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Le langage n'est-il qu'un instrument de communication ?

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o Un instrument permet de mener à bien un projet : le langage est-il obligatoirement sous la dépendance d'un tel élément antérieur? (et quel pourrait être ce dernier ?). o Ne pas être obsédé par la fonction de communication du langage. Essayer de repérer des domaines où le langage communique peu, ou pas tout de suite... o Instrument de la pensée ? Mais y a-t-il possibilité de penser sans langage ?

« Réagir • Un instrument permet de mener à bien un projet : le langage est-il obligatoirement sous la dépendance d'un tel élément antérieur? (et quel pourrait être ce dernier ?). • Ne pas être obsédé par la fonction de communication du langage.

Essayer de repérer des domaines où le langage communique peu, ou pas tout de suite... • Instrument de la pensée ? Mais y a-t-il possibilité de penser sans langage ? Directions de recherche 1 — Analyse de situations où le langage intervient pour son intérêt instrumental ou ustensilaire : la communication quotidienne et efficace (« Passe-moi le sel »), les rapports de hiérarchie où des ordres circulent immédiatement... (on peut emprunter partiellement au texte de Bergson ci-dessus). 2 — Mais les rapports entre le langage et le message sont plus subtils que ceux qui existeraient entre un contenu et un simple instrument de transmission de ce dernier : — la forme du message peut en modifier le sens (intonations, formes grammaticales plus ou moins banales ou recherchées, style : que devient une commande de charcuterie sussurée avec douceur et en alexandrins ?) ; — apprendre un mot de plus, c'est introduire une distinction supplémentaire dans le « réel » qui m'entoure (cf. Mounin : la forêt n'est pas décrite, ou vécue au cours d'une promenade, de la même façon par un botaniste et par un enfant, parce que les mots opèrent un découpage du monde, et sa mise à notre portée) ; — c'est le langage qui forme la pensée, contrairement à ce qu'affirme volontiers l'opinion, toujours prête à admettre une pensée antérieure au langage, qui trouverait dans les mots un simple véhicule ou moyen d'extériorisation.

Cf. Platon : la pensée intérieure comme dialogue avec soi-même, c'est-à-dire circulation de langage dans un espace interne, ou Hegel, qui a bien montré que la « mise en mots » est le seul moyen de donner à la pensée une forme stricte et sérieuse.

Donc, pas d'antériorité de la pensée sur le langage ; bien plutôt (sur le plan biographique) celle de l'acquisition du langage sur la capacité de penser, et ensuite des relations dialectiques. 3 — Dans les fonctions du langage telles que les isolent les linguistes (cf.

Jakobson), la fonction poétique ou esthétique inverse le rapport ustensilaire entre signifiant et signifié : là où il y a littérature, ou poésie, la communication peut être suspendue, ou laisser place à l'énigme (Mallarmé).

Dans ce cas, il n'y a plus, à strictement parler, d'intention de dire (cf.

Robbe-Grillet : « le véritable écrivain est celui qui n'a rien à dire »), mais il y a recherche sur des formes nouvelles, et c'est à partir de ces formes, de ces dispositions inattendues d'éléments du langage commun, que de nouveaux sens pourront se former éventuellement.

Au lieu de demeurer un instrument de communication, le langage devient pour l'écrivain un matériau à travailler en lui-même, au même titre que le marbre pour le sculpteur ou la couleur pour le peintre (cf.

Barthes : différence entre l'écrivain et l'écrivant).

On peut donc démontrer aisément que le caractère instrumental n'est qu'un aspect du langage, et pas nécessairement le plus fécond, même s'il est statistiquement le plus fréquent ou le plus immédiatement utile. Lectures • G.

Mounin, Clefs pour la linguistique. • Barthes, Essais critiques.. »

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