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L'émotion chez Sartre

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L'émotion chez Sartre

« L'émotion chez Sartre Armé d'une méthode — la phénoménologie —, Sartre s'attaque à un problème habituellement traité par la psychologie : l'émotion. Qu'est-ce que l'émotion ? Critiquant les perspectives classiques, Sartre considère l'ensemble de la vie psychique, non comme une donnée plus ou moins naturelle, déterminée une fois pour toute, ou « causée » par l'environnement, mais comme une construction de soi relative au choix que nous faisons de nous-mêmes.

Chaque émotion est un événement pour la conscience.

Mais au lieu de le décrire comme l'expression d'une nature, d'un tempérament ou d'une personnalité propre à chacun, Sartre redescend au niveau de l'origine vécue de chaque émotion, et découvre à chaque fois un authentique « choix d'être », c'est-à-dire une liberté se réalisant par l'émotion. C'est l'objet de son Esquisse d'une théorie des émotions (1939). Une activité du sujet Classiquement, les psychologues interprètent l'émotion de trois manières : les réactions physiologiques, les conduites objectives, « l'état de conscience » lui-même, en privilégiant l'une de ces causes au détriment des deux autres. Sartre considère l'émotion comme une activité du sujet sur lui-même, d'où le rôle constitutif, et non seulement réceptif ou passif de la conscience.

À l'aide d'une série d'exemples, il dévoile la liberté, là où, par habitude, nous ne voyons qu'une conduite naturelle.

Ainsi, la colère serait incompréhensible sans une manière pour chacun de réagir en agissant sur soi pour signifier à Autrui le sens de cette attitude : se mettre en colère, cela indique un certain choix de soi-même, ainsi que la possibilité, à un certain moment, de réagir autrement. Pareillement, la tristesse et la joie ne sont des états qui nous submergent que dans la mesure où nous les réactivons, nous les accompagnons. L'évanouissement : une fuite... D'une certaine façon, et sans pour autant tout comprendre ou tout maîtriser de nous-mêmes, nous sommes les acteurs et les auteurs de nos propres émotions, dans la mesure où elles ne sont jamais des fatalités, mais des réactions supposant toujours une activité de la conscience. Cette activité est une interprétation qui suppose toujours, à un degré variable, une certaine manière de se choisir dans telle ou telle situation.

Même l'évanouissement relève d'une négation du monde tel qu'il se présente et dont nous décidons qu'il est insupportable ! « Soit par exemple la peur passive.

Je vois venir vers moi une bête féroce, mes jambes se dérobent sous moi, mon cœur bat plus faiblement, je pâlis, je tombe et je m'évanouis.

Rien ne semble moins adapté que cette conduite d'évasion.

L'évanouissement ici est un refuge ».

Sartre, Esquisse d'une théorie des émotions, 1938. L'émotion et la liberté Sartre démontre que loin de pouvoir expliquer l'origine et le fonctionnement des émotions, la psychologie classique suppose un déterminisme qui ne suffit pas à en rendre compte.

Il faut partir du vécu de l'émotion pour découvrir en elle la trace de la liberté humaine.

L'existentialisme sartrien apparaît donc, dès le début, tourné vers une restitution des droits et des pouvoirs de la conscience humaine, y compris en ce qui concerne des attitudes et des comportements pour lesquels on ne parle pas habituellement de liberté.. »

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