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Le pouvoir que nous avons sur la nature repose-t-il sur la connaissance de ce qu'elle est ?

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« introduction Aucun pouvoir ne semble être plus évident, voire légitime que celui de l'homme sur la nature.

N'est-ce pas en effet grâce au formidable essor des sciences et de la technique, révélatrices de l'intelligence humaine, que nous conquérons chaque jour davantage de maîtrise sur le monde qui nous entoure et sur nous-même ? Cependant, l'éventuelle approbation du fait de ce pouvoir ne nous dispense pas d'en interroger le fondement.

Sur quoi repose-t-il et, surtout, sur quoi devrait-il être fondé pour pouvoir être approuvé en droit, pour pouvoir être considéré comme légitime ? Si un pouvoir aveugle n'est pas un pouvoir humain, comment faire en sorte de l'éclairer ? La connaissance de « ce qu'est » la nature peut, voire doit-elle, fonder notre aptitude à la transformer, voire à la maîtriser ? Par-delà ce questionnement, c'est le rapport que l'homme en tant qu'homme entretient avec la nature qui est en jeu. 1.

La volonté d'appropriation et de maîtrise de la nature prend dans les faits le pas sur le désir de la connaître 1.

Au nom de la satisfaction de ses besoins élémentaires (manger, se vêtir, se loger...) et de ses intérêts économiques (posséder), l'homme s'octroie le droit d'asservir la nature (la pierre, l'arbre, l'animal, ou encore l'autre homme).

Il postule en cela qu'il est au sommet de l'échelle naturelle, donc que ses intérêts prévalent sur ceux des autres (anthropocentrisme).

Et il est indifférent à la connaissance de la nature des êtres dont il se sert. 2.

La considération des moyens (comment ça marche ? à quoi ça sert ?) prend ainsi le pas sur l'examen des fins (est-ce légitime ?).

Ce qui compte, c'est d'être efficace et rentable, mais non de connaître pour éventuellement respecter (cf.

la critique de cet « impératif de l'habileté » chez Hans Jonas, et l' « impératif catégorique » chez Kant). KANT : le devoir comme impératif catégorique Selon Kant, la volonté n'obéit pas toujours naturellement à la raison.

Dans ce cas la raison exerce une contrainte sur la volonté.

Cette contrainte s'appelle un impératif.

Les impératifs sont de deux sortes : — les impératifs hypothétiques expriment la nécessité pratique de certaines actions considérées non en elles-mêmes mais pour leurs résultats, c'est-à-dire comme des moyens subordonnés à une fin (par exemple, je dois prendre ce médicament pour guérir, si je veux guérir).

Les impératifs hypothétiques se rattachent à la prudence et visent le bonheur de l'individu ; — les impératifs catégoriques, en revanche, commandent les actions non pour leurs résultats, mais pour elles-mêmes.

Ils ordonnent sans condition et sont d'une évidence immédiate : dès qu'ils sont aperçus, la volonté sait qu'elle doit s'y soumettre.

En outre, étant indépendants de toute fin, les impératifs catégoriques s'imposeront à n'importe quelle volonté particulière.

Ils se caractérisent donc par leur universalité.

C'est pourquoi il n'y a au fond qu'un seul impératif catégorique d'où tous les impératifs du devoir peuvent être dérivés et que Kant énonce ainsi : « Agis uniquement d'après la maxime qui fait que tu peux vouloir en même temps qu'elle devienne une loi universelle ».

De cette formule, Kant en déduit trois autres : • « Agis comme si la maxime de ton action devait être érigée par ta volonté en loi universelle de la nature.

» • « Agis de telle sorte que tu traites l'humanité, aussi bien dans ta personne que dans la personne de tout autre, toujours en même temps comme une fin, et jamais simplement comme un moyen.

» • « Agis toujours de telle sorte que tu puisses te considérer comme législateur et comme sujet dans un règne des fins rendu possible par la liberté de la volonté.

» Or dans les faits comme en droit, une telle attitude ne peut que s'avérer préjudiciable à l'homme, ne serait-ce que parce qu'il asservit et détruit un milieu auquel lui-même appartient. II.

La connaissance seule est susceptible de fonder un pouvoir authentique sur la nature 1.

On ne peut prétendre agir sur la nature sans s'interroger au préalable sur la façon dont elle fonctionne et donc, aussi, sur les limites éventuelles de l'intervention recherchée (cf..

Descartes, et, plus largement, la thématique du déterminisme scientifique, qui montre que la connaissance des causes permet, et permet seule, de prédire les effets et d'agir sur eux). 2.

De façon générale, la connaissance adéquate des causes qui nous régissent (nature humaine y compris) permet de nous émanciper d'une conception illusoire vers une conception authentique de la liberté (cf..

Spinoza).

La connaissance de ce qu'est la nature fonde-t-elle alors toujours un pouvoir de maîtrise ? La véritable maîtrise de la nature ne présuppose-t-elle pas la maîtrise de soi, donc, parfois, la renonciation à transformer et à asservir la nature ?. »

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