous paraît probable et même très probable soit faux et que ce qui est vrai ne nous paraisse pas probable. — Il faut, assure-t-on, «acquérir de l'expérience » pour atteindre une certaine maturité, savoir se conduire, effectuer des choix judicieux, etc.

Que peut nous apporter l'expérience ainsi acquise au quotidien? — Elle se présente spontanément au sujet, qui la «reçoit»: il reste passif, et interprète ce qu'il voit ou éprouve en fonction de sa propre subjectivité. — Dans ces conditions, et qu'elle soit « heureuse » ou «malheureuse», l'expérience quotidienne ne peut avoir de sens que par rapport aux normes ou valeurs que le sujet possédait déjà.

Elle s'inscrit dans un parcours singulier — d'où, dans la façon dont elle est rapportée, l'insistance fréquente sur son caractère exceptionnel, et l'attention au détail «significatif». — L'accumulation de telles expériences apprend, dit-on, « à vivre».

Elle serait donc orientée vers l'acquisition d'une « sagesse » — au sens populaire — et non d'un savoir théorique.

Ce qui lui interdit d'accéder à ce dernier, c'est précisément sa singularité — le savoir exigeant au contraire l'universalité.

C'est aussi bien la dimension purement sensible, empirique, ou affective, alors que, pour qu'il y ait savoir, il faut des concepts et une élaboration abstraite. II.

L'EXPÉRIENCE SCIENTIFIQUE — On rappelle son analyse classique (cf.

C.

Bernard). — Principe : elle s'inscrit dans un raisonnement qui se subdivise en trois moments : • observation (non innocente); • formulation d'une hypothèse; • montage expérimental vérifiant ou infirmant l'hypothèse. — Dans un tel raisonnement, l'esprit, loin d'attendre que l'expérience se manifeste spontanément (accidentellement) domine tous ses éléments et la provoque.

Il est donc actif, par opposition à sa passivité relativement à l'expérience au premier sens. L'expérience immédiate comme obstacle.. »

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