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L'existence de la matière suffi-elle à rendre compte de l'existence de la pensée?

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« Remarque d'introduction : · La formulation du sujet est du type « X suffit-il à rendre compte de Y » ; autrement dit, ne pouvonsnous connaître Y que si et seulement si nous connaissons d'abord X ? · La difficulté vient du fait que X et Y sont ici « l'existence de la matière » et de l'autre, « l'existence de la pensée », soit deux ordres distincts aux propriétés distinctes. Ø En effet, est matériel, ce qui est étendu (ou occupe un certain espace), sensible (ou perceptible), qui obéit globalement au régime de la causalité.

Matériel = objectif et physique. Ø Au contraire, ce qui relève de la pensée, est spirituel, n'est observable que d'un point de vue individuel (personne ne peut dire pour moi à quoi ou à qui je pense à tel instant), n'est ni spatial, ni étendu (je ne peux pas dénombrer les feuilles de l'arbre que j'imagine comme je le ferais de cet arbre que je regarde).

Pensée = subjectif et mental. · Cependant, le présupposé du sujet indique que ces 2 ordres ne sont pas opposés : on peut partir de la matière pou rendre compte de la pensée (Cf.

l'entreprise actuelle des Neurosciences : le cerveau est un dispositif matériel à partir duquel on peut rendre compte des phénomènes mentaux). · Il faut donc discuter ce présupposé et examiner dans quelle mesure il est tenable : l'existence de la pensée est-elle exclusivement fondée sur l'existence de la matière ? [une fois de plus, elle l'est (= présupposé) mais tout le problème est de savoir si la matière est le seul fondement, si elle suffit] · Enjeu : comment concevoir la nature humaine (l'homme = système matériel et/ou autre chose ?) Problématique : Les neurosciences contemporaines définissent la pensée comme une propriété émergente de certains processus cérébraux, et donc matériels.

Mais, si matière et esprit sont bien 2 ordres distincts aux propriétés distinctes, ne risque-t-on pas de manquer ce qui fait la spécificité des phénomènes mentaux ? L'existence de la matière suffit-elle à rendre compte de l'existence de la pensée ou bien, peut-on poser qu'une partie de la pensée est irréductible à la matière ? 1- L'EXISTENCE DE LA MATIÈRE NE SUFFIT PAS À RENDRE COMPTE DE L'EXISTENCE DE LA PENSÉE : a) La matière n'explique pas l'autonomie de la réflexion Dans les années 1970, un chercheur américain, Benjamin Libet a réalisé une expérience qui met à mal les postulats matérialistes en prouvant leur insuffisance à rendre compte de la « volition » (fait de vouloir ou de se décider librement à faire ou ne pas faire quelque chose).

Pour Libet, il apparaît à l'issue de cette expérience que de l'immatériel influe sur la matière.

Quelle est cette expérience ? Il demande à un sujet d'appuyer quand bon lui semble sur un bouton.

.

Il constate alors, que sur son électroencéphalogramme, le potentiel évoqué commence à monter une seconde avant que le sujet appuie, atteignant son sommet au moment précis où le sujet actionne le bouton.

Ainsi les neurones, une seconde avant, déterminent la pression du bouton : c'est sous l'effet de leur activité que la main du sujet se met en mouvement.

Cependant, Libet observe aussi des tracés qui, 0,2 secondes avant d'atteindre leur sommet s'interrompent brutalement.

Que s'est-il passé ? Le sujet déclare : « j'ai failli appuyer, et finalement, j'ai décidé de ne pas le faire ».

Pour Libet, « il y a un opérateur qui n'est pas réductible aux neurones », qui n'est donc pas matériel. b) L'esprit peut se connaître sans le corps Avec l'expérience mentionnée, on est reconduit au dualisme cartésien qui affirme que, de droit, le corps, en tant que substance étendue, est une entité radicalement hétérogène à l'âme : le corps ne pense pas et l'âme n'a pas besoin du corps pour penser [voir le parcours de la 2 ème méditation des Méditations métaphysiques].

Par conséquent, l'existence de la matière ne suffit pas à rendre compte de l'existence de la pensée : définir celle-ci en termes matérialistes, c'est manquer ce qui la définit : l'autonomie ou capacité réflexive.

Qu'est-ce que cela signifie ? Ainsi, à cause que nos sens nous trompent quelquefois, je voulus supposer qu'il n'y avait aucune chose qui fût telle qu'ils nous la font imaginer ; et pour ce qu'il y a des hommes qui se méprennent en raisonnant, même touchant les plus simples matières de géométrie, et y font des paralogismes, jugeant que j'étais sujet à faillir autant qu'aucun autre, je rejetai comme fausses toutes les raisons que j'avais prises auparavant pour démonstrations ; et enfin considérant que toutes les mêmes pensées que nous avons, étant éveillés, nous peuvent aussi venir quand nous dormons sans qu'il y en ait aucune pour lors qui soit vraie, je me résolus de feindre que toutes les choses qui m'étaient jamais entrées en l'esprit n'étaient non plus vraies que les illusions de mes songes.

Mais aussitôt après je pris garde que, pendant que je voulais ainsi penser que tout était faux, il fallait nécessairement que moi qui le pensais fusse quelque chose ; et remarquant que cette vérité : je pense, donc je suis, était si ferme et si assurée que toutes les plus extravagantes suppositions des Sceptiques n'étaient pas capables de l'ébranler, je jugeais que je pouvais la recevoir sans scrupule pour le premier principe de la Philosophie que je cherchais. Puis examinant avec attention ce que j'étais, et voyant que je pouvais feindre que je n'avais aucun corps,. »

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