Le langage : Un instrument de pouvoir ?
Extrait du document
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Définition des termes du sujet:
INSTRUMENT:
* Objet fabriqué servant à un travail, à une opération : Instrument aratoire.
Instrument de mesure, de travail.
* Personne ou chose par l'intermédiaire de laquelle est obtenu un résultat quelconque.
Objet permettant de réaliser
une opération, appareil, outil.
LANGAGE : 1) Faculté de parler ou d'utiliser une langue.
2) Tout système de signes, tout système signifiant,
toute communication par signes (verbaux ou non verbaux).
Le langage désigne aussi la totalité des langues
humaines.
POUVOIR:
Du latin populaire potere, réfection du latin classique posse, «être capable de ».
1° Verbe : avoir la possibilité, la faculté de.
2° Avoir le droit, l'autorisation de.
3° Nom : puissance, aptitude à agir.
4° En politique, ressource qui permet à quelqu'un d'imposer sa volonté à un autre, autorité.
5° Employé seul (le
pouvoir), les institutions exerçant l'autorité politique, le gouvernement de l'État.
La puissance du langage
• La psychanalyse est une cure par la parole*, renouant avec l'idée archaïque d'une efficacité réel-le du langage.
On retrouve dans le récit biblique l'idée d'une création du monde par le verbe.
• L'existence de l'hystérie force à considérer le problème : soit une patiente dont la main est paralysée ; elle a voulu
gifler son enfant et s'en rend coupable à travers sa paralysie qui n'atteint pas l'épaule restée libre.
Cette paralysie,
paradoxale au regard de l'anatomie, ne l'est plus au regard du langage : ce n'est pas une maladie du bras, mais une
maladie du signifiant « bras ».
Le désir entrecroise l'ordre du corps et l'ordre du langage.
Pouvoir du langage et langage du pouvoir
Puisqu'il a pour fonction essentielle l'expression de la pensée et la communication entre les hommes, il est clair que
le langage joue un rôle éminent dans les phénomènes de pouvoir.
Il permet ou facilite l'action; il l'interdit ou la
sanctionne; le droit se dit et s'écrit et ceux qui dirigent la Cité exercent leur fonction par l'intermédiaire du langage,
tout comme ils sont attentifs à en capter les signes.
Dans toutes les sociétés, les titulaires du pouvoir ont possédé la maîtrise du langage ou des langages
propres à orienter l'action d'autrui.
Ceux-là sont détenteurs de ce "maître-mot" que Kipling attribuait dans la
jungle à l'enflant démuni mais qui finirait par s'emparer de la fleur rouge.
Prêtres et scribes, pontifes et rois, légistes
et avocats, journalistes et hommes des médias connaissent tour à tour cette puissance.
L'agora d'Athènes était le
lieu de disputes, de collusions oratoires.
De même, Dieu se manifeste
par cet acte de langage: " Au
commencement était le Verbe" disait déjà Saint-Jean.
Dans les sociétés complexes, le langage est l'expression du pouvoir.
A tel point que le fait de nommer, de
qualifier un Pouvoir, lui donne sa cohérence, sinon son existence: qui dit monarchie se met en mesure d'élaborer le
système monarchique, formule la série des concepts qui se trouvent mis dans la langue.
Toutes les institutions majeures ont pour rôle de tester et d'élaborer le langage du Pouvoir.
L'un des
privilèges les plus incontestables du milieu dirigeant est précisément de conserver la langue.
Le langage de la culture
se confond avec celui de la classe dirigeante.
Les faits langagiers montrent la capacité "performative" des classes
dirigeantes.
Et, le propre de ces dernières est d'éviter ou d'intégrer la "gheottisation" du langage: culture jeune (BD,
musique, expressions "branchées"...).
Dès lors, si le pouvoir manifeste son emprise sur le langage, ce dernier à son
tour influence le Pouvoir, à tel point que l'évolution des phénomènes langagiers a une signification historique et
politique considérable: l'invasion du franglais traduit ainsi notre infériorité à l'égard de l'Amérique anglophone, lorsque
la France était puissante, on parlait français à Saint-Pétersbourg.
De même, à la limite, on obtient le phénomène de
la langue de bois qui est une conséquence de la glaciation du langage et/ou de la glaciation du Pouvoir.
Aussi, il faut bien qu'un jour, change ce langage jugé rétrograde.
Et, la révolution se manifeste aussi par un acte de
langage.
La prise du pouvoir ne s'accompagne pas par hasard de déclarations solennelles, de thèses ou de
profession de foi.
En bref, on peut dire que le rêve de puissance est un rêve de langage.
Il fonde et manifeste le Pouvoir et
celui-ci s'exerce par celui-la.
Le langage contre le pouvoir
• D'où l'importance politique du langage : on agit sur les hommes par des mots.
Inversement, le langage permet une
résistance au pouvoir, précisément parce qu'il n'est pas un simple signal à décoder, comme le serait le langage des
abeilles.
Si une phrase possède un sens, ce sens peut devenir l'objet d'une seconde phrase qui répond à la première,
ce qui fait qu'un dialogue est inscrit au moins virtuellement dans tout acte de parole.
Un pouvoir devient totalitaire.
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